Brèves de l'ASEAN semaine 43 (2019)

 Région

• Le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020 pour l’ensemble des pays de l’ASEAN, à l’exception du Cambodge (en très légère hausse) et du Vietnam (restées inchangées). Singapour et le Brunei enregistrent les corrections les plus importantes, les prévisions s’établissant respectivement à 0,5 % (-1,8 points par rapport aux prévisions d’avril) et 1,8 % (-3,0 points) en 2019. L’institution note que les pays d’Asie devront faire face à une importante incertitude, qui perdure à l’échelle internationale, ainsi qu’aux conséquences éventuelles de l’adoption de nouvelles mesures tarifaires par la Chine ou les Etats-Unis et de la perte de confiance et du durcissement des conditions financières qui en résulteraient. La région Asie-Pacifique reste néanmoins un moteur de la croissance économique à l’échelle mondiale, contribuant pour 2/3 à la croissance mondiale en 2019.

• Plusieurs pays de l’ASEAN progressent dans le rapport Doing Business 2020 de la Banque mondiale, en particulier les Philippines qui gagnent 29 places. Le pays se classe 95^ème, du fait de l’amélioration des conditions d’établissement d’une entreprise, d’obtention des permis, de protection des investisseurs minoritaires et du paiement des impôts. Singapour conserve la 2^ème place du classement, derrière la Nouvelle-Zélande. La Malaisie et la Thaïlande arrivent respectivement 12^ème et 21^ème, progressant de 3 et 6 places par rapport à l’an passé.

• La banque centrale a baissé son principal taux directeur de 25 points de base pour la quatrième fois consécutive, à 5,00 %. Dans un contexte où l‘inflation est stable et dans la cible de 2,5-4,5%, Bank Indonesia justifie sa décision par la nécessité de soutenir la croissance face au ralentissement de l’économie mondiale. Elle estime que la croissance de 2019 devrait s’établir dans la partie basse de la fourchette de 5,0 à 5,4 % et le déficit du compte courant entre 2,5 et 3,0%.
  
  
• L’Indonésie a lancé un fonds national d’aide au développement : Indonesian AID (Indonesian Agency for International Development). Le fonds, pour l’heure doté de 3 000 Mds IDR (environ 212 M USD), sera placé sous la tutelle du ministère des finances et du ministère de la planification et du développement (Bappenas). La ministre des affaires étrangères a annoncé que les activités du fonds seraient concentrées sur l’aide en cas de catastrophes naturelles et de crises humanitaires.
  
  
• Le président Jokowi et le vice-président Ma’ruf Amin ont annoncé la composition du nouveau gouvernement. Aux postes économiques on retrouve des membres de l’ancien gouvernement, notamment Airlangga Hartarto (ancien ministre de l’industrie) comme ministre coordinateur des affaires économiques et Sri Mulyani et Luhut Pandjaitan, respectivement renouvelés dans leurs fonctions de  ministre des finances et ministre coordinateur des affaires maritimes. Certains nouveaux ministres sont issus de la sphère privée à l’instar du fondateur de Go-Jek Nadiem Makarim, qui devient ministre de l’éducation et la culture, Erick Thohir, PDG d’un groupe de média et ancien président de l’Inter Milan, ou encore Wishnutama Kusubandio (tourisme et l’économie créative) et Bahlil Lahadalia (investissement).

• Le fonds souverain Khazanah et Malaysia Aviation Group ont sélectionné quatre investisseurs, parmi une liste de 20 candidats, pour prendre une participation dans Malaysia Airlines. Le ministre des affaires économiques a déclaré que le repreneur serait choisi d’ici le début de l’année 2020. Le fonds souverain, actuellement propriétaire à 100 % de la compagnie aérienne nationale, a indiqué vouloir y conserver une part importante mais non spécifiée. Khazanah a expliqué que Malaysia Airlines avait besoin d’injections de 1 Md MYR (240 M USD) tous les ans pour maintenir son niveau d’activité. Pour mémoire, Khazanah a enregistré des pertes historiques de 6,3 Mds MYR (1,5 Md USD) en 2018, dont la moitié à cause de la compagnie aérienne.
  
