Brèves de l'ASEAN semaine 22 (2019)

Brèves ASEAN

Faits saillants

►  Le Trésor américain place sous surveillance les politiques de change de Singapour, de la Malaisie et du Vietnam

► Les exportations vietnamiennes vers les Etats-Unis progressent de 40 % au T1 2019

► Toyota annonce la création de sa première filiale de production de voitures en Birmanie

Région

  • Le département du Trésor américain a placé sous surveillance les politiques de change de Singapour, de la Malaisie et du Vietnam. Les trois pays remplissent chacun deux des trois critères établis par l’administration américaine – à savoir un excédent courant supérieur à 2 % du PIB, un excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis supérieur à 20 Mds USD et des interventions sur le marché des changes supérieures à 2 % du PIB. La Malaisie (avec un excédent courant à 2,3 % du PIB et un excédent commercial avec les Etats-Unis de 27 Mds USD en 2018) et le Vietnam (à respectivement 3,0 % du PIB et 40 Mds USD, même si pour l’excédent courant le Trésor américain retient le chiffre de 5,0 % du PIB sur les quatre derniers trimestres en juin 2018) remplissent les deux premiers critères, alors que Singapour satisfait au premier (avec un excédent de 17,7 % du PIB en 2018) et au dernier critère (achats de devises à 17 Mds USD soit 4,6 % du PIB). Dans le même temps, le Trésor a également ajouté à la « watching list » l’Italie et l’Irlande, qui rejoignent ainsi, avec les trois pays de l’ASEAN, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne.

  • Les pays d’Asie du Sud-Est progressent dans le classement de l’International Institute for Management Development (IMD) mesurant la compétitivité internationale de 63 pays. Singapour arrive en tête du classement, devant Hong Kong et les Etats-Unis, pour la 1ère fois depuis 2010, tandis que l’Indonésie réalise l’une des meilleures progressions, gagnant 11 places entre 2018 et 2019. Concernant Singapour, l’IMD souligne la présence d’infrastructures technologiques, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée et la facilité à faire des affaires. L’institution pointe également l’amélioration de l’environnement des affaires, de l’efficacité de l’administration et de l’état des infrastructures en Indonésie et l’augmentation de la productivité et des IDE en Thaïlande.
IMD ASEAN competitiveness 2019

Indonésie

  • La Banque centrale a présenté sa feuille de route « Indonesia’s Payment System 2025 Vision » visant à accompagner la digitalisation croissante de son économie et de son système financier. Dans ce cadre, Bank Indonesia s’est fixé cinq objectifs : renforcer l’intégration de l’économie numérique, accélérer la transformation numérique du secteur bancaire, interconnecter les banques et les fintechs, encourager et rétribuer les bonnes pratiques dans le secteur et protéger les intérêts nationaux dans les échanges numériques internationaux. La feuille de route prévoit notamment la mise en place au second semestre 2019 d’un standard indonésien de QR Code (QRIS) qui permettra l’interopérabilité des paiements en QR codes (les transferts entre portefeuilles numériques rivaux seront possibles).

  • Le gouvernement indonésien et l’entreprise japonaise Inpex Corp ont trouvé un accord pour l’exploitation des champs gaziers de Masela. Inpex Corp détient 65 % des parts du champ, dont l’exploitation va nécessiter un investissement de 20 Mds USD. En vertu du plan final de développement, qui devrait être signé en juin à l’occasion du sommet du G20 à Osaka, le gouvernement indonésien devrait se voir attribuer au moins 50 % de la production gazière. Selon l’autorité de régulation des opérations pétrolières et gazières (SKK Migas), la capacité de production du champ serait de 9,5 millions de tonnes par an.

  • L’Indonésie a réalisé la plus importante émission d’obligations « samouraï » d’Asie, à 177 Mds de yens, soit environ 1,6 Mds USD. Les obligations émises entre le 20 et le 22 mai ont une maturité allant de 3 à 20 ans et sont assorties d’un taux allant de 0,54 % à 1,79 %.

