Le secteur aérien à l’aune de la Covid-19

Editorial - Numéro 2 Octobre 2020 

Nous espérions en préparant ce second numéro de notre Lettre économique régionale mensuelle être dans un moment de bilan. Bilan de la crise Covid, avec un regard tourné vers l'avenir et un rebond espéré par tous. Au lieu de cela, nous assistons à une seconde vague meurtrière de la pandémie. L'Europe est particulièrement touchée, en particulier la France, qui a dû se réengager dans un nouveau confinement, dont on ne voit pas le bout. Mais la France n'est pas la seule dans ce cas : l'Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, la Grèce... et combien encore à venir? On voit ici que cette seconde vague ne touche pas que l'Europe. Dans d'autres pays, y compris ceux que nous suivons depuis le Service économique régional, l'accalmie n'a fait que précéder un retour de la tempête Covid. Plus que jamais, restons prudents et respectueux des gestes barrières.
L'impact de la crise Covid sur le transport aérien est intéressant à plus d'un titre. Plusieurs des pays de la région avaient des ambitions déclarées de constituer des hubs aéroportuaires régionaux, soutenus par des compagnies aériennes en pleine expansion. Qu'en restera-t-il si la crise Covid perdure avec l'impact de cette seconde vague en Europe et dans la région? Plusieurs compagnies avaient des programmes de croissance avec l'achat de nouveaux appareils : combien devront revoir leurs projets pour passer en mode survie alors que leurs capacités de résilience sont limitées par les capacités des autorités locales à les soutenir? Et surtout la croissance du transport aérien était l'indicateur de leur dépendance au tourisme : là encore, on peut mesurer l'impact de la crise Covid sur le tourisme à l'état du secteur du transport aérien. Tout porte à croire que ce que nous espérions être un bilan n'est encore que la première étape d'un bilan encore à venir. Il n'en demeure pas moins que le secteur est d'ores et déjà sinistré et qu'il faille s'attendre à des restructurations à venir.
Et la crise économique qui accompagne la crise sanitaire semble avoir des conséquences encore plus graves qu'anticipées. Le FMI a en octobre révisé ses prévisions de croissance, mais quelques jours après a encore révisé à la baisse les prévisions du Rwanda qui rejoint le groupe des pays entrant en récession. Tout porte à croire que d'autres pays de la région verrons leurs prévisions de croissance revues à la baisse, notamment ceux qui tablaient sur un retour des touristes ou un rebond en Europe. On en est loin...
Pour conclure cet éditorial, permettez-moi d'avoir une pensée pour les victimes des récents attentats qui ont à nouveau frappé la France.
 
Jérôme Baconin - Chef du Service Economique Régional de Nairobi