  
• La Malaisie continue à s’impliquer sur les questions de propriété intellectuelle, ayant récemment adhéré au Protocole de Madrid et signé un nouveau protocole d’entente avec l’Office européen des brevets. Le gouvernement a déposé auprès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) son instrument d’adhésion au Protocole de Madrid, qui entrera en vigueur à compter du 27 décembre 2019. Les acteurs économiques pourront alors plus facilement obtenir une protection en matière de marques sur le territoire malaisien par le biais d’un dépôt de marque internationale. La Malaisie est le dernier pays de l’ASEAN (en excluant la Birmanie) à adhérer au Protocole de Madrid.  Par ailleurs, l’Office de Propriété Intellectuelle de Malaisie, MyIPO, a signé début octobre un nouveau protocole d’entente avec l’Office européen des brevets (OEB) qui vise à renforcer les capacités de recherche et d’examen de MyIPO grâce aux produits, outils et pratiques de travail de l’OEB.

• Le secrétaire d’Etat senior aux transports Janil Puthucheary a annoncé que les véhicules autonomes seront progressivement autorisés à circuler, dans le cadre d’essais, sur près de 1 000 km de route à l’ouest de Singapour. Actuellement, les véhicules autonomes peuvent être testés sur quatre sites (îles de Jurong et Sentosa, campus de NTU et Buena Vista), dont le plus grand comprend 70 km de route.
  
  
• Singapour se classe à la 4^ème place de l’International Property Rights Index (IPRO) 2019, gagnant une place par rapport à l’an passé. Cet indice développé par US Property Rights Alliance mesure la force des droits de propriété physique, des droits de propriété intellectuelle et des environnements juridiques et politiques qui les appliquent. Il s’appuie sur des données provenant de sources officielles de diverses organisations internationales et d’études de cas compilés auprès de 118 groupes de réflexion et organisations politiques de 72 pays impliqués dans la recherche, l’élaboration de politiques de développement, l’éducation et la promotion des droits de propriété. En ASEAN, les Philippines gagnent 3 places et se classent à la 67^ème place en 2019. Par contre, le Vietnam chute à la 83^ème place (- 7 places). Par ailleurs, la France se classe 21^ème.

• Le gouvernement vietnamien pourrait autoriser les banques européennes à acheter jusqu'à 49 % de deux banques commerciales locales, a indiqué la directrice du Centre d'intégration à l'OMC. En vertu de la réglementation en vigueur, le taux maximum de participation étrangère dans une banque commerciale est actuellement fixé à 30 %. L'offre sera valable cinq ans après l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange UE-Vietnam, qui devrait intervenir au début de l'année prochaine. L’offre ne s’applique toutefois pas aux quatre banques commerciales dont l’État détient toujours le contrôle (BIDV, Vietinbank, Vietcombank, Agribank) et s’appliquera selon le principe du «premier arrivé, premier servi», ce qui signifie que les deux premières banques qui adhèreront à cette offre seront autorisées à relever leur plafond de participation étrangère de 30 % à 49 %.
  
  
• Les japonais NEC et Sumitomo ont signé un accord de 184 M USD avec  le gouvernement vietnamien pour le déploiement d’un satellite d’observation. Le satellite, dont le lancement est prévu en 2023, sera utilisé pour mieux anticiper les événements météorologiques extrêmes et quantifier plus précisément les impacts post-catastrophes. Le financement est assuré par un prêt de l’agence de coopération japonaise (JICA) à l’Etat vietnamien.

• La commission nationale des télécommunications et de la radiodiffusion (NBTC) entend attribuer d’ici à février 2020 les licences de spectre 5G, afin que les opérateurs puissent commencer le déploiement des réseaux en mars prochain. Le détail de l’organisation de la vente aux enchères devrait être révélé début novembre 2019. Par ailleurs, Huawei, qui a déjà investi dans un banc d’essai de la 5G dans l’Eastern Economic Corridor, a récemment signé un accord de coopération avec le agences thaïlandaises pour le développement des sciences et technologie (NSTDA) et l’innovation (NIA), qui couvre notamment l’innovation, les partenaires industriels, universitaires, et prévoit l’établissement en Thaïlande d’une Académie Huawei, spécialisée sur le cloud, l’intelligence artificielle et les supercalculateurs.
  
  
• Trois sociétés thaïlandaises, opérant dans le transport, l’énergie et les centrales électriques, cherchent à obtenir l'autorisation de la Securities and Exchange Commission (SEC) pour émettre des obligations vertes conformes aux normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). L’émission de ces obligations est coûteuse, en raison des vérifications particulières préalables. Pour soutenir l’émission d’obligations vertes par les entreprises, la SEC a renoncé aux frais d’approbation et de dépôt de projet pour cette émission.
  
