La bonne gestion des finances publiques est un sujet complexe, parce qu’elle renvoie à des problématiques très diverses, toutes essentielles pour la bonne marche du pays. Certaines touchent aux fondamentaux de la démocratie – le vote des lois de finances, qui devrait garantir à la fois la légitimité de l’impôt et celle de la dépense, la responsabilité des gouvernements vis-à-vis des contribuables, l’intégrité des responsables. D’autres sont liées à l’efficacité de l’action de l’Etat en matière économique : contrôle des équilibres budgétaires, efficacité de l’investissement public, capacité de la puissance publique à financer les fonctions essentielles de l’Etat. Les sujets sont souvent techniques, ils nécessitent une administration compétente et des outils adaptés. C’est un travail de longue haleine, mais à la suite du sommet de Yaoundé, fin 2016, les partenaires techniques et financiers ont cherché à donner un coup d’accélérateur pour aider les pays de la CEMAC sur ces différents chantiers. Le travail réalisé est variable d’un pays à l’autre, mais il n’est pas négligeable. Comptes uniques du trésor, connexion entre les régies, comptabilité en droit constaté, premières ébauches de budgets sous forme de budget de programme, progrès en matière de transparence ou de respect de l’annualité budgétaire, efforts d’élargissement de la base fiscale, les chantiers sont nombreux. Mais les résultats ne sont pas suffisamment rapides, probablement parce que l’impulsion politique est encore insuffisante. Les recettes restent assises sur une base de contribuables trop étroite et l’augmentation de la pression fiscale et des contrôles se traduit par une dégradation du climat des affaires et de l’attractivité de la région pour les investisseurs. Les budgets d’investissements ont été les plus touchés par l’effort d’ajustement engagé depuis 2016 – il aurait probablement été préférable de mieux contrôler les dépenses courantes, mais dès lors que les crédits disponibles baissaient, il était d’autant plus important que les sommes restantes soient utilisées de la manière la plus efficiente possible. Le bilan tiré par les différentes études n’est pas bon. Difficile de dire, au moment où cette nouvelle lettre va paraître, si l’impact du Coronavirus est susceptible de fragiliser à nouveau la région. Mais on peut espérer que le travail de fond qui a été réalisé dans la période récente va pouvoir donner, rapidement, les résultats qui permettraient à la fois aux pays de la CEMAC et à la RDC de mieux financer leurs dépenses essentielles et de mobiliser les outils disponibles pour assurer l’efficacité du prélèvement et de la dépense.