Lumière Turquoise est la publication bimestrielle du SER d'Ankara

En ce début d’année, l’économie turque présente un profil bien différent de celui qu’elle affichait il y a quelques mois. L’activité économique accélère (p. 2), le processus de normalisation de la croissance du crédit est engagé, les investisseurs reprennent peu à peu confiance dans l’économie et un plan permettant un allégement progressif des restrictions liées au COVID pourrait être prochainement annoncé. Les stigmates de la crise et de la pandémie sont néanmoins toujours bien présents. La persistance de déséquilibres macroéconomiques et les besoins en financement externes du pays continuent de générer des fluctuations importantes du taux de change à la moindre rumeur. La forte dégradation du marché du travail (p. 7) demande la poursuite d’un soutien budgétaire bien ciblé (p. 5) pour garantir des ressources à une population très affectée par la hausse du chômage.
 
Les bons résultats des exportations françaises (+6% par rapport à 2019) sur le marché turc en 2020 (p. 22), dans un contexte pourtant très concurrentiel (p. 13), méritent d’être relevés. Cependant, malgré une réduction de moitié du déficit commercial de la France avec la Turquie, celui-ci demeure très élevé (1,5 Md €) et largement lié à des éléments structurels. Une nécessaire diversification des domaines d’échange et un élargissement de la base d’exportateurs sur cet important marché est nécessaire.
 
En Azerbaïdjan, l’une des toutes premières priorités est la reconstruction des districts recouvrés à la suite de la guerre de l’automne dernier (p. 21), chantier qui s’annonce gigantesque compte tenu des besoins en infrastructures et de la nécessité de déminer au préalable ces territoires. Les autres grands dossiers sont la sortie de crise sanitaire à la faveur de la levée de la plupart des restrictions et du lancement de la campagne de vaccination il y a un mois, le développement de nouvelles voies de communication, en particulier vers la république autonome du Nakhitchevan et la valorisation du potentiel du pays en énergies renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolien).
 
Au Turkménistan, le défi de la diversification de l’économie se pose avec une acuité plus forte que jamais du fait de la réduction en 2020 des achats de gaz par la Chine, pays qui absorbe 90% des exportations turkmènes de gaz. Les autorités ont récemment annoncé un accord avec l’Azerbaïdjan sur le partage d’un gisement gazier en mer Caspienne qui ouvre potentiellement des perspectives de débouchés au gaz turkmène via les gazoducs azerbaidjanais. En parallèle, l’agriculture bénéficie d’un soutien renouvelé pour accélérer son développement alors que des pénuries alimentaires ont été constatées ces derniers mois.
 
En Géorgie, le rebond économique annoncé pour 2021 reste pour l’instant très incertain avec une chute du PIB de 11,5% sur un an en janvier alors que le pays s’apprête à rouvrir totalement son économie au mois de mars. La démission surprise du Premier ministre Guiorgui Gakharia en février, remplacé par l’ancien ministre de la Défense Irakli Garibachvili, réputé moins consensuel, a contribué à renforcer les tensions politiques avec l’opposition, le nouveau chef du gouvernement approuvant la décision de justice de procéder à l’arrestation du leader de l’opposition. Pour l’instant, cette crise politique qui dure depuis cinq mois n’a pas de conséquences sur l’économie, mais son prolongement dans la durée pourrait peser sur la mise en place des réformes et, in fine, sur l’attractivité du pays.