Actualisation du rapport CAPA sur l’impact du Covid-19 sur le transport aérien indien - CP

Si le déclin du secteur du transport aérien mondial représente 66,8% sur un mois, la situation est bien plus critique encore en Inde où les cieux sont désespéramment vides, à l’exception du transport de fret et des vols d’évacuation dûment autorisés par la DGCA.

Bien qu’il soit difficile d’émettre des hypothèses sur l’avenir, en l’absence de visibilité sur la façon dont la crise sanitaire va continuer à être gérée dans les prochaines semaines, il apparaît toutefois vraisemblable que :

  • Dans les 12 à 18 mois à venir, l’Inde se retrouve avec un excédent de 200 à 250 aéronefs,
  • Il faudra compter 1 an pour revenir à la situation de l’avant Covid-19, une fois les vols de nouveau autorisés et ce pour plusieurs raisons :         

    • Il est probable que les vols reprennent de façon progressive, notamment à l’international (on peut prendre l’exemple de la Chine qui émet des restrictions pour endiguer une éventuelle 2ème vague de contamination)
    • Autant l’arrêt a été brutal, autant la remise en services sera longue, et c’est d’autant plus vrai pour l’Inde que les passagers réservent à la dernière minute
    • Les réservations pour la période de mai à juillet 2020 sont inférieures de 80% par rapport à la même période l’an passé, et certaines compagnies aériennes  font face à un manque de liquidités eu égard au peu de réservations à l’avance
    • Au moment de la remise en service, les compagnies auront à prendre des décisions sur les routes et les capacités à rouvrir
    • Il est difficile de savoir quelles pourraient être les prochaines réglementations du transport aérien, notamment si l’on doit continuer la distanciation sociale dans les aéroports et les avions, mais l’on peut d’ores et déjà imaginer une obligation de désinfection des aéronefs en escale, et des examens médicaux induisant des procédures de sureté et d’immigration au délai rallongé
    • Enfin, il est important de garder à l’esprit que toutes les mesures restrictives ne seront pas forcément levées en même temps partout, et que cette absence de coordination pourrait conduire à un véritable casse-tête pour organiser les voyages
  • Il y a fort à parier que les résultats financiers du secteur au 1er trimestre de l’année budgétaire 2020-21 seront négatifs, sachant qu’en outre, le 2ème trimestre est traditionnellement une période creuse
  • Au 2ème semestre, on peut tabler sur l’utilisation, au plan domestique et international, sur respectivement, entre 300 à 320, et 100 à 125 aéronefs. En outre, la généralisation du télétravail pendant le confinement pourrait bien limiter les déplacements professionnels à moyen terme, les collaborateurs ayant appris à travailler ensemble à distance.
  • Pour l’année budgétaire 2021, le trafic domestique pourrait être de 80 millions (contre 140 en 2020), le trafic international de 35 millions (contre 70 en 2020).
  • Les avions en location les plus anciens seront restitués aux loueurs (une centaine d’abord, 200 ensuite), et les livraisons prévues de commandes en cours pourraient être différées de=-1 à 2 ans

 

Quelle aide les gouvernements apportent-ils ?

  • Aux USA, 71 milliards de $
  • Au Canada et au Royaume-Uni, pour l’instant, aucun chiffre annoncé
  • Singapore et Dubaï au contraire estiment que le transport aérien est un outil stratégique pour l’économie
  • L’Union Européenne s’engage sur des garanties bancaires
  • Air France KLM ont demandé 6,5 milliards de $ de garanties bancaires à la France et aux Pays-Bas
  • En Inde, le gouvernement n’a pas encore pris de mesures, préoccupé par la crise sanitaire qui font de la santé et de l’économie les deux secteurs prioritaires.

    Il est dès lors probable que les petites compagnies  déposent rapidement le bilan

     

    Selon CAPA, le gouvernement indien proposera peut-être des garanties bancaires, des moratoires (sur les intérêts, les obligations fiscales, l’ATF et les redevances).

     

    Les propositions de CAPA se déclinent comme suit :

  • Protéger  l’emploi
  • Proposer un moratoire sur les taxes et redevances
  • Introduire l’ATF dans la GST
  • Pour les aéroports PPP : pas de versement à AAI
  • Pour AAI : injecter du cash car le trafic aérien quasi inexistant ne génère plus de recettes
  • Pour l’assistance en escale : protéger l’emploi et moratoire sur les redevances et taxes
  • Pour les agences de voyage, une aide particulière pour relancer le secteur

     

    En vertu de l’adage ‘Never get a good crisis go to waste’, CAPA estime que le secteur du transport aérien va être restructuré, avec obligation pour les compagnies aériennes de raisonner selon le yield et non plus selon le principe du billet à moindre coût.

    CAPA suggère aussi que le gouvernement oblige les compagnies aériennes à disposer de trésorerie pour 3 à 6 mois en l’absence de rentrées d’argent.