La Banque centrale a annoncé mardi 15 septembre dans la soirée un nouveau durcissement du contrôle des changes (surnommé « super cepo » dans la presse) dans un contexte d’inquiétudes croissantes sur le niveau des réserves en devises réellement disponibles (estimées entre 6,5 et 7,5 Mds USD, dont à peine 4 Mds USD sous forme liquide).

La Banque centrale (BCRA) a annoncé une série de mesures visant à réduire la pression sur les réserves en devises alors que les craintes d’un ajustement brutal du change alimentent la demande de devises (les ventes nettes de la BCRA atteignent 1 Md USD sur les seuls 15 premiers jours de septembre et 4 Mds USD depuis la mi-mars). Ces mesures sont considérées par les analystes comme un renforcement drastique du contrôle des changes « super cepo ».

  • Les entreprises pourront obtenir sur le marché cambiaire que l’équivalent de 40 % du montant à rembourser lorsque les échéances mensuelles sur la dette sont supérieures à 1 MUSD, durant la période allant du 15 octobre 2020 au 31 mars 2021.
  • Concernant les opérations boursières en devises, dites CCL « Contado con liquidacion », les détenteurs de titres en devises achetés en peso sur le marché national devront désormais attendre 15 jours ouvrables avant de pouvoir revendre leurs titres-miroir à l’étranger.
  • De même, les investisseurs non-résidents ne pourront plus participer aux opérations CCL. Selon Miguel Ángel Pesce, président de la Banque centrale, les transactions journalières sur le marché CCL avoisinent 50 MUSD, dont 30 MUSD proviendraient des hedge funds
  • S’agissant des particuliers, le quota mensuel demeure fixé à 200 USD. Toutefois, à compter du 16 septembre, (i) les paiements réalisés en devises avec les cartes bancaires s’imputent sur cette limite mensuelle, qu’ils soient effectués à l’étranger ou depuis l’Argentine (achat de biens et services), (ii) l’achat de devises à des fins d’épargne est taxée à hauteur de 30% au titre de l’impôt dit pour une Argentine inclusive et solidaire (Pais). Par ailleurs, les achats de devises par les petits épargnants et les paiements en devises par carte bancaire sont désormais également soumis à une redevance de 35 %, ultérieurement déductible de l'impôt sur le revenu (pour les particuliers) ou sur les bénéfices (pour les entreprises). Enfin, l’ouverture d’un compte d’épargne en devises ne sera désormais autorisée que pour les particuliers pouvant justifier de ressources suffisantes.

Ces annonces ont entrainé la baisse des valeurs argentines cotées à New-York (-6% en moyenne le 16 septembre) et du cours des obligations souveraines (-5% en moyenne, avec un taux désormais de l’ordre de 13% contre un taux de sortie estimé à 10% au moment de la restructuration de la dette souveraine début septembre). De son côté, le risque-pays a augmenté de 10% entre le 15 et 17 septembre 2020.