La croissance économique devrait atteindre 3,9 % en 2019 (contre 4,1 % en 2018) selon les prévisions du FMI mises à jour à l’occasion de la mission qui s’est rendue à Yaoundé fin octobre-début novembre pour préparer la cinquième revue du programme. Alors qu’une poursuite du rebond entamé en 2018 était espérée, l’activité serait finalement moins dynamique en raison d’un ralentissement plus important que prévu de la croissance dans le secteur non pétrolier (3,8 % en 2019 contre 4,4 % en 2018). Ce ralentissement serait particulièrement sensible dans le secteur secondaire, les services de transport aérien et la téléphonie mobile. En revanche, la production de gaz apporte satisfaction et permettrait au secteur extractif de croître de 6,0 % en 2019 après trois années de contraction.

La croissance camerounaise reste néanmoins nettement supérieure à celle observée au niveau de la CEMAC (2,5 % en 2019, soit un niveau identique à 2018).

 

Tableau. Croissance du PIB réel au Cameroun

Source : FMI

 

2016

2017

2018e

2019p

Croissance du PIB

+4,6%

+3,5%

+4,1%

+3,9%

  PIB pétrolier

-3,6%

-16,4%

-2,5%

+6,0%

  PIB non pétrolier

+5,3%

+5,0%

+4,4%

+3,8%

Moyenne CEMAC

-0,3%

+1,0%

+2,5%

+2,5%

 

Les deux incendies qui se sont déclarés aux mois de mai et de juin sur les installations de la Société nationale de raffinage (SONARA) à Limbé ne devraient pas avoir d’impact macroéconomique significatif en 2019, ni sur la croissance ni sur le déficit du compte courant, ce dernier étant attendu à 3,7 % du PIB soit le même niveau qu’en 2018. En revanche, leur impact sur les finances publiques est estimé à environ 220 Mds FCFA (soit 335 M EUR), ce qui correspond à la fois au manque à gagner en termes de recettes fiscales et douanières ainsi qu’à la prise en charge de certains engagements financiers de l’entreprise par l’État. Par ailleurs, une augmentation de la subvention au carburant est attendue compte tenu du fait que l’absence de production de la SONARA doit être compensée par des importations de produits raffinés, plus coûteuses.

L’exécution du budget à fin août révèle une légère augmentation des recettes (hors dons) (+2,5 % par rapport à 2018) grâce à la forte augmentation des recettes pétrolières (+28,1 % à 397 Mds FCFA). Celle-ci compense le recul des recettes non pétrolières (-1,9 % à 1 747 Mds FCFA). Les dépenses augmentent de 2,3 % sous l’effet de la reprise des dépenses de transfert (+50,5 % à 3589 Mds FCFA) qui avaient fortement baissé durant la crise. En revanche, les dépenses en capital baissent de manière significative (-15,3 % à 801 Mds FCFA), tant sur les dépenses sur financement intérieur (-15,6 %) qu’extérieur (-15,3 %). A fin août, le déficit budgétaire s’établit à 345 Mds FCFA soit un creusement de 23 Mds par rapport à la même période en 2018. Pour le FMI, la situation financière de l’État devrait se dégrader au deuxième semestre en conséquence des déboires de la SONARA, de la crise dans les régions anglophones mais aussi de l’absence de mesures fiscales ayant permis d’élargir la base fiscale. Les dépenses de sécurité pèsent également plus lourdement que prévu sur le budget. Le Fonds et les autorités se sont ainsi entendus sur une nouvelle cible de déficit budgétaire à 2,3 % du PIB pour 2019, contre 2,0 % prévu au départ. Le rythme d’endettement public devrait légèrement se ralentir en 2019 (+1,3 point sur un an à 40,8 % du PIB). Le niveau élevé du service de la dette reste un sujet d’inquiétude et le Cameroun reste classé en risque élevé de surendettement par le FMI.

Le déroulement du programme conclu en juin 2017 avec le FMI se poursuit. Une mission préparatoire à la cinquième revue a rendu ses conclusions fin novembre et le passage du dossier camerounais au Conseil d’administration est prévu début janvier 2020. Selon le communiqué de presse publié à l’issue de cette mission, l’ensemble des critères quantitatifs du programme ont été respectés à fin juin. En revanche, les avancées en matière de réformes structurelles sont lentes et la mise en place de mesures permettant d’élargir l’assiette fiscale sont attendues. Les services du FMI enjoignent également les autorités à accroître la part des financements concessionnels afin de préserver la soutenabilité de la dette. Les réserves de change – mises en commun à l’échelle de la CEMAC – continuent à augmenter : elles s’élevaient 4 284 Mds FCFA à fin août 2019, soit +13,4 % depuis le début de l’année. Elles dépassent ainsi à nouveau le seuil des trois mois d’importations.

Enfin, le secteur bancaire continue à être handicapé par le niveau élevé des créances en souffrance. Elles s’élevaient à plus de 580 Mds FCFA à fin août 2019 (soit 16,3 % des crédits bruts), en hausse de 10,1 % en glissement annuel. Le taux de provision de ces créances est néanmoins relativement élevé (76,9 % à fin août). L’activité de crédit progresse timidement (+1,3 % par rapport à août 2018), principalement sous l’effet du crédit aux particuliers et au secteur public. Le crédit aux entreprises privées se contracte en revanche de 4,6 % sur un an à fin août 2019.