L’Indonésie est le plus gros producteur de nickel au monde (17% de la production mondiale). Fort de ces ressources, le gouvernement souhaite développer la transformation du minerai en dérivés utilisables pour la production de batteries électriques. Les investisseurs étrangers, pour la plupart chinois, sont déjà fortement mobilisés sur des projets de grande ampleur. Le développement de cette filière favoriserait l'émergence d'une production nationale de véhicules électriques.

Batteries pour véhicules électriques

L’Indonésie dispose de ressources en nickel importantes qui lui permettent de fournir 17% du marché mondial soit environ 350 000 tonnes de « contenu nickel » en 2018 et qui font l’objet d’investissements de plusieurs milliards USD, pour l’essentiel de la part de groupes chinois. Plusieurs projets ont pour objectif  de créer une filière locale puissante dans la transformation du minerai en composants nécessaires à la production de batteries électriques :

  • Extension du parc industriel de Morowali (2000 ha, Sulawesi centre) pour développer les activités de transformation du minerai, dont l’île est riche en réserves. Le site, développé par le géant chinois de l’acier Tsingshan, produit déjà 3 M de tonnes d’acier inoxydable par an avec son complexe pyrométallurgique. Les groupements Tsingshan, CATL et GEM (producteurs chinois de batteries) d’une part et Huayou (raffineur chinois de cobalt) et Tsingshan d’autre part, ont prévu d’investir 4 Mds USD dans des usines d’hydrométallurgie qui devraient leur permettre de produire, dès 2021, de l’hydroxyde de nickel, un composé essentiel pour la fabrication des batteries lithium-ion, à hauteur de respectivement 50 000 tonnes et 60 000 tonnes par an. Ces projets permettront de produire également du sulfate de cobalt et du sulfate de manganèse, autres composants importants des batteries électriques.
  • Construction d’une usine d’hydrométallurgie par les groupes Ningbo Lygend (mineur chinois) et Harita (groupe minier indonésien) pour la production d’ici 2021 de 30 000 tonnes d’hydroxyde de nickel sur les îles Obi (Moluques Nord), également riches en nickel.

Le développement de la production indonésienne d’hydroxyde de nickel devrait permettre l’émergence d’une chaîne de production des composés destinés à la production de batteries électriques. Dans la mesure où la proportion de nickel dans une batterie électrique peut atteindre jusqu’à 80% de sa composition, la proximité des ressources est un atout majeur au développement d’une production locale de batteries. Ce secteur est aujourd’hui dominé par les Chinois (BYD, CATL...), les Japonais (Panasonic) et les Sud-Coréens (Samsung SDI, LG Chem) et offre de nombreuses opportunités de développement étant donné la diversité des sous-secteurs : cathodes, anodes, électrolytes, séparateurs et autres composants nécessaires à la construction d’une batterie. Pour les autorités indonésiennes, l’enjeu actuel est donc de créer une filière de transformation locale des matières premières pour ne pas être dépendant de l’importation de batteries construites à l’étranger. 

Le succès du développement d’une production locale de batteries électriques rendrait possible et opportun la création d’une filière nationale de véhicules électriques. Le gouvernement indonésien mise sur le développement de cette filière pour réduire sa dépendance à l’importation d’énergies fossiles et favoriser l’utilisation d’une énergie électrique plus propre pour atteindre ses engagements climatiques. Le ministère de l’industrie a ainsi énoncé deux objectifs pour 2025 : 20% de production de voitures électriques, soit 400 000 unités par an, et un parc de 2 millions de deux-roues motorisés électriques.

Voiture électrique

Le gouvernement prépare une réglementation pour favoriser une filière nationale du véhicule électrique et attirer les investisseurs. Un règlement présidentiel à l’étude depuis plusieurs années est maintenant en phase d’examen final. Certaines mesures qui devraient y figurer ont déjà été communiquées et devraient permettre de favoriser le développement des véhicules électriques :

  • Mise en place d’avantages fiscaux pour inciter les entreprises à investir dans ce secteur.
  • Développement des infrastructures de recharge, a priori davantage sous la forme d’incitations à l’installation de bornes sur le domaine privé.
  • Révision de la luxury tax sur les véhicules (PPnBM, actuellement de 10% à 200% de la valeur d’achat en fonction de la cylindrée) qui variera désormais selon la quantité de CO2 produite par le véhicule. Les véhicules électriques et à pile à combustible seraient ainsi exonérés de taxe, tandis que les véhicules hybrides ou à haut rendement énergétique pourraient être taxés à des taux plus faibles que les véhicules classiques.
  • Introduction d’une nouvelle mesure fiscale visant la suppression des droits de douanes pour les importations de véhicules électriques.
  • Introduction de tarifs préférentiels à l’achat d’électricité ou de la gratuité de l’électricité supplémentaire consommée pour les ménages équipés d’un véhicule électrique.

La crédibilité de la filière des véhicules électriques, grâce aux projets miniers, suscite l’intérêt des constructeurs automobiles et des investisseurs. Le gouvernement indonésien a ainsi annoncé la construction d’un parc industriel automobile dans la province de Java-Est (plusieurs localisations étant possibles) et recherche des investisseurs qui pourront développer la production de voitures électriques sur le territoire. Hyundai Motor, mais également Mitsubishi, BMW, Volkswagen et Nissan semblent particulièrement s’intéresser au marché indonésien du véhicule électrique.