Achat du F-35 par la Belgique: les entreprises françaises espèrent des possibles retombées économiques
Un an après la décision d’acquisition par la Belgique de 34 avions de combat F-35, les groupes aéronautiques et aérospatiaux, dont certaines filiales belges de groupes français, entrevoient la possibilité de retombées économiques positives via la signature de contrats de coopérations industrielle ou en matière de recherche et développement avec le groupe Lockheed Martin.
1. Les contrats de collaboration industrielle signés mi-septembre avec le groupe américain de défense Martin Lockheed ne mentionnent à ce stade aucun chiffre, mais permettent à trois entreprises belges de se positionner en tant que fournisseurs potentiels du groupe. Les discussions les plus avancées concernent la collaboration avec l’entreprise bruxelloise Ilias Solutions, spécialisée dans les logiciels logistiques, qui pourrait ainsi obtenir des contrats au cours des cinq prochaines années à hauteur de 5 millions de dollars par an. Deux autres partenariats pourraient également bénéficier à la France puisque la Sabca, la filiale belge du groupe Dassault, pourrait également fournir des systèmes d’actionnement, tandis que la filiale liégeoise Safran Aero Boosters du motoriste français Safran, pourrait être amenée à équiper le chasseur américain à travers par le biais d'un partenariat signé avec le fabriquant du réacteur F-135, l'Américain Pratt & Whitney.
2. Le 23 octobre, un accord de coopération a été signé entre le groupe Lockheed Martin et 8 entreprises belges, en présence de la ministre fédérale de l'Economie Nathalie Muylle (CD&V), visant à favoriser la recherche et l’innovation aérospatiale en Belgique, particulièrement dans les domaines des matériaux composites (nouvelle génération de matériaux composites, techniques de réparation et de collage du métal). Le monde universitaire devrait également être associé aux projets collaboratifs de recherche, pour des durées de 12 à 24 mois.
L’entreprise Solvay mettrait ainsi à disposition son tout nouveau « Customer Engagement Center », consacré au développement de polymères à hautes performances et de composites thermoplastiques. Aux côtés du groupe Solvay, on retrouve parmi les industriels concernés notamment les filiales belges des groupes français Sabca, Safran Aero Boosters et Thales mais aussi les entreprises Asco Industries, Coexpair, Feronyl et Sonaca.
A l'occasion de la signature de l'accord de coopération, le cabinet de la ministre fédérale de l'Economie Nathalie Muylle a toutefois pris soin de préciser que "le gouvernement belge n'a pas participé aux négociations et que le contrat ne constitue pas une compensation économique en tant que telle".
Ces différents projets s’inscrivent dans la procédure des « intérêts essentiels de sécurité » (IES), mise en place par le groupe d’experts de la Défense belge qui a piloté le programme de remplacement des F-16 afin de soutenir la défense et l’industrie en Belgique.
3. Ces accords ne répondent que partiellement aux attentes des milieux industriels et de recherche belges qui avaient nourris de grands espoirs lors de la négociation de l’achat des F35. La déception de l’aéronautique belge avait notamment éclaté au grand jour lors du dernier salon du Bourget, en réaction à l’annonce du développement du SCAF par la France, l’Allemagne et l’Espagne, sans la Belgique. Or, si ces annonces viennent rassurer les Belges sur les intentions de Lockheed Martin de les associer, rien de concret n’est à ce stade évoqué, et le sentiment de rester à l’écart d’une grande opportunité demeure vif en Wallonie (pour son industrie aéronautique traditionnelle) et dans une moindre mesure en Flandre (pour ses centres de recherche et industrie de pointe).