Le séminaire Fourgeaud du 13 novembre 2019 a eu pour thème Productivité des firmes.

Tout d’abord, Catherine Fuss (Banque nationale de Belgique) a exposé les principaux enseignements d’une étude réalisée avec Pierre Blanchard et Claude Mathieu (UPEC) intitulée "Les entreprises manufacturières en tant que fournisseurs de services : Que disent les données belges ?".

Ensuite, Lilas Demmou (OCDE) a présenté les résultats d’une étude réalisée avec Guido Franco (OCDE) et Irina Stefanescu (Federal Reserve Board, Washington D.C.) intitulée "Croissance de la productivité et finance : le rôle des actifs incorporels – Une analyse au niveau de l’entreprise".

La discussion a été introduite par Chakir Rachiq (direction générale du Trésor).

 

1er exposé : présentation orale de Catherine Fuss
Les entreprises manufacturières en tant que fournisseurs de services : Que disent les données belges ? : papier de Pierre Blanchard, Catherine Fuss et Claude Mathieu.

2nd exposé : présentation orale de Lilas Demmou
Croissance de la Productivité et Finance : le Rôle des Actifs Incorporels – Une analyse au niveau de l’entreprise  : papier de Lilas Demmou, Guido Franco et Irina Stefanescu.

Discussion de Chakir Rachiq.                                              

                                   Séminaire Fourgeaud du 13 novembre 2019

Sur la photo : Chakir Rachiq, Catherine Fuss, Lilas Demmou et Guido Franco.

 

Voici un bref résumé des études présentées :

« Les entreprises manufacturières en tant que fournisseurs de services : Que disent les données belges ? », par Pierre Blanchard, Catherine Fuss et Claude Mathieu

La ‘’tertiarisation‘’ des entreprises manufacturières, c'est-à-dire le fait que les entreprises fournissent non seulement des biens mais aussi des services, est un phénomène croissant dans les économies développées.  Cet article examine les facteurs qui peuvent motiver les entreprises à poursuivre une telle stratégie. Le papier examine premièrement des arguments théoriques fondés sur les caractéristiques de la demande des produits, de la fonction de production et de l’environnement économique considéré. Plus précisément, le papier insiste sur la complémentarité de la demande entre les biens et services d'une entreprise, la non-rivalité dans la répartition de l'expertise entre la production des biens et celle des services, et le degré de concurrence sur les marchés des produits. Ces éléments impliquent que la tertiarisation peut varier en fonction des entreprises, des produits et des secteurs d’activité Deuxièmement, il met en évidence quelques faits stylisés : (1) la tertiarisation des entreprises manufacturières est hétérogène, tant entre secteurs industriels qu’à l’intérieur de ceux-ci, (2) la tertiarisation est un phénomène qui va croissant, mais à des rythmes variables selon les secteurs, (3) la relation entre l'intensité des services et l'efficience des entreprises n’est pas systématiquement linéaire, c’est-à-dire que tant des entreprises très performantes que des entreprises peu performantes peuvent fournir des services en plus des biens. Troisièmement, une évaluation économétrique met en évidence, conformément aux prédictions théoriques, une relation en forme de U entre la ‘’tertiarisation‘’ et la productivité des firmes, qui dépend du secteur d'activité.

 

« Croissance de la Productivité et Finance : le Rôle des Actifs Incorporels – Une analyse au niveau de l’entreprise », par  Lilas Demmou, Guido Franco et Irina Stefanescu

Cet article revisite la relation entre finance et productivité en mettant l’accent sur le rôle joué par les actifs incorporels. L’analyse exploite des données d’entreprises couvrant les pays de l’OCDE sur une période allant de 1995 à 2015. Cet article fait valoir qu’en raison de leurs caractéristiques spécifiques, telles qu’une plus grande incertitude sur leur valeur et difficulté à être utiliser en tant que garantie d’emprunt, le financement des actifs incorporels est plus difficile que celui des actifs corporels. En conséquence, les frictions financières devraient être plus contraignantes pour la croissance de la productivité dans les secteurs où les actifs incorporels sont devenus une composante essentielle de la fonction de production des entreprises. L'analyse empirique exploite des données de panel et repose sur un modèle à effets fixes, plusieurs indices capturant les frictions financières au niveau de l'entreprise ainsi qu’une nouvelle mesure d’intensité en actifs incorporels au niveau de l'industrie. Les résultats confirment que les frictions financières agissent comme un frein à la croissance de la productivité et que cet effet est d’autant plus important que les entreprises opèrent dans des secteurs intensifs en actifs immatériels. Ces résultats qui apparaissent robustes à l’utilisation de spécifications alternatives mettent en lumière le rôle des facteurs financiers dans le ralentissement de la productivité des pays de l’OCDE et plaident en faveur de l’utilisation d’une mesure d’intensité en actifs immatériels pour capturer l’exposition des industries aux frictions financières.

 

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Ce séminaire généraliste de la direction générale du Trésor est un lieu d'échanges de tous ceux qui participent au progrès de l'économie quantitative : membres de l'administration économique, universitaires, économistes de banques ou d'entreprises, représentants d’institutions économiques et financières internationales, etc. À tonalité scientifique, ce séminaire cherche à favoriser la réflexion sur les grandes questions économiques, notamment de politique économique, ainsi qu'à faire progresser les méthodes permettant d’analyser ces questions. Les thèmes abordés couvrent l'ensemble des domaines d'intervention de la direction générale du Trésor et font l'objet d'exposés présentés tant par ses membres que par des spécialistes extérieurs.

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