  
• Le ministre des transports prévoit d’allouer 8 Mds bahts (26 M USD) pour  construire deux nouveaux aéroports dans le sud du pays, à Phatthalung et Satun. Ces investissements pourraient être réalisés en PPP, afin de réduire leur coût pour l’Etat thaïlandais. Le département des aéroports a été mandaté pour réaliser une étude de faisabilité portant sur l’aéroport de Phatthalung, qui pourrait durer un an, et sera préalable à la réalisation d’une étude d’impact environnemental. L’étude d’évaluation du projet d’aéroport de Satun, qui avait été proposé l’an passé, est toujours en cours.

• La filiale de l'Agence française de développement pour le secteur privé Proparco a annoncé une prise de participation en fonds propres à hauteur de 15 M USD dans Navegar II, le deuxième fonds d'investissement lancé par Navegar. Cet investissement est la première intervention de Proparco aux Philippines. Le fonds devrait financer la croissance de 6 à 8 entreprises de taille moyenne dans le pays et favoriser la création d'emplois locaux. Navegar s’engage à fournir des conseils financiers, opérationnels et stratégiques pour aider les PME locales à croître et à adopter les normes internationales de gouvernance, environnementales et sociales. Le fonds Navegar II ciblera les secteurs qui bénéficient d'une forte demande intérieure tout en contribuant à une croissance inclusive.
  
  
• La banque centrale a annoncé une réduction du taux de réserves obligatoires pour les banques, de 100 pdb à 14,0 % à compter du 1^er décembre. Cette nouvelle baisse de taux intervient après une autre diminution de 100 pdb annoncée au mois de septembre et qui n’entrera en vigueur qu’au 1^er novembre. Entre avril et juin 2019, le ratio de réserve obligatoire avait déjà été réduit à trois reprises, pour un total de 200 pdb. D’après les estimations de JP Morgan, cette nouvelle réduction équivaudrait à une injection de 90 Mds PHP (1,8 Md USD), soit 0,45 % du PIB du pays.

• Les exportations cambodgiennes de bicyclettes sur le marché européen ont chuté de 4 % au premier semestre 2019, en baisse pour la première fois depuis plusieurs années. Toutefois, avec 835 000 unités exportées de janvier à juin, le Cambodge reste le plus grand fournisseur de l’Union européenne, suivi par Taiwan (546 000 vélos) et la Chine (435 000 vélos). Après les vêtements et les chaussures, les bicyclettes constituent le troisième poste d’exportation du Cambodge vers l’UE, pour une valeur de 331 M USD en 2018.
  
  
• Le gouvernement a annoncé la révocation de la licence de CINTRI, société en charge de la collecte des déchets à Phnom Penh. L’Etat rachèterait CINTRI et l’administration locale assurerait temporairement la gestion des déchets, avant que la collecte des déchets ne soit attribuée dans le cadre d’un appel d’offres à d’autres entreprises, chacune en charge d’une zone. Par ailleurs, le Premier ministre a renouvelé son engagement à soutenir tout investissement du secteur privé dans la transformation des déchets locaux en énergie.
  
  
• Selon l’Association cambodgienne de la microfinance, plus de 2 millions de familles cambodgiennes ont fait appel aux institutions de microfinance pour un total de 6,5 Mds USD d’emprunts au 1^er semestre 2019. Les opérations de ces institutions couvrent actuellement environ 90 % des villages du Royaume. Le secteur de la microfinance devrait connaître en 2019 une croissance de 25 % par rapport à 2018.

• L’ONG Population Services International (PSI) fournira 4,9 M USD pour améliorer le secteur de la santé pour la période 2019-2022. Un accord de coopération en ce sens a été signé entre les représentants de PSI et du ministère de la santé publique. Les deux parties mettront en place une structure de projet pour créer un centre d’opérations d’urgence en santé publique, comprenant l’infrastructure adéquate, mais aussi les ressources humaines ainsi que les plans et procédures nécessaires.
  
  
• Le gouvernement australien a fourni 4,2 millions de dollars australiens (2,9 M USD) pour améliorer l’accès équitable et l’utilisation d’installations d’assainissement et d’hygiène dans la province de Savannakhet. Ce projet sera mené à bien par l’ONG néerlandaise SNV.

Rédigé par : Pôle macroéconomique SER de Singapour
Contributions : SE de Bangkok, SE d’Hanoï, SE de Jakarta, SE de Kuala Lumpur, SE de Manille, SE de Rangoun, SE de Phnom Penh et Antenne de Vientiane