Actualités du transport aérien Inde 1er – 14 mai 2019

Impact des tensions indo pakistanaises sur le trafic aérien :

Le Pakistan a partiellement ré ouvert son espace dans l’ouest du pays, mais il reste fermé le long de la frontière avec l’Inde. En conséquence, aucun vol en provenance de l’Inde et à destination de l’ouest et aucun vol en provenance d’Afghanistan ou à destination de l’Inde ne sont autorisés. Les compagnies afghanes en particulier se plaignent de la situation qui perdure depuis le 27 février dernier, car elles doivent survoler l’Iran, ce qui induit un coût supplémentaire de kérosène, répercuté sur le prix du billet.

Plus globalement, on estime que 400 vols quotidiens sont affectés en Inde, et que pour la seule compagnie Air India, les coûts supplémentaires, du fait du déroutement des avions, atteignent 6 crore roupies par jour. Comme la plupart des autres transporteurs, Air India survole désormais Mumbai ou Ahmedabad, puis vers la Mer d’Arabie pour rejoindre Muscat avant de voler vers ses destinations finales. Les trajets entre l’Inde et les US sont plus longs de 3 heures et nécessitent un ravitaillement, ceux entre l’Inde et l’Europe d’1 heure et demie, et ceux vers Dubai d’une heure.

En guide d’illustration, on notera que le vol 6E 351 et 6E 15 en provenance d’Ahmedabad et à destination respectivement de Pune et Delhi ont été retardés de 2 heures le 7 mai, tout comme les vols SG 15 pour Dubai, SG 8912 pour Delhi et SG 928 pour Bangalore, en raison d’un problème technique du vol 6E 15 en provenance d’Istanbul et à Destination de Delhi et qui a dû se poser pour ravitailler à Ahmedabad en raison de la fermeture de l’espace aérien supérieur pakistanais.

Des compagnies comme Air Italy and WOW Air se sont retirées du jeu peu de temps après avoir annoncé commencer ses opérations indiennes.

Coopération franco-indienne dans le domaine de l’aviation civile

Au titre de l’accord technique de coopération signé entre la DGAC et la DGCA, un fonctionnaire indien a été choisi pour suivre un mastère spécialisé d’un an à l’ENAC de Toulouse à compter de septembre 2019 dans le domaine des drones, sujet cher aux Indiens.

 

AAI :

AAI anticipe la mise en œuvre de la phase 2 de l’intégration des deux terminaux (domestique et international) de l’aéroport de Chennai, avec l’espoir que les travaux soient finis bien avant la date théorique de 2021.

AAI va publier un appel d’offres pour l’équipement de navigation aérienne de ses trois centres de contrôle de Mumbai, Bangalore et Hyderabad. L’enjeu est de taille, puisque la société qui sera notifiée se verrait plus facilement confier ensuite l’équipement des autres centres, AAI ayant le projet d’un Ciel Pan indien unique.

Le directeur régional de la région nord est d’AAI se félicite de l’avancement des travaux de construction du centre réservé à la communauté affectée par le développement de l’aéroport de Guwahati.

 

Compagnies aériennes :

Si la plupart des compagnies aériennes indiennes souffrent en ce moment, le nombre de passagers ne faiblit pas et les compagnies à bas coût se développent rapidement, en transport domestique mais aussi désormais à l’international.

Les compagnies traditionnelles, comme Air India ou Jet Airways, sont comparativement dans une situation moins favorable, à l’exception de Vistara, devenue le concurrent principal de Air India depuis que Jet Airways a suspendu toutes ses opérations aériennes.

IATA estime que d’ici 2037, India aura un nombre de passagers par an de 572 millions.

  • Air India :

Le groupe Air India – Air India, Air India Express, Alliance Air – dispose d’une flotte de 160 appareils pour 78 destinations domestiques et 44 internationales.

Air India envisage de remettre en état 19 de ses appareils (10 A320, quelques Boeing 787-800 et Boeing 777) actuellement cloués au sol et non maintenus pour offrir plus de capacité et accroitre ses parts de marché. La compagnie envisage également d’embaucher 150 pilotes et PNC de Jet Airways.

