Alors que la Corée a connu en 2019 son taux de croissance le plus faible depuis 10 ans (2%), le gouvernement compte pour 2020 sur l’amélioration du contexte international, notamment la baisse des tensions entre la Chine et les Etats-Unis, la remontée des prix des semi-conducteurs, ainsi qu’une politique budgétaire expansionniste et une politique monétaire accommodante. Si certains ajustements ont été apportés, la politique économique du gouvernement pour 2020 ne se démarque pas des précédentes.

Alors que la croissance du PIB en 2019 a difficilement atteint la barre des 2%, soit son rythme annuel le plus faible depuis la crise de 2009, le Parlement coréen a voté, dans la douleur, un budget record pour 2020, s’élevant à 395 Mds EUR. Celui-ci connait une hausse importante de 9,1% par rapport à 2019, afin de relancer une activité atone. Dans la lignée des deux précédents de l’ère Moon Jae-in, le budget est marqué par une nouvelle hausse prononcée des dépenses sociales  (+12%,  139 Mds EUR soit 35% du total) en particulier à destination de la création d’emplois (+21,3 %, 20 Mds EUR), le gouvernement visant la création de 700 000 emplois en 2020 après en avoir créé 500 000 en 2019, majoritairement publics, à temps partiel et à destination des séniors. Le budget 2020 renforce également l’effort en faveur de la R&D (+18 %, 19 Mds EUR), de l’industrie et des PME (+26 %, 18 Mds EUR), de l’investissement en infrastructures (+17 %, 18 Mds EUR) et de l’environnement (+22 %, 7,5 Mds EUR).

Le gouvernement prévoyant une hausse des recettes budgétaires limitée à 1,2 % (370 Mds EUR), il accepte de fait d’utiliser sa marge budgétaire pour essayer de relancer la croissance : le déficit budgétaire devrait ainsi se creuser à 3,5 % du PIB, contre 1,9 % en 2019. La dette publique restera sous le seuil de 40% du PIB en 2020 (39,8% contre 37,1% en 2019), mais le creusement du déficit devrait la porter à 46,4% du PIB d’ici 2023.

Le gouvernement table donc sur un rebond de la croissance en 2020, à hauteur de 2,4 %, une estimation supérieure à celle de la Banque de Corée (2,3%), de l’OCDE (2,3%) et du FMI (2,2%). 

La politique globale du gouvernement s’appuiera sur 4 piliers inamovibles: i) la promotion de l’innovation, notamment des technologies liées à la 5G, à l’IA, aux batteries et aux puces, et de l’écosystème startup,; ii) la croissance inclusive, avec un soutien envers les jeunes, les seniors, et les quarantenaires, seule catégorie touchée par une hausse du chômage en 2019; iii) la restructuration de l’économie, basée sur la dérégulation, la productivité du travail et des dépenses publiques et le cadre de vie des travailleurs ; iv) la préparation du futur, avec l’objectif d’améliorer la situation démographique, l’engagement envers l’environnement et la coopération avec la Corée du Nord.

En 2020, le gouvernement concentrera ses efforts sur la reprise des investissements, via la construction d’infrastructures publiques, des déductions fiscales pour les projets d’usines intelligentes et la nouvelle réglementation des zones franches, et de la consommation privée, et ce malgré le ralentissement de la hausse du salaire minimum (+2,9% en 2020 après +29% sur les 2 dernières années). Le gouvernement espère également un rebond de 3% des exportations en 2020, après une chute de 10,3% en 2019. Le gouvernement poursuivra sa politique de  diversification des produits exportés, en réponse à la chute des ventes en valeur des semi-conducteurs (-25,9% en 2019 ; 17% des exportations totales), des débouchés, en raison de la dépendance à la Chine (-16% en 2019 ; 25% des exportations totales), et des fournisseurs suite aux tensions avec le Japon en 2019. Le gouvernement a assuré que les tensions au Moyen-Orient (70% des importations de pétrole coréen) auraient peu d’impact, alors que les importations de pétrole représentent 5% du PIB coréen, le niveau le plus important du G20.

Pour relancer l’activité, le gouvernement compte également sur une politique monétaire accommodante, que la Banque Centrale a annoncé envisager de maintenir, après les baisses du taux directeur en 2019 (de 1,75 % à 1,25%), afin de ramener l’inflation plus proche de sa cible de 2% (0,4% sur l’année 2019, après 1,5% en 2018), malgré la bulle immobilière et la dette privée (195% du PIB).