Quel sera l’impact de la crise bancaire sur les finances publiques ?

La crise bancaire qui se profile depuis 2017 va impacter davantage encore les finances publiques, le secteur public marchand ayant vu ses indicateurs passer au rouge en 2018. La montée des créances douteuses ne se ralentit pas en 2019 et la facture pour les banques d’Etat s’aggrave.

L’encours de Prêts non performants (PNP) représentait fin décembre 2018 939,1 Mds TK (près de 10 Mds €), correspondant à 10,33% de l’encours des prêts, contre une enveloppe de 743,0 Mds TK fin décembre 2017 (soit une progression de 26% en un an équivalant à 196,08 Mds TK ou 2,1 Mds €). Aucune mesure sérieuse n’a été prise depuis et les créances s’accumulent en 2019 dans certains établissements.

Les 6 banques publiques représentaient à elles seules 52% des encours d’impayés fin 2018. L’absence de mesures radicales en 2018 a laissé la situation empirer : fin mars 2019, les PNP atteignent un niveau historique, jamais vu depuis 48 ans : selon la Banque centrale, l’encours de PNP a crû de 169,62 Mds TK au premier trimestre, portant à 1109 Mds TK ou 11,9 Mds€ le niveau de créances douteuses, soit un nouveau record de 11,9% des encours.

La descente aux enfers s’accélère pour 14 établissements dont 4 banques publiques (Janata Bank principalement avec 41,9 Mds TK de PNP en plus, Agrani Bank , Rupali Bank et Sonali), d’autant que le secteur bancaire dans son ensemble a vu par ailleurs son encours de PNP non provisionné monter à 116,5 Mds TK (1,25 Mds€) à fin mars 2019, qui s’ajoute aux créances douteuses inscrites aux bilans des banques.

Il est plus que vraisemblable que la situation a continué de se détériorer au second trimestre.

La recapitalisation des banques publiques a un coût budgétaire conséquent, qui va s’amplifier dans les années à venir : 15 Mds TK (160 M€) ont été inscrits dans la loi de finance 2018/2019, couvrant 4 banques, qui s’ajoutent aux 160 Mds TK (1,71 Mds €) de capitaux frais injectés depuis 2009 par l’Etat dans ses banques, pour un résultat plus que contestable, puisque tout est à refaire ou presque.

Dans le budget présenté pour 2019/2020, l’Etat a inscrit dans les dépenses de capital (Operating Capital Expenditure) d’une part 167,16 Mds TK (1,79 Mds€) au titre de l’acquisition d’actifs (contre 152,70 Mds TK au budget révisé de 2019 et 137,86 Mds TK dans la LFI 2019), d’autre part 144,82 Mds TK (1,55 Mds€) au titre des capitaux en actions (Investments in shares & equities) contre respectivement 19,94 Mds dans la LFR 2019 et 159,62 Mds TK en LFI, ce qui porte à croire que la recapitalisation des banques d’Etat inscrite en 2019 sera opérationnelle dans le courant de l’année fiscale à venir ; pour mémoire, seulement 2,25 Mds TK (24,1 M€) avaient été dépensés en 2018 sur ce poste.