Lumière Turquoise est la publication bimestrielle du SER d'Ankara

Alors que, sur le front sanitaire, la situation n’est pas maitrisée en Turquie (l’augmentation quotidienne du nombre de cas positifs est toujours significative malgré les annonces des autorités qui se veulent rassurantes), l’Exécutif maintient une stratégie de court terme pour soutenir l’économie, s’appuyant sur une politique monétaire fortement expansionniste et l’utilisation massive de garanties de crédits. Si cette méthode permet d’accompagner la reprise de l’activité, elle accentue la pression sur la lire turque (p. 2), renforçant la vulnérabilité de la Turquie à un choc externe dans un contexte d’épuisement des réserves de change et de creusement des déséquilibres structurels de l’économie, dont le déficit de la balance courante (p. 2 & 4) et celui du budget (p. 5), ce qui pourrait contribuer à fragiliser le secteur bancaire, en particulier via une dégradation de la qualité de leurs actifs (p. 9).


Comme dans la plupart des autres économies, certains indicateurs sont en voie d’amélioration en Turquie (indice PMI, utilisation des capacités de production, rebond des exportations, reprise progressive du tourisme, etc.) mais les motifs de satisfaction sur le front macro-économique et financier se font assez rares et l’impact social de la crise de plus en plus criant (hausse du chômage et de la pauvreté, inflation à un niveau élevé). Dans ce contexte, les autorités multiplient les discours triomphalistes et les annonces de « bonnes nouvelles » censées changer l’avenir du pays et destinées à rassurer les agents économiques : découvertes d’un gisement gazier en mer Noire, pose de la première pierre de l’usine devant fabriquer la future voiture électrique turque, etc. Ces annonces, qui contribueront sans aucun doute à la transformation nécessaire du modèle économique du pays, n’ont pas eu à court terme l’impact attendu sur les flux de capitaux (accélération des sorties nettes) ou sur les investissements directs étrangers (p. 7) dans un contexte géopolitique qui demeure tendu, notamment en Méditerranée orientale.


La crise sanitaire a également affecté les échanges commerciaux bilatéraux franco-turcs. Ainsi, en raison d’une contraction du marché turc au 2ème trimestre, la bonne dynamique des ventes françaises en Turquie observée au cours des 3 premiers mois de l’année (+4%) s’est interrompue. In fine, les exportations françaises ont baissé de près de 10% sur le 1er semestre 2020 (p. 21), à l’instar de la plupart des autres pays partenaires commerciaux de la Turquie, aux exceptions notables de la Chine (+16,8%), des Etats-Unis (+6,4%) et de l’Allemagne (+1,1%).


En Géorgie, la pandémie du Covid-19 a durement frappé la trajectoire économique positive que le pays connaissait. La plupart des mesures restrictives ont dorénavant été levées et le pays, qui se prépare aux prochaines élections législatives prévues le 31 octobre, a obtenu un soutien financier du FMI qui lui permettra de faire face au choc et de répondre aux besoins de financement de la balance des paiements.
De son côté, l’Azerbaïdjan (p. 13) est entré dans une phase de réouverture prudente de son économie, les restrictions sanitaires ayant commencé à être assouplies au début du mois d’août. Les autorités anticipent une récession de -2,6% en 2020 et mettent à contribution le fonds souverain, SOFAZ, pour mitiger les effets de la crise.