[Histoire de FASEP] Améliorer la gestion de la ressource en eau à Bakou

Un projet pour réduire les pertes en eau et améliorer le système d’assainissement de Bakou

L’Azerbaïdjan a toujours attaché une très grande importance à l’eau dans un pays dont la zone côtière est souvent très aride. Grâce aux hautes montagnes du Caucase, il a depuis des siècles su en faire venir en quantité suffisante pour assurer ses besoins. Depuis l’indépendance, cependant, la demande en eau de sa capitale Bakou n’a cessé de croître et l’héritage soviétique a laissé en place un système largement dépassé et souffrant d’un manque criant d’investissement, notamment dans un contexte de forte augmentation de l’extraction pétrolière dans la mer Caspienne, aux portes mêmes de la ville, et d’accroissement de la population venant des régions.

Le gouvernement a donc choisi en 2017 de mettre l’accent sur la rénovation du système de traitement et de distribution de l’eau à Bakou. La réduction des eaux non comptabilisées et l’amélioration de la performance des stations d’épuration, incluant la gestion des boues, ont été jugées comme étant des sujets prioritaires pour l’opérateur national des services d’eau et d’assainissement d’Azerbaïdjan : AZERSU. Le gouvernement azerbaïdjanais s’est donc tourné vers la société SUEZ pour engager un projet pilote.

Répondant à cette demande, la société SUEZ a donc proposé de recourir à l’outil de financement FASEP de la direction générale du Trésor. Le projet a été retenu et rapidement mise en œuvre entre juin 2017 et décembre 2018. Ces deux sujets ont donc été étudiés par SUEZ Consulting pour AZERSU, avec la mise en place d’un pilote de réduction des pertes en eau dans le quartier NZS de la zone Keshla à Bakou (district Nizami), et la confection d’un rapport détaillé concernant l’amélioration du traitement et la gestion des boues de la principale station d’épuration de Bakou (600 000 m3/jour de capacité) située à Hövsan, au Sud Est du Grand Bakou.

 Vue de la mer Caspienne. On distingue nettement la péninsule d’Apchéron où est située Bakou sur la côte ouest et dans le prolongement de la haute chaîne du Caucase.

Un projet à deux composantes pour s’attaquer à la gestion des eaux de Bakou

Composante 1 : Pilote de réduction des eaux non comptabilisées

Le niveau des eaux non-facturées dans la conurbation de Bakou est supérieur à 50 %, ce qui génère des surconsommations électriques dans les stations de pompage et de chlore dans les usines de production et points de re-chloration. Par ailleurs, l’eau perdue rejoint quelquefois les réseaux d’assainissement et dilue les eaux usées arrivant sur les stations générant également des surconsommations énergétiques. Enfin, ces pertes mettent une forte pression sur les ressources en eau.

L'objectif de la composante FASEP NRW était d'assister AZERSU dans la conception d'un programme de réduction des pertes en eau applicable à toute la ville. Pour ce faire, une méthodologie a été mise en œuvre sur la zone pilote NZS (2000 habitants)

1. Connaissance de la zone et mise à jour des plans du réseau (un gros effort a été fait à ce niveau car les plans fournis par Azersu représentaient à peine 10 % de la zone, il a donc fallu rechercher et localiser précisément chaque canalisation),
2. Installation des points de débits et de pression à chaque entrée de la zone avec du matériel fourni dans le cadre du FASEP et sectorisation du réseau
3. Analyse des données de facturation et confrontation avec une enquête maison par maison.

Les 3 actions énumérées ci-dessus ont permis d'établir une première évaluation des pertes en eau de la zone pilote ainsi que d'estimer leur répartition entre pertes physiques et commerciales. Les pertes évaluées en mars 2018 étaient de 78 %, soit très supérieures à une moyenne déjà élevée sur l’ensemble de l’agglomération. Rien que dans la zone,  800 m3/jour étaient perdus.

Un plan d'action de réduction des pertes d'eau a ensuite été proposé et implémenté sur une durée de 6 mois. Ce plan comprenait à la fois la formation du personnel et une intervention directe sur l’infrastructure (réparation, gestion de flux, localisation des pertes, etc.)

L’ensemble de ces mesures ont permis d’aboutir à une réduction extrêmement significative des pertes : le volume d’eau lié aux pertes est passé de 800 m3/jour à 300 m3/jour, ce qui correspond à une réduction du ratio de pertes de 78 % à 35 %.

Rue de  Keshla dans la zone d’étude et installation de compteurs « test » de la société française ITRON.

Composante 2 : Amélioration de la performance de la station d’épuration d’Hövsan et utilisation des boues

Le traitement épuratoire de la principale station d’épuration de Bakou ne répond pas toujours aux normes de rejet, la station est très gourmande en énergie et les boues, bien que produites en très faible quantité, n’ont pas d’exutoire et sont stockées sur des terrains adjacents à la station. Pour répondre à l’amélioration de l’efficacité et de la fiabilité du traitement des eaux usées et pour atteindre une qualité des eaux traitées conforme aux règles locales et à la réduction de la consommation d’énergie, SUEZ a proposé :

• Le renouvellement des compresseurs d’air de la ligne d’aération créée à l’époque soviétique
• La mise en place de mélangeurs et de capteurs (O2, NH4) dans les bassins d’aération afin de permettre un traitement complet de la pollution azotée.
• L’automatisation du process d’aération en fonction de l’information

Pour compléter les solutions de traitement des boues à court et moyen terme, deux solutions de traitement ont été comparées :

1. le compostage pour convertir les boues (= déchets) en un produit (engrais) et pour l'amendement du sol à des fins agricoles ou de plantations d’espaces verts ;
2. Le séchage solaire des boues afin de créer des pellets qui pourront être incinérés (dans l’incinérateur de la ville de Bakou construit et géré par la société française CNIM) ou utilisés en agriculture.

Au vu de l'analyse, la société SUEZ a recommandé à Azersu une solution de compostage d’autant plus facilement qu’elle a pu identifier une source fiable de coproduits (nécessaire à l’élaboration du compost). Les coproduits dérivés du bois proviennent de l’entretien des espaces verts de Bakou. Cela pourrait être une solution gagnant-gagnant entre Azersu et la ville de Bakou : la ville de Bakou fournit le coproduit et, en retour, Azersu lui fournira une partie du compost produit. Cette proposition peut constituer un premier pas vers une nouvelle économie circulaire sur la péninsule d'Apchéron (presqu’île où est situé Bakou).

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