Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants :

- Régional : les startups africaines ont levé 701,5 MUSD, record pour l’année 2020 ; 

- Nigéria : la Banque centrale déconseille la mise en place d’un deuxième confinement ; les investissements directs à l’étranger chutent de 21% en 2020 ; les opérations financières des entreprises nigérianes s’élèvent à 4,3 Mds USD en 2020 ; l’Etat de Bauchi signe un MOU de 70 MUSD avec PowerDot pour la production d’électricité via l’incinération des déchets ; 

- Ghana : construction de deux lignes électriques par l’AFD grâce à un financement de l’UE ; les transactions bancaires par téléphone mobile en forte hausse en 2020.

Le chiffre de la semaine:

83%

C’est la part des revenus de l’Etat fédéral nigérian consacrée au service de la dette en 2020.

Source: Budget Office of the Federation

Régional

Les startups africaines ont levé 701,5 MUSD, record pour l’année 2020.

2020 a été une année record pour les levées de fonds des startups africaines du numérique. En effet, selon le rapport « Funding report 2020 - African Tech Stratups » de la plateforme Disrupt Africa, 397 startups du continent ont levé 701,5 MUSD en 2020. Le nombre de startups financées a ainsi augmenté de 27,7% par rapport à l’année précédente et le montant des investissements a progressé de 42,7%. Le nombre d’investisseurs atteint 370 et connaît une croissance de 68,4% par rapport à 2019. Le Kenya, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Egypte captent 89,2% des financements. Si le Nigéria est en tête en nombre de startups financées sur le continent (85), le Kenya est le pays ayant reçu le plus de fonds : 191,3 MUSD contre 150,4 MUSD pour le  Nigéria. Les startups offrant des services financiers digitaux (fintech) restent les plus plébiscitées par les investisseurs en captant 24,9% des fonds, suivis par le e-commerce (13,9%) et des technologies de la santé (13,9%). Les trois plus importantes levées du continent sont Vezeeta, startup égyptienne de e-santé (40 MUSD), la fintech nigériane Flutterwave (35 MUSD) et la plateforme de gestion B2B sud-africaine Skynamo (30 MUSD).

Nigéria

La Banque centrale déconseille la mise en place d’un deuxième confinement.

Lors du dernier comité de politique monétaire qui s’est tenu le 26 janvier, la Banque centrale a dissuadé le gouvernement contre la mise en place d’un deuxième confinement. Celle-ci a déclaré être consciente de la menace sanitaire que représente la deuxième vague de la Covid-19 que connaît le Nigéria mais elle met en garde contre un confinement qui nuirait à l’efficacité des mesures prises pour stimuler l’économie et mettrait ainsi en danger la reprise économique. L’institution monétaire préconise plutôt de prioriser l’acquisition et la distribution de vaccins. Elle entend par ailleurs intensifier ses efforts pour faciliter l’accès au crédit aux ménages et aux petites et moyennes entreprises. Elle espère ainsi relancer la consommation et la production industrielle afin de retrouver la croissance en 2021. Le total du crédit a d’ailleurs progressé de 3,2% entre fin novembre et fin décembre 2020 pour atteindre 66 Mds USD grâce notamment à la régulation imposant un minimum de 65% pour le ratio de crédits sur dépôts. La banque a néanmoins manifesté son inquiétude face à la hausse des prêts non performants dont le ratio est passé de 5,88% fin novembre à 6,01% fin décembre 2020, au-dessus de la limite fixée à 5%. Les instruments de politique monétaire, dont notamment le principal taux directeur (11,5%), restent inchangés.

 

Les investissements directs à l’étranger chutent de 21% en 2020.

Selon la CNUCED, les investissements directs à l’étranger (IDE) au Nigéria ont totalisé 2,6 Mds USD en 2020 alors qu’ils avaient atteint 3,3 Mds USD en 2019. Malgré cette chute de 21%, cela reste supérieur au niveau de 2018 lorsqu’ils n’avaient représenté que 2 Mds USD. Toujours d’après la CNUCED, ce recul s’expliquerait par l’impact économique de la pandémie qui a entraîné une chute des cours du pétrole et la fermeture de sites pétroliers du fait des restrictions sanitaires. Au niveau continental, la baisse des IDE est d’une ampleur similaire, ceux-ci étant passés de 46 Mds USD en 2019 à 38 Mds USD en 2020, soit -18%. Le Nigéria se classe deuxième toujours derrière l’Egypte, qui aurait attiré 5,5 Mds USD en 2020, mais devant l’Afrique du Sud (2,5 Mds USD).

Les opérations financières des entreprises nigérianes s’élèvent à 4,3 Mds USD en 2020.