Malaisie

  • L’inflation s’est stabilisée en avril à 0,2 % en glissement annuel. Ce niveau reste bien inférieur à la cible d’inflation (0,7-1,7 %). Dans le détail, les hausses de prix les plus significatives concernent les segments logement, eau, électricité, gaz et autres sources d’énergie (+2 % en g.a) ; éducation (+1,2 %) ; boissons alcoolisées et tabac (+1,2 %) ; et alimentation et boissons non alcoolisées (+1,1 %). Pour rappel, l’inflation a reculé significativement en 2018 (1,0 % en moyenne après 3,7 % en moyenne en 2017) – compte tenu de l’introduction de subventions aux prix des carburants, de la suppression de la GST et de la baisse des prix des produits alimentaires – jusqu’à afficher un taux négatif, pour la première fois depuis 2009, en janvier et février de cette année (−0,7 % et −0,4 % respectivement). Sur la période de janvier à avril 2019, l’inflation est légèrement négative (−0,2 %).

  • Le ministère de l’intérieur a lancé un nouvel appel d’offres pour le développement d’un système d’immigration intégré, cinq mois après que le gouvernement a décidé de mettre un terme unilatéralement au projet SKIN de la société Prestariang Bhd. Seules les sociétés enregistrées auprès du ministère des finances sont autorisées à participer au nouvel appel d’offres. Les sociétés intéressées ont jusqu’au 19 août prochain pour remettre leur offre.

Singapour

  • Des appels d’offres dans le domaine des technologies de l’information et la communication seront lancés par le gouvernement, pour un montant total de 2,5 à 2,7 Mds SGD (soit 1,8 à 2 Mds USD), au cours de l’année fiscale 2019. Au moins 60 % de cet investissement sera consacré à l’approfondissement de cinq projets identifiés par l’Etat singapourien dans le cadre de sa stratégie de transformation numérique (une identité numérique pour tous les résidents, un système national de capteurs urbains, une application –« Moments of life » - accompagnant les citoyens dans leurs démarches administratives, et deux plateformes devant participer au déploiement de services numériques et à une meilleure collaboration entre les agents de l’Etat). Plus de 80 % des appels d’offres devraient être ouverts aux PME, a également indiqué l’agence GovTech, en charge de la mise en œuvre de la stratégie de transformation numérique de l’Etat.

  • L’agence des transports terrestres (LTA) a dévoilé son plan pour le développement du réseau de transport pour la décennie 2030-2040, qui vise à faire gagner aux usagers 15 min chaque jour sur leur temps de trajet. La LTA prévoit que, d’ici à 2040, 90 % des déplacements vers le centre-ville s’effectuent en moins de 45 min et que l’ensemble des usagers soit à moins de 20 min du centre-urbain le plus proche, en intégrant l’ensemble des segments effectués à pied, à  vélo, en bus et en métro. Les autorités entendent donc continuer de développer le réseau de métro (objectif de 360 km de métro en 2030 voire 400 km en 2040, contre 229 km aujourd’hui) et les pistes cyclables (700 km en 2030 et 1000 km en 2040, contre 440 km aujourd’hui) et accroître la qualité des services de bus et métro (y compris en termes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite), notamment en s’appuyant sur l’utilisation d’outils numériques.

  • Le groupe immobilier CapitaLand souhaite faire certifier « vert » l’ensemble des propriétés de son portefeuille d’ici à 2030 et augmenter la part des renouvelables à 20 % de sa consommation d’énergie totale d’ici à 2025. Le groupe indique par ailleurs avoir réduit l’intensité de ses émissions de près de 30 % par rapport au niveau de 2008, dépassant ainsi l’objectif d’une réduction de 20 % qu’il s’était fixé pour 2020.  

