Lumière Turquoise est la publication bimestrielle du SER d'Ankara

Le Turquie, entre reprise et incertitudes, tente de se projeter dans l’après. La reprise économique accélère depuis mi-mai (p. 2 & 11), un redressement assez vigoureux lié notamment à la mise en place de mesures de confinement moins strictes que dans d’autres pays afin de limiter la destruction de capital et ainsi permettre au secteur productif de redémarrer à plein régime en sortie de crise et de répondre au rebond de la demande. Mais la vigueur et la pérennité de la demande interne (60% du PIB) et externe demeurent encore très incertaines. Tant que l’épidémie n’est pas sous contrôle, la confiance des ménages ne sera pas de retour et la consommation restera limitée. Par ailleurs, près de 50% des exportations turques étant destinés à l’Europe, la récession économique chez certains de ses principaux partenaires pèsera lourdement sur ses exportations qui pourraient diminuer de 20% cette année.
Les milliers de faillites de PME attendues au cours des prochaines semaines font craindre une forte hausse du chômage. Les autorités turques, via notamment des décrets présidentiels, introduisent régulièrement de nouvelles mesures visant à pallier les effets économiques et sociaux de la crise sanitaire (p. 7). Il s’agit de mesures de court-terme prises en réaction, la Turquie n’ayant que peu de marge budgétaire pour créer un véritable stimulus économique. Le plan de soutien pour l’emploi « Bouclier pour l’emploi » doit apporter des réponses à la dégradation du marché du travail: extension de l’interdiction de licencier, prolongation ou évolution du dispositif de chômage partiel, etc. En l’absence de plan de relance sectoriel, les autorités privilégient (1) la mise en place de mesures ponctuelles très ciblées, visant notamment les secteurs du tourisme (p. 13) ou de l’agriculture (p. 18) via des baisses de TVA, etc. et (2) le soutien à la consommation par la facilitation du crédit, avec notamment de nouvelles offres des banques publiques pour l’achat de produits et d’équipements fabriqués en Turquie.
Au-delà du soutien apporté au tissu productif local en limitant les importations (de nouvelles taxes additionnelles et barrières non tarifaires sont récemment apparues), la Turquie souhaite se positionner comme hub industriel pour l’Europe, fournisseur alternatif de la Chine et ainsi prendre des positions dans les chaines de valeur mondiales. Un objectif légitime tant il est reconnu que le secteur privé est dynamique et flexible mais une ambition qui ne peut que s’inscrire dans le moyen/long terme car elle repose d’abord sur une reprise des investissements, notamment internationaux qui avaient déjà baissé de 30% en 2019, laquelle dépend de l’amélioration de l’environnement économique et des affaires.


L’Azerbaïdjan réinstalle un régime de confinement en raison de la recrudescence des cas de coronavirus tout en renforçant son programme de soutien économique (notamment aux entreprises) s’appuyant sur un niveau de réserves en devises confortable (réserves de la Banque centrale et du fonds souverain pétrolier Sofaz, lesquelles représentent un peu plus de 100% du PIB) et sur un prix du baril qui a repris un peu de vigueur.


La Géorgie a « dé-confiné » dès le 1er juin, sans constater de hausse de nouveaux cas, dans un contexte économique stabilisé. L’économie, qui bénéficie d’un soutien massif des IFIs, n’échappera néanmoins pas à une chute de la croissance de l’ordre de 9%, principalement due à une saison touristique qui n’aura pas lieu, ainsi qu’à une baisse de 40% des IDE.