Brèves de l'ASEAN semaine 35 (2019)

• Le président Joko Widodo a annoncé lundi que la capitale indonésienne serait déplacée dans la province de Kalimantan Est, dans une ville nouvelle entre Balikpapan et Samarinda. Ce déménagement devrait être engagé d’ici cinq, pour un coût évalué à 33 Mds USD. Le gouvernement souhaite ainsi réduire la pression urbaine à Jakarta, qui cause notamment l’enfoncement de la ville en dessous du niveau de la mer, et soutenir le développement du pays hors de l’île de Java où se trouvent 60 % de la population et de l’activité économique.
  
  
• Amazon envisagerait d’investir dans la plateforme de transport et services à la demande Go-Jek. La licorne indonésienne, déjà valorisée à plus de 10 Mds USD, est en cours de levée de fonds et Amazon participe aux discussions, restées privées à ce stade. La société de e-commerce américaine n’est pas présente en Indonésie, alors que ses principaux concurrents chinois ont investi plusieurs milliards de dollars ces dernières années dans les start-ups de e-commerce de l’archipel (dont Alibaba, qui a par exemple investi dans Tokopedia).
  
  
• L’association des oulémas indonésiens (MUI) a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle contre la loi Halal de 2014. Ce texte, dont l’entrée en application est prévue pour octobre, transfère le contrôle de la certification halal du MUI au ministère des affaires religieuses et la rend obligatoire. En mars dernier, un premier recours en inconstitutionnalité déposé par un avocat avait été rejeté par la Cour.

• La Malaisie a accueilli 13,4 millions de touristes au premier semestre 2019, soit une augmentation de 4,9 % par rapport à la même période de l’année dernière. Les touristes viennent principalement de Singapour (40 %), d’Indonésie (14 %) et de Chine (12 %). Cette activité a généré un bénéfice de 41,7 Mds MYR, soit 9,9 Mds USD, en hausse de 6,8 % par rapport à 2018. Les dépenses par touriste ont en effet crû de 1,9 %, à 3 122 MYR (soit 740 USD), et le nombre moyen de nuitées a progressé à 6,2 nuits (+0,4 nuit).
  
  
• La banque centrale malaisienne a indiqué qu’elle finalisait la révision des lignes directrices en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Le texte correspondant devrait être publié en septembre prochain. La banque centrale a expliqué vouloir accroître les mesures de dissuasion et de signalement des institutions ne satisfaisant pas les exigences.

• Le groupe gazier Linde va investir 1,4 Md USD dans un nouveau complexe de production et de distribution d’hydrogène et de gaz de synthèse à Singapour. L’entreprise entend ainsi quadrupler sa production dans la cité-Etat, pour fournir la firme ExxonMobil, qui a annoncé en avril dernier l’extension de son usine de production de carburants à faible teneur en soufre (qui requiert ces types de gaz). La compagnie américaine sera le principal client de Linde à Singapour. La fin de la construction du complexe et de l’usine d’ExxonMobil, tous deux sur l’île de Jurong, est prévue pour 2023.
  
  
• La production manufacturière s’est contractée pour le troisième mois consécutif en juillet, de 0,4 % en g.a (après –8,1 % en juin). La faible ampleur de la contraction est toutefois une surprise, dans la mesure où les analystes interrogés par Bloomberg l’attendaient en moyenne à –5,8 %. Cette amélioration par rapport au mois de juin est en particulier expliquée par la moindre contraction du secteur de l’électronique, à –0,9 % en g.a (après –18,2 % en juin). Sur les sept premiers mois de l’année, la production manufacturière s’est ainsi contractée de 1,7 %, celle d’électronique reculant de 5,6 %.
  
  
• Selon un rapport de l’ONG Singapore Environment Council (SEC) et du cabinet Deloitte, un cinquième de la nourriture est gaspillée avant même d’être vendue dans la cité-Etat, l’équivalent de 2,5 Mds SGD soit 1,8 Md USD par an. 342 000 tonnes de nourriture, soit 62 kg par personne, seraient ainsi gaspillées chaque année durant la production et la distribution. Le rapport recommande en particulier d’accroître la production locale, qui représente aujourd’hui environ 10 % de la nourriture consommée dans la cité-Etat. Pour mémoire, le gouvernement a fixé l’objectif de 30 % de nourriture produite localement d’ici 2030, en développant notamment les fermes urbaines. Parmi les autres solutions proposées dans le rapport, on retrouve le développement de l’économie circulaire, l’amélioration de la chaîne du froid et la sensibilisation (notamment sur l’apparence des fruits et légumes, dont 167 000 tonnes sont perdues chaque année).

• Le Vietnam a présenté sa stratégie d’attractivité des investissements directs étrangers à horizon 2030. Le Vietnam accordera la priorité aux projets présentant une technologie avancée, une valeur ajoutée significative et une intégration élevée dans les chaînes de valeur mondiales. Les nouveaux secteurs prioritaires identifiés concernent les domaines du numérique, des télécommunications, l'électronique avancée, l’automobile, les machines agricoles, la recherche et développement. Le Vietnam espère ainsi attirer entre 30 et 40 Mds USD par an sur 2021-2025, et entre 40 et 60 Mds USD par an sur 2026-2030. Selon la CNUCED, le Vietnam a attiré 15,5 Mds d’IDE en 2018 (en hausse de 9,9 % par rapport à 2017).
  
  
• L’entreprise singapourienne de transport et de services à la demande Grab investira 500 M USD supplémentaires au Vietnam sur les cinq prochaines années, afin d’étendre son réseau de transport, de livraison de produits alimentaires et de paiement. La société a déclaré que ce nouvel investissement  viendrait s'ajouter aux 200 M USD qu’elle s’était déjà engagée à investir d’ici la fin de l’année. Parallèlement, Grab a également conclu un partenariat stratégique avec Sovico Group, maison mère de la compagnie aérienne Vietjet, afin de collaborer sur des solutions de mobilité et de logistique.
  
  
• Hô-Chi-Minh-Ville a démarré la construction d’une usine de valorisation énergétique des déchets, et annoncé deux autres projets d’usines. La construction de la première usine, d’un coût de 400 M USD, a commencé cette semaine, avec une mise en opération prévue pour fin 2020. Cette usine pourra traiter initialement 2 000 tonnes de déchets par jour, puis 4 000 tonnes à partir de 2021. Les deux autres projets seront lancés d’ici septembre ou octobre. Ces usines seront construites au sein d’installations déjà existantes dans le district de Cu Chi gérées par la société Tam Sinh Nghia Investment Development JSC., Vietstar Joint Stock Company et Tasco Joint Stock Company.

• Le gouvernement vient d’approuver des subventions pour la production de riz et d’huile de palme, pour un montant de 59 Mds THB soit 1,9 Md USD. Dans les deux cas, les prix seront garantis sur un an (à partir d’octobre prochain), le gouvernement compensant la différence entre le prix garanti et le prix du marché, sous un certain plafond pour chaque type de culture. Cette promesse électorale fait partie du plan de relance annoncé la semaine dernière par les autorités. 300 000 agriculteurs pourraient être concernés.
  
  
• La courbe des taux des bons du Trésor thaïlandais s’est brièvement inversée le 26 août, pour la première fois depuis 2011. Le rendement des produits à deux ans est ainsi devenu supérieur à celui des produits à dix ans. Cela traduit une inquiétude des investisseurs quant aux performances de l’économie thaïlandaise à court terme. Pour mémoire, la croissance thaïlandaise a baissé pour le deuxième trimestre consécutif au T2 2019 (+2,3 % en g.a., son plus bas niveau depuis 5 ans, après +2,8 % au T1 2019 et +3,6 % au T4 2018), poussant le gouvernement à mettre en œuvre un plan de relance. Lors de la précédente inversion en 2011, la Thaïlande était touchée par des inondations qui avaient causé une récession.
  
  
• Le ministère de l’industrie va améliorer les normes de qualité pour les produits industriels fabriqués en Thaïlande. Le Thai Industrial Standards Institute (TISI) sera chargé de proposer de nouveaux standards visant à accroître la qualité de la production locale. L’acier thaïlandais sera le premier produit concerné, alors que la demande augmente en raison de nombreux projets d’infrastructures (notamment dans l’Eastern Economic Corridor). Cette mesure s’inscrit dans la stratégie du gouvernement d’encourager l’utilisation de produits thaïlandais pour les projets d’infrastructures, avec un objectif à 90 %, que le gouvernement envisage par ailleurs de rendre obligatoire.

• Les Philippines ont accueilli 4,1 millions de visiteurs étrangers au premier semestre 2019, soit une progression de 11,4 % en glissement annuel, d’après le ministère du tourisme. L’industrie du tourisme aurait généré un revenu de 245 Mds PHP (soit 4,7 Mds USD) sur les six premiers mois de l’année, soit une augmentation de 17,6 %. Les visiteurs étrangers ont principalement été originaires de Corée du Sud, de Chine, des Etats-Unis, du Japon et de Taiwan. Pour 2019, le gouvernement a pour objectif d’accueillir 8,2 millions de visiteurs étrangers. Malgré le potentiel dont dispose le pays, l’industrie du tourisme reste encore peu développée, notamment en raison d’un manque d’infrastructures.

• Le gouvernement du Cambodge envisage de produire de l’énergie à partir de déchets, face à l’augmentation alarmante de la production de ces derniers. La capitale Phnom Penh produit par exemple environ 2 800 tonnes de déchets par jour, avec une augmentation annuelle de 10 à 13 %. Alors que le pays importe encore 15 % de son électricité, le gouvernement cherche à accroître la production locale. Pour mémoire, le gouvernement a par ailleurs annoncé en début de mois sa volonté d’accroître la part de l’énergie solaire à 15 % de la production électrique totale d’ici 2020 (contre environ 3 % aujourd’hui).

• La Banque asiatique de développement fournira un financement de 47 M USD pour le développement des infrastructures de la province de Vientiane afin de faire face à la croissance du tourisme dans la région. Le projet prévoit la construction, autour du lac de barrage de Nam Ngum, d’un site de collecte des déchets, d’un quai, ainsi que d’une voie routière et d’un pont permettant de relier le lac au district de Vang Vieng. La construction devrait débuter en 2020.
  
  
• Le gouvernement émettra 1700 Mds LAK soit 195 M USD d’obligations sur la bourse laotienne (Lao Securities Exchange). Ces obligations en monnaie locale seront cotées le 26 septembre et proposées en six maturités : trois ans (coupon de 6,80 %), cinq ans (6,95 %), sept ans (7,20 %), dix ans (7,50 %), quinze ans (7,70 %), et vingt ans (8,00 %). La valeur faciale de chaque obligation sera de 1 M LAK, soit 114 USD.

• Le ministère de la construction et la société thaïlandaise Amata Corp ont signé un accord-cadre visant à développer conjointement une ville intelligente et écologique dans la banlieue de Yangon. La première phase du projet de « Smart and Eco City », qui doit être achevée d’ici cinq ans et  dont l’investissement est évalué à 1 Md USD, comprend des propriétés résidentielles, des bureaux et des propriétés industrielles. Yangon Amata Smart and Eco City Ltd (YASEC), la coentreprise responsable du projet, sera contrôlée par Amata à hauteur de 80 %, le reste de la participation devant être détenu par le ministère par l'intermédiaire de son département de développement urbain et du logement. Le groupe Amata développe principalement des zones industrielles en Thaïlande et au Vietnam.

• Timor-Est et l’Australie ont ratifié un traité sur leur frontière maritime, qui définit les parts des revenus générés par l’exploitation des réserves d’hydrocarbures en Mer de Timor revenant à chacun des deux pays. Ce traité, signé en 2018, ouvre la voie à l’exploitation des réserves d’hydrocarbures du champ de Greater Sunrise en Mer de Timor. Les revenus générés reviendront à hauteur de 70 % à Timor-Est et 30 % à l’Australie, si le gaz est envoyé vers Timor-Est pour traitement. A l’inverse, s’il est envoyé vers Darwin, 80 % reviendront à Timor-Est.

Rédigé par : Pôle macroéconomique SER de Singapour
Contributions : SE de Bangkok, SE d’Hanoï, SE de Jakarta, SE de Kuala Lumpur, SE de Manille, SE de Rangoun, SE de Phnom Penh et Antenne de Vientiane