Thaïlande

  • L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a attribué à la Thaïlande un score de 65 %, lors de son dernier audit sur la sécurité aérienne. Lors de son précèdent audit mené en octobre 2017, l’OACI avait attribué un score de 41 % au pays et avait levé le « drapeau rouge » infligé en juin 2015. Le résultat obtenu lors de ce nouvel audit, supérieur à l’objectif de 60 % fixé par l’OACI, pourrait permettre à la Thaïlande de recouvrer son statut « catégorie 1 » auprès de l’autorité américaine FAA, perdu en 2015, et donc, pour les compagnies aériennes thaïlandaises, d’ouvrir de nouvelles routes à destination des Etats-Unis et de nouer des contrats de partenariat « code-share » avec des compagnies américaines.

  • La Thaïlande a exporté 3,1 millions de tonnes de riz de janvier à avril 2019 et devrait exporter 9,5 M tonnes sur l’ensemble de l’année 2019, d’après la Fédération des exportateurs de riz thaïlandais, un chiffre en-deçà des prévisions du gouvernement (10 M tonnes) ainsi que des résultats de l’année passée (11,1 M de tonnes de riz exportées en 2018). La Thaïlande céderait ainsi sa place de premier exportateur mondial de riz à l’Inde, qui pourrait exporter 10,5 M tonnes de riz.

Vietnam

  • Les exportations du Vietnam vers les Etats-Unis ont augmenté de 40 % en valeur au premier trimestre 2019 par rapport à l’année passée. Si cette trajectoire se poursuit, la valeur des exportations vietnamiennes vers les Etats-Unis sera de 69 Mds USD en 2019, contre 49 Mds en 2018. Le Vietnam deviendrait alors le 7ème fournisseur des Etats-Unis, devant l’Italie, la France, la Grande-Bretagne et l’Inde, alors qu’il occupe actuellement la 12ème place.

  • Deux entreprises russes, Zarubezhneft et Novatek, ont signé des accords de partenariat avec des acteurs vietnamiens pour développer des projets de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le pays, en marge de la visite du Premier ministre vietnamien en Russie. Zarubezhneft et le conglomérat vietnamien T&T Group ont signé un MoU pour développer des projets de centrales GNL et renouvelables (capacités totales de 4 GW, 4,5 Mds USD d’investissement), tandis que Novatek a signé un MoU avec la province de Ninh Thuan pour la construction d’un terminal d’importation de GNL et d’une centrale à gaz (en partenariat avec Total, Siemens, et Vietnam A&A Technology Investment). Par ailleurs, l’US Trade and Development Agency (USTDA) a accordé un don de 1,4 M USD à l’électricien EVN pour réaliser une étude de faisabilité portant sur la localisation et le design d’un terminal d’importation GNL et d’une centrale à gaz, comme annoncé fin 2018.

Philippines

  • La Banque asiatique de développement (BAsD) a approuvé un prêt de 2,75 Mds USD pour le financement des sections Malolos-Clark (51 km) et Blumentritt extension (2 km) du projet de ligne de chemin de fer North-South Commuter Railway Extension Project (NSCR, 163 km). Il s’agit du montant le plus élevé jamais alloué par la BAsD pour financer un projet d’infrastructure. Le projet des deux sections est co-financé par l’agence japonaise de coopération internationale (JICA) à hauteur de 2 Mds USD. Le prêt de la BAsD permettra de couvrir les travaux de génie civil, alors que celui de la JICA porte sur le matériel roulant ainsi que sur les systèmes électriques et mécaniques. La section Malolos-Clark, qui devrait être partiellement opérationnelle en 2022, permettra de relier en moins d’une heure l’aéroport international de Clark (80 km au nord de la capitale) à Manille.