Les aéroports de Kolkata, Ranchi et Bhubaneswar ont été fermés en raison du cyclone Fani qui a touché la baie du Bengale les 3 & 4 mai. La Marine indienne a mis à disposition des autorités 7 bateaux de guerre, 6 avions et 7 hélicoptères. Plus d’un million de personnes ont dû être évacuées.

  • Jet Airways :

Jet Airways a suspendu toutes ses opérations aériennes le 17 avril, faute de financement.

A la date limite du 10 mai, le consortium de créanciers Jet Airways, mené par State Bank of India, n’a reçu qu’une seule offre de recapitalisation de la part d’Etihad, déjà actionnaire minoritaire dans Jet Airways, pour un montant maximum de 1 700 crore roupies, bien loin des 15 000 crore roupies dont Jet Airways aurait besoin pour reprendre ses opérations. Etihad a fait savoir qu’elle ne mettrait pas plus d’argent sur la table que la somme nécessaire pour maintenir ses 24% de participation. Elle refuse également de reprendre à son compte les dettes de la compagnie et estime qu’il ne lui appartient pas non plus de trouver un nouvel investisseur.

Le plan de sauvegarde de Jet Airways, mis en œuvre par ses banquiers créanciers, prévoyait de transformer les dettes en actifs, avec 114 millions de parts émises par les banques au prix initial de 1 Rs, mais un Ordre de la Cour Suprême a remis en cause entretemps le règlement de la Reserve Bank of India sur la restructuration de la dette du 12 février 2018.

Gaurang Shetty, l’un des directeurs et également membre du Conseil d’administration de Jet Airways, a donné sa double démission en date du 23 mai (mais effective au 23 avril) ; c’est la troisième démission en l’espace d’un mois.

A l’occasion du 26ème anniversaire de la compagnie début mai 2019, des employés se sont réunis à l’aéroport de de Delhi pour demander à ce qu’elle soit sauvée.

Airports Authority of India a fermé les bureaux occupés par Jet Airways sur les aéroports d’Amritsar, Udaipur, Indore et Ahmedabad, et s’apprête à encaisser les garanties bancaires, alors que le Bureau of Civil Aviation Security a désactivé les badges d’accès des personnels de Jet Airways sur 15 aéroports.

La DGCA a d’ores et déjà redistribué certains des créneaux de Jet Airways non utilisés à d’autres compagnies aériennes, notamment à Spice Jet et IndiGo, pour une période de 3 mois, de façon à limiter la perte de capacité sur le marché domestique. On notera par exemple que Jet Airways dispose de plus de 440 créneaux sur les seuls aéroports de Delhi et Mumbai.

Au même moment, le « Enforcement Directorate » du Ministère des finances, et le « Serious Fraud Investigation Office » du Ministère des entreprises font un audit à propos de transactions réputées irrégulières de Naresh Goyal, le fondateur de Jet Airways, notamment dans la vente de 50,1% des parts de Jet Privilege Pvt Ltd, le programme de fidélisation de Jet Airways, à Etihad (possible évasion fiscale de 650 crore roupies lors de la transaction).

Enfin, le bureau du Commissaire du Fonds de pension de la région de Mumbai a convoqué Vinay Dube, CEO de Jet Airways et Suryakant Mahadik, président du BKS (Bharatiya Kamgar Sena), pour une rencontre le 13 mai à l’Institut du travail car Jet Airways n’a effectué aucun versement de la part employeur pour la pension de ses personnels depuis mars 2019.

  • Spice Jet :

La société RAMCO, qui estimait que Spice Jet lui était redevable de sommes non réglées en 2014 pour son logiciel Aviation Software Solutions, s’est fait débouter par le National Company Law Tribunal pour absence de preuves.

Suivant l’exemple de GoAir, Spice Jet a décidé d’introduire une classe business sur ses Boeing 737 opérant sur certaines de ses routes domestiques à compter du 11 mai.

Depuis cette date, Spice Jet offre 12 services supplémentaires, qui viennent s’ajouter aