Les réallocations d’emplois entre entreprises contribuent de façon significative aux gains de productivité en France. Ces réallocations s’opèrent à la fois entre entreprises pérennes et grâce au phénomène de destruction créatrice, c’est-à-dire l’entrée et la sortie d’entreprises. Alors que, jusqu’à la crise de 2008, les gains de productivité étaient majoritairement le fait des entreprises pérennes, la destruction créatrice a bien davantage contribué aux gains de productivité après 2011.

La série des Documents de Travail présente des travaux menés au sein de la DG Trésor, diffusés dans le but d’éclairer et stimuler le débat public. Ces travaux n’engagent que leurs auteurs.

Dans deux travaux de référence récents sur données françaises, Guillou et Nesta (2015) et Ben Hassine (2017) ont mis en évidence, à l’aide d’un large échantillon d’entreprises françaises, une contribution significative de la réallocation intra−sectorielle à la croissance de la productivité entre 2000 et 2007. Entre 2008 et 2012, ces auteurs documentent l’effet amortisseur des réallocations sur la chute de productivité observée, permise à la fois par la redistribution des parts de marchés entre entreprises pérennes et, uniquement pour Ben Hassine, la mise en exergue d’un effet schumpétérien de destruction créatrice.

Partant d’une méthodologie comparable, nous répliquons les travaux précités sur la période 2001−2007 et prolongeons l’analyse sur la période 2011−2017 de façon inédite à notre connaissance sur données françaises. Nous documentons une modification substantielle des sources des gains de productivité dans l’économie française entre ces deux périodes : alors que les gains de productivité étaient majoritairement réalisés par les entreprises pérennes avant la crise financière mondiale, c’est l’effet schumpétérien d’entrées sorties des entreprises qui contribue le plus aux gains de productivité post−crise.

 

DT-2020-05