Cambodge

  • Lors de la 25ème conférence sur l’avenir de l’Asie au Japon, le Premier ministre Hun Sen a appelé à une augmentation des investissements japonais au Cambodge. Entre 1994 et 2019, 137 projets d’investissements japonais ont été approuvés par le Conseil pour le Développement du Cambodge, représentant 2,5 Mds USD. De 1992 à 2018, les prêts concessionnels japonais ont atteint 2,8 Mds USD, soit près de 15 % de l’aide au développement octroyée au Cambodge durant cette période. A la même occasion, le Premier ministre a également indiqué que le gouvernement entend supprimer l’impôt minimum sur le chiffre d’affaires (à 1 % par an) dans le but de stimuler les investissements étrangers.

  • Selon le rapport « Energy Progress Report 2019 » de la Banque mondiale, l’électrification du Cambodge est l’une des plus rapides au monde (+8,3 % par an). Le réseau électrique couvrait à la fin de 2017 près de 90 % du territoire. Le rapport indique que les solutions hors-réseau constituent le moyen le plus rapide d’élargir l’accès à l’électricité des zones rurales, où seulement 67 % de l’électricité provient du réseau national.

Birmanie

  • Toyota a annoncé la création de sa première filiale de production de voitures en Birmanie. L’entreprise japonaise va investir 53 M USD dans une usine d’assemblage de modèles Hilux située dans la zone économique spéciale de Thilawa, près de Rangoun. L’usine devrait être opérationnelle dès 2021 et permettre de produire 2500 véhicules par an. Le marché birman de l’automobile connait une croissance stable pour les véhicules neufs: si 100 000 véhicules particuliers, majoritairement japonais et d’occasion, sont vendus en moyenne chaque année depuis 2011, la part de véhicules neufs a atteint 18 % en 2018, soit deux fois plus qu’en 2017. 

Laos

  • Le commerce extérieur du Laos recule de 1,5 % en g.a. au premier trimestre 2019, à 2,3 Mds USD. La baisse des importations (1,2 Md USD au T1 2019, contre 1,4 Md USD au T1 2018) et la hausse des exportations (1,1 Md USD au T1 2019, après 989 M USD au T1 2018) permettent au pays de réduire son déficit commercial, qui s’établit à 143 M USD (après −374 M USD au T1 2018). En 2018, le commerce extérieur du Laos a progressé de 16 %, à 11,3 Mds USD et le pays a enregistré un déficit de 437 M USD, du fait de l’importation de matériaux de construction, de véhicules et de carburant.

  • Les arrivées de touristes sont en légère baisse sur les premiers mois de 2019 (−0,5 % par rapport à la même période l’an passé), avec notamment une forte baisse du nombre de touristes venus d’Europe, des Etats-Unis, du Japon, de Corée et de Thaïlande. Pour autant, les autorités prévoient une augmentation du nombre de visiteurs sur l’année 2019 (4,5 millions, soit une hausse de7 % par rapport à 2018), du fait de la forte croissance des touristes chinois.

Timor-Oriental

  • La Banque mondiale vient de publier son rapport sur l’économie du Timor-Oriental, qui devrait, selon ses prévisions, croître de 3,9 % en 2019 après deux années de récession (−3,5 % en 2017 et −0,7 % en 2018). L’institution prévoit que la hausse de la consommation privée et des dépenses publiques expansionnistes tireront la croissance en 2019. La baisse des réserves et des revenus pétroliers, ainsi que les retraits du fond souverain Petroleum Fund pour le rachat des parts de la joint-venture Greater Sunrise, devraient, par ailleurs, creuser le déficit budgétaire. La Banque mondiale identifie plusieurs défis à moyen terme pour le pays : la diversification de son économie, l’amélioration de la dépense publique, la sécurisation des investissements pour le développement des champs Greater Sunrise et l’investissement en capital humain.

 

Rédigé par : Pôle macroéconomique SER de Singapour
Contributions : SE de Bangkok, SE d’Hanoï, SE de Jakarta, SE de Kuala Lumpur, SE de Manille, SE de Rangoun, SE de Phnom Penh et Antenne de Vientiane