Focus : production agricole et développement durable – Un sujet présent au Congrès

Dans notre numéro 137 de juin dernier, nous évoquions la prise en compte des enjeux du développement durable dans la production agricole au Brésil, en particulier dans les priorités données par la ministre chargé de l’agriculture. Ce thème continue de faire l’actualité, cette fois-ci au Congrès avec la création du groupe parlementaire pour le développement de l’agroécologie et la production biologique, le premier à porter explicitement ces thématiques.

Fort de 211 députés[1] – mais aucun sénateur à ce stade - ce nouveau groupe parlementaire est clairement orienté à gauche. Il est présidé par le député M. Léonardo Monteiro (parti des travailleurs). Son lancement a été organisé à la chambre des députés le 3 septembre lors du séminaire « Terre et territoires : alimentation saine et réduction des pesticides », sous l’égide des présidents de trois commissions permanentes[2], sans toutefois celle chargée de l’agriculture. Il porte un discours de résistance face au gouvernement.

Les échanges lors de cet évènement ont largement porté sur le souhait de supprimer l’utilisation des pesticides. Des revendications foncières ont également été portées par M. João Paulo Rodrigues, dirigeant national du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre. Restera désormais à voir dans les faits quelles seront les propositions législatives et actions de ce nouveau groupe parlementaire.

La prise en compte du développement durable au Congrès n’est pas limitée à ce seul groupe parlementaire. D’autres s’intéressent en particulier à :

  • l’agriculture familiale (202 députés et 2 sénateurs) ;
  • les énergies renouvelables (193 députés, 15 sénateurs) et spécifiquement le biodiesel (203 députés et 3 sénateurs) ;
  • l’innovation en bioéconomie, récemment créé (209 députés, 11 sénateurs) ;
  • l’alimentation et la santé (234 députés et 20 sénateurs).

Sans oublier le puissant groupe parlementaire de l’agronégoce – bancada ruralista - fort de son histoire et de ses 235 députés et 35 sénateurs. Son président a rappelé lors de sa prise de fonctions en début d’année l’importance d’intégrer le développement durable dans les politiques agricoles.

Politique agricole et commerciale

Le Mercosur et l’AELE concluent un accord commercial

 

L’annonce a été faite le 28 août et une note conjointe des ministères de l’économie, agriculture et affaires extérieures précise qu’il concerne les biens, services, marchés publics, concurrence et propriété intellectuelle. La presse estime que la ratification interviendra en 2021.

Le Brésil et le Mexique ont initié des discussions en vue d’un accord commercial bilatéral

Cet accord s’il est conclu uniquement entre le Brésil et le Mexique ne pourra pas porter sur des réductions tarifaires et quotas d’importations, sujets ne pouvant être négociés que par le Mercosul côté brésilien. L’objectif de la discussion est d’aboutir à une augmentation des exportations agricoles vers le Mexique, huitième client du Brésil. Pour le Mexique, les débuchés vers son septième partenaire commercial pourraient également être augmentés.

Lancement de la carte interactive des opportunités commerciales par l’ApexBrasil

Cette carte disponible en ligne vise à aider les professionnels dans l’identification des opportunités commerciales à l’international de manière très fine. Le niveau de recherches est possible jusqu’au codes SH6.

L’Indonésie ouvre son marché à la viande bovine brésilienne

Dix établissements brésiliens ont été habilités pour exporter vers ce marché. La ministre chargée de l’agriculture a indiqué que cela représentait un potentiel de 25 000t/an.

L’Equateur ouvre son marché aux bovins vivants brésiliens

Dans une note d’information du 11 septembre, le ministère des relations extérieures du Brésil annonce la validation par l’Equateur du modèle de certificat sanitaire pour l’exportation de bovins brésiliens. Cela clôt positivement un travail initié en 2014. Pour mémoire le Brésil a exporté 430 millions d’Euros de bovins vivants en 2018 et 5,2 milliards d’euros de viande bovine dans le monde.

Habilitation de 25 nouveaux établissements brésiliens pour l’exportation de viande bovine, porcine, asine et de volaille vers la Chine

Cela porte la liste des établissements brésiliens agréés pour exporter des viandes vers la Chine à un total de 89 établissements.

Lancement d’une série de cours en ligne sur des méthodes de production durable

Le SENAR (service national de formation rurale) a mis en place sept modules en ligne de formation sur des techniques de production agricole durable (d’une durée de 30 à 45j pour 30h à 30h de cours). Elles sont incluses dans un projet de développement de l’agriculture bas carbone dans le biome Cerrado :

  • Système d’intégration culture-élevage-forêt
  • Récupération des pâturages dégradés
  • Système de semis-direct
  • Fixation biologique du nitrogène
  • Forêts plantées
  • Changement climatique et agriculture
  • Traitement des déjections animales

L’Etat de Santa Catarina modifie son système de perception de la taxe ICMS sur les vins afin de rendre le secteur plus compétitif

Cette mesure portée par les viticulteurs de cet Etat du Sud du Brésil vise à supprimer la perception anticipée de la taxe avant la vente des vins, ce qui facilitera la gestion de trésorerie, donnant ainsi des marges de compétitivité vis-à-vis des vins importés. Pour mémoire, près de 90% des vins consommés au Brésil sont importés. L’Etat du Santa Catarina produit environ 10% de la production nationale. Cet Etat souhaite développer le secteur du vin et s’en servir comme levier de développement touristique.