Selon les données compilées par Nairametrics, 106 opérations financières ont été enregistrées par les entreprises nigérianes en 2020 pour un montant d’environ 4,3 Mds USD. Ce chiffre comprend à la fois les levées de fonds, les émissions d’actions et d’obligations, les rachats ainsi que les désinvestissements. Il regroupe toutes les transactions financières des startups jusqu’aux grands groupes au Nigéria au cours de l’année. Si les startups dominent dans les opérations en capital-investissement (equity), les grands groupes enregistrent davantage d’émissions publiques d’actions et obligations. Parmi les transactions majeures, Nigeria International Breweries a émis 165 Mds NGN d’obligations (433 MUSD)  en 2020, Dangote Cement 150 Mds NGN (394 MUSD) suivi par BUA Cement avec des émissions d’environ 100 Mds NGN (263 MUSD). En outre, MTN a levé 100 Mds NGN (263 MUSD) dans le cadre du programme Commercial Paper (« CP ») de la Banque centrale, plus grande émission de l’année. Dans le domaine du digital, l’acquisition de la startup de services financiers Paystack par l’américain Stripe pour 200 MUSD a été l’opération la plus importante de l’écosystème startup nigérian. Enfin, la plus grande levée de fonds en equity de startups concerne la fintech Flutterwave avec 35 MUSD.

L’Etat de Bauchi signe un MOU de 70 MUSD avec PowerDot pour la production d’électricité via l’incinération des déchets.

L’Etat de Bauchi a signé un protocole d’accord de 70 MUSD avec l’entreprise britannique PowerDot pour la création d’une centrale électrique fonctionnant par incinération de déchets et capable de produire 10 MW d’électricité continue sur le réseau national. Le gouverneur de Bauchi, Bala Mohammed, a signé l’accord avec l’objectif de dynamiser le secteur industriel, créer de l’emploi et apporter des solutions face à l’accumulation de déchets et les fréquentes coupures d’électricité. La centrale est prévue pour être opérationnelle en mars 2022. L’entreprise PowerDot dont le siège est à Londres, est spécialisée dans la transformation des déchets en électricité. Les centrales incinératrices sont destinées aux pays en développement cumulant deux problèmes : le recyclage des déchets et la production d’électricité. Selon la Banque mondiale, le Nigéria a un taux d’électrification de 56,3% et peine à satisfaire sa demande électrique. Le réseau distribue au maximum 5 GW pour une demande d’environ 50 GW satisfaite en majorité par les groupes électrogènes dans les villes.

Ghana

Construction de deux lignes électriques par l’AFD grâce à un financement de l’UE.

L’Agence française de développement va mettre en place un projet de développement du réseau électrique ghanéen, grâce à un don de l’Union européenne de 9,7 MEUR au profit de GRIDCo, l’entreprise publique chargée de l’exploitation du réseau électrique ghanéen. L’appui de l’AFD permettra la mise à niveau de deux sites de distribution d’électricité à Kumasi, la seconde ville du pays. Actuellement, la quasi-totalité de l’électricité est produite dans le sud du pays. Avec la situation actuelle du réseau électrique, la transmission de l’électricité pour sa distribution dans le nord du pays et son exportation vers le Burkina Faso passe obligatoirement par Kumasi. Ce projet, en permettant de réduire le dépérissement d’électricité sur les lignes de transmission de 161 kV situées entre Ahodowo et Anwomaso sur 18 kilomètres, participera à développer la capacité d’exportation d’électricité du pays. En 2019, ce dernier exportait 10% de sa production d’électricité. Le projet permettra de résorber une partie du coût budgétaire que représente l’excédent de capacité de production du pays que l’Etat s’est engagé à payer aux producteurs privés au travers de contrats dits « take or pay ». Avec une capacité de production (4 800 MW) supérieure aux pics de demande (2 900 MW), la surcapacité de production électrique coûterait ainsi près de 500 MUSD par an.

Les transactions bancaires par téléphone mobile en forte hausse en 2020.

Sur l’ensemble de l’année 2020, 77 millions de transactions bancaires par téléphone mobile ont été permises par les plateformes numériques de la Banque du Ghana et par les opérateurs privés. Ce chiffre est en augmentation de 103% par rapport à l’année 2019, où l’on comptait 38 millions de transactions. La valeur totale des échanges monétaires s’élève à 254 Mds GHS (36 Mds EUR), en hausse de 16% depuis 2019. La plateforme Ghana Interbank Payment and Settlement Systems (GhIPSS), introduite en mai 2018 par la Banque du Ghana, permet l'interopérabilité entre les instruments de paiement lors des transferts d'argent par téléphone mobile, en assurant par exemple les transferts de fonds entre le compte d’un fournisseur de services bancaires par mobile et un compte d’un autre fournisseur. Doté d’une agence propre, filiale de la Banque du Ghana, le GhIPSS est le successeur du GhLink, l'un des premiers systèmes de transfert d'argent mobile interopérable en Afrique. L’interopérabilité entre les banques et les sociétés de télécommunications est assurée par le système Mobile Money Interoperability (MMI) auquel participent les trois opérateurs de télécommunications par téléphone mobile du Ghana : AirtelTigo, Vodafone et MTN. Ce système était le principal contributeur aux échanges bancaire par mobile enregistrés en 2020, en traitant 43,9 millions de transactions, contre 9 millions de transactions traitées en 2019, soit une augmentation de 366%. Parmi les trois opérateurs du marché, MTN affiche une large avance dans ce domaine avec 98% de part de marché des transactions bancaires mobiles en valeur et 15,1 millions d’usagers inscrits au 31 décembre 2019. Ce service assure à la société sud-africaine 1 Md GHS de chiffre d’affaires en 2019 (140 M EUR), en augmentation de 28% sur un an, soit 19,3% de son chiffre d’affaire.

 

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