L’Argentine se dote d’un nouveau programme de subvention de la production de gaz naturel, appelé « Plan GasAr ». Ce programme a pour objectif de relancer la production de gaz dont le niveau décline depuis 2019 (cf. graphique 1).

L’Argentine possède deux bassins à fort potentiel pour la production de gaz : la formation de « Vaca Muerta », classée comme la deuxième réserve mondiale de gaz de schiste par le Département américain de l’énergie (EIA), et le bassin offshore Austral, où Total développe des projets de grande envergure, notamment le projet Vega Pléyade de 1,2 Mds USD, le plus important jamais développé en Argentine pour du gaz naturel offshore. Avec la mise en production de ces deux bassins l’Argentine devrait être en mesure de produire la totalité du gaz nécessaire sur le marché intérieur (les foyers, l’industrie et la production d’électricité).

Le « Plan GasAr », quatrième programme de subvention depuis 2008, s’inscrit dans la perspective de rendre l’Argentine autosuffisante pour son approvisionnement en gaz, donnant des perspectives claires de prix et de volumes pour les producteurs. Ce programme s’avère nécessaire pour substituer les productions locales aux importations de combustibles plus coûteux, qui ont représenté dans le passé un lourd poids dans la balance commerciale énergétique du pays (cf. graphique 2). A travers ce programme, le gouvernement argentin cherche également à créer des milliers d’emplois et à générer des revenus fiscaux à hauteur de 2,5 Mds USD.

Mettant en œuvre le « Plan gas IV », le secrétariat de l’Energie a lancé en novembre des enchères publiques sous forme d’appel d’offres pour la production de gaz subventionnée. Cet appel d’offres relatif à un engagement des compagnies sur un volume de production était divisé en deux parties, l’une relative au maintien de la production de base, l’autre concernant des volumes supplémentaires pour la période hivernale. 16 producteurs ont répondu à l’appel d’offres proposant la quasi-totalité du volume nécessaire pour la  production annuelle de base (67,4 sur les 70 millions de m3 par jour). En revanche, l’objectif de production n’a pas été atteint pour l’approvisionnement hivernal où la consommation est la plus élevée (3,6 sur les 12,82 à 29,65 millions de m3 par jour proposés en fonction du mois). Pour cette période, seulement trois entreprises ont soumis des propositions : Total, Tecpetrol et Pampa Energía. Les volumes de production proposés les producteurs étant inferieurs aux objectifs du programme, toutes les offres ont été acceptées (résolution 391/20 du 13 décembre). Les faibles volumes de gaz soumissionnés, au regard des anticipations, sont attribués à la publication tardive à la fois du programme et de l’appel d’offres, en partie liée à la démission du secrétaire d'Etat à l’énergie Sergio Lanziani en août dernier.

Le plan GasAr s’accompagne d’un assouplissement des conditions d’accès au marché cambiaire, ce qui permet aux entreprises participantes de transférer des capitaux à l’étranger sans autorisation préalable de la Banque Centrale argentine. Cette mesure, jugée très positive, avait été demandée par les compagnies pétrolières lors des négociations préalables à l’adoption du plan. En effet, elle conditionne la capacité des entreprises à obtenir des financements à l’étranger, nécessaires pour atteindre les 5 Mds USD d’investissements dans la production que vise le gouvernement argentin.

Au vu des faibles volumes proposés pour la période hivernale dans le cadre de l'appel d'offres, la renégociation du contrat d’importation de gaz avec la Bolivie, qui arrive à échéance le 31 décembre 2020, menée par le Secrétaire d’Etat à l’énergie Dario Martinez sera décisive pour l’approvisionnement lors des pics de consommation de l’hiver austral. Ces besoins pourraient alternativement être comblés par l’importation de GNL par voie maritime ou par un nouveau programme de subvention.

 

Graphique 1 – Prévisions de la production de gaz

Prévisions

Source : Secrétariat de l’Energie.

 

Graphique 2 – Balance commerciale énergétique

balance commerciale énergétique

Source : Secrétariat de l’Energie.