L’Autriche dans une situation politique inédite : un gouvernement intérimaire jusqu’à la fin de l’année ?

 

A la suite du scandale de l’Ibiza-gate révélé le 17 mai éclaboussant le Vice-Chancelier Strache (FPÖ), une crise politique s’est ouverte en Autriche, conduisant successivement en deux semaines à la fin du  gouvernement de coalition ÖVP-FPÖ et l’annonce d’élections législatives anticipées pour septembre ;  puis à une motion de censure le 27 mai soutenue par le FPÖ et le SPÖ contre le gouvernement de transition Kurz, et enfin la désignation par le Président Van der Bellen le 30 mai après consultations des partis, de Mme Brigitte Bierlein , présidente de la Cour constitutionnelle, comme chef de gouvernement, première femme à occuper ce poste.

Le 3 juin un nouveau gouvernement intérimaire était formé, parfaitement paritaire, constitué au total de 12 personnalités techniques, pour la plupart de hauts fonctionnaires. Ainsi dans le champ économique et social, le ministère des Finances revient à M. Eduard Müller, expert en matière budgétaire et fiscale et dernièrement chargé de la réforme de l’administration territoriale du ministère. Comme ministre de l’Economie et de la Numérisation, Mme Elisabeth Udolf-Strobl, en charge jusqu’ici de la Direction générale des biens culturels, succède à Mme Schramböck ; Mme Maria Patek, qui avait été à la tête de plusieurs directions générales, devient ministre du Développement durable et du Tourisme ; à l’Emploi et les Affaires sociales, c’est Mme Brigitte Zarfl (directrice générale de l’administration) qui succède à Mme Hartinger-Klein. Aux Transports et Infrastructures est promu l’ancien secrétaire général Andreas Reichhardt.

 

Le gouvernement dans son ensemble devra être confirmé devant le Parlement le 12 ou 13 juin. Reste que sa marge de manœuvre sera par définition limitée, se limitant à expédier les affaires courantes. Seuls des projets législatifs consensuels ou en mesure de recueillir une majorité au Parlement seraient susceptibles d’être instruits. D’ores et déjà les projets les plus controversés comme la réforme de la supervision bancaire ont été retirés de l’ordre du jour. Reste à savoir comment le gouvernement intérimaire gérera le dossier de la réforme fiscale qui venait d’être déposé au Parlement avec des mesures d’allègements fiscaux qui devaient entrer en vigueur dès 2020.

....