Le directeur de la division environnement de l’OCDE, Rodolfo Lacy, était à Jakarta la semaine du 8 juillet pour le lancement du rapport Green Growth Policy Review de l’Indonésie (Résumé de 16 pages sur le site de l’OCDE). Ce rapport est le premier rapport complet et transversal sur les politiques en matière d’environnement et la synergie entre les différentes thématiques environnementales. Il se calque sur les Revues des Performances Environnementales (EPR) des membres de l’OCDE.

L’OCDE formule 49 recommandations de politiques favorables à une croissance plus verte, regroupées en  4 grandes thématiques.

  1. La qualité de l’air : le niveau de pollution de l’air (exposition moyenne de la population au PM2.5) en Indonésie est supérieur au seuil maximum établit par l’OMS.
    qualité de l'air OCDE
    L’OCDE recommande en priorité d’améliorer les systèmes de mesure de la qualité de l’air qui permettraient de mieux informer la population. Il est aussi recommandé à l’Indonésie d’identifier les principaux émetteurs et d’établir des standards pour les industries.

  2. La gestion des déchets : 20% des déchets ne sont pas gérés et 66% aboutissent dans des décharges à ciel ouvert.
    gestion des déchets en Indonésie
    Le rapport recommande notamment de fermer ces décharges, de traiter 100% des déchets, de veiller à l’application des réglementations et de responsabiliser les producteurs.

  3. L’eau : l’accès à l’eau et à l’assainissement couvre 72% et 68% de la population (avec de fortes disparités géographiques) et les infrastructures peine à suivre le rythme de l’urbanisation de la croissance de la population.
    accès à l'eau et à l'assainissement
    L’OCDE recommande de faire un suivi des niveaux des eaux souterraines de faire de la prévention auprès des populations sur la pollution des eaux de surface.

  4. Climat, émissions de gaz à effet de serre (GES) et énergie : la croissance indonésienne est actuellement couplée à la croissance de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. L’objectif de réduction des émissions de GES et de part des énergies renouvelables dans le mix énergétique sera difficile à atteindre si l’Indonésie continue de s’appuyer sur le charbon pour l’électricité.
    intensité carbone de l'énergie OCDE
    À ce sujet, l’OCDE encourage l’Indonésie à poursuivre ses efforts pour collecter des données sur les émissions de GES, ce qui permettrait de mesurer efficacement les progrès et les effets de politiques mises en place. Une autre recommandation concerne la révision de la politique énergétique, la définition d’un objectif de réduction des émissions du secteur et la mise en place d’instruments (prix du carbone). L’OCDE encourage aussi le pays à fermer les centrales à charbon les moins efficaces, à rénover les autres, et à interdire les investissements dans l’énergie au charbon d’ici 2030.

 

L’OCDE souligne aussi la nécessité de poursuivre la réduction des subventions ayant des externalités négatives pour l’environnement, ie. les subventions aux carburants d’origine fossile et les subventions sur les engrais. Cela permettrait de dégager de nouvelles marges budgétaires. L’Indonésie, en tant que membre du G20, s’est d’ailleurs engagée à rationaliser et éliminer les subventions à l’énergie qui encouragent une consommation inutile. En 2017, avec l’Italie, elle a démarré un examen réciproque des subventions aux combustibles fossiles (rapport publié lors du G20 d’Osaka).

Le rapport ne couvre pas les questions de financement vert, mais évoque les possibilités pour le gouvernement d’accroître ses revenus des taxes environnementales (seulement 0,8% du PIB en 2016 contre 1,6% en moyenne dans les pays  de l’OCDE).

 La question du financement vert era abordée notamment lors du Forum Clean Energy Finance and Investment Mobilisation (CEFIM) qui se tiendra à Paris en octobre.

 

Les graphiques utilisés dans cet article proviennent de la présentation de lancement du rapport.