Politique de l’alimentation

Le MAPA répond aux questions sur l’usage des pesticides au Brésil

 

Suite à de nombreuses polémiques sur la question des pesticides au Brésil le MAPA a publié un dossier de presse sur cette thématique où il fait le point sur d’importantes questions concernant notamment le nombre de nouvelles molécules autorisées, les quantités utilisées par hectares comparées à d’autres pays, les résidus dans les produits.

Le Ministère complète la liste des spécifications de référence » de bio-défensifs utilisables dans l’agriculture biologique

Cette liste de spécifications de référence (qui contient pêle-mêle des substances chimiques, des bactéries, des champignons et des insectes) ouvre le droit à la fabrication de produits de bio-contrôle y compris à la ferme dès lors que les conditions de production définies sont respectées. Elle constitue ainsi une voie d’accès au marché plus rapide et privilégiée pour certains produits de contrôles et sa simplicité permet à de petites entreprises d’accéder à ce type de marché. La nouvelle annexe qui fixe cette liste a été publiée via l’IN 25 du 4 septembre 2009 et inclut 4 nouvelles spécifications.

Publication du règlement technique d’identité et de qualité (RTIQ) brésilien relatif aux langoustes et aux crevettes

Après une mise en consultation il y a quelques mois, ont été publiées les IN 23 et 24 du 20 août 2019 fixant les règles techniques d’identité et de qualité concernant les langoustes et les crevettes. Ces RTIQ reprennent l’ensemble des spécifications s’appliquant à ces produits et permettent de bénéficier d’un enregistrement automatique des étiquettes des produits concernés.

Le Brésil devient 26ème marché mondial du vin dans le classement des pays les plus attractifs

Une étude d’un cabinet spécialisé brésilien souligne le bon de 12 places en deux ans du Brésil dans ce classement mondial. Les raisons en sont une croissance de la population consommant du vin au moins une fois par mois, à 32 millions de personnes. Sur ces 32 millions, 70% de ces consommateurs consomment du vin au moins une fois par semaine.

Politique environnementale

Le maintien de la végétation native dans les propriétés rurales génère 1,3 milliards d’euros par an pour le Brésil

 

Ce calcul est issu d’une publication du 22 août dernier dans la revue Perspectives in Ecology and conservation, endossé par 407 scientifiques brésiliens et 79 institutions de recherche. Il fixe une valeur aux services écosystémiques fournis par la végétation native, en particulier dans la pollinisation, le contrôle des maladies, la sécurité hydrique, le régime des pluies et la qualité des sols.

Le Brésil est le pays avec la plus grande surface en cultures utilisant des moyens de lutte non chimiques

23 millions d’hectares brésiliens utilisent actuellement des méthodes de lutte non chimique (seules ou en combinaison avec des méthodes chimiques). La recherche brésilienne se prévaut d’une expertise en la matière qu’elle peut exporter. Pour mémoire la croissance annuelle du marché mondial des produits de lutte non chimique s’élève à 9% et celle du marché brésilien à 15%. La perspective est qu’en 2020, ce marché mondial représentera environ 4 milliard d’Euros, dont plus de 740 millions en Amérique latine.

La chambre des députés approuve un projet de loi créant une politique de paiements pour services environnementaux

Le projet qui vise à aider les producteurs indigènes, quilombolas et communautés traditionnelles à conserver des zones de préservation environnementales doit désormais être examiné par le Sénat. Le projet prévoit que le paiement pourra être fait sous diverses formes : en numéraire, ou via des politiques sociales spécifiques

Entreprises

Club Agro

Les entreprises françaises sont celles qui emploient le plus de main d’œuvre au Brésil

 

La présidente de la Chambre de commerce France Brésil de Sao Paulo a rappelé que plus de 800 entreprises françaises ou filiales étaient installées au Brésil et emploient plus de 500 000 personnes. Il s’agit notamment d’entreprises dans des secteurs stratégiques tels que les productions renouvelables. La stratégie de ces entreprises est d’investir sur le long terme au Brésil.

Pour mémoire, le Brésil fait partie des pays où la France possède le plus gros stock d’investissements directs. Il s’élève à environ 27 milliards d’Euros, soit 35% de plus que le stock d’investissements chinois au Brésil.

Nestlé va investir 220 millions d’Euros dans l’Etat de Sao Paulo dans les trois prochaines années

Ces investissements concernent de nouvelles unités de production (sites d’Araçatuba et Caçapava), le développement de nouvelles technologies et l’accélération de startups. Cela va renforcer les 10 usines, 6 centres de distribution du groupe et autres outils dans cet Etat.

Les investissements de Nestlé au cours des cinq dernières années dans l’Etat de Sao-Paulo ont représenté plus de 400 millions d’Euros.

Le groupe indique employer 12 000 personnes à Sao-Paulo et générer plus de 100 000 emplois indirects.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] La chambre des députés compte un total de 513 membres et le sénat 81.

[2] Législation participative, droits humains et minorités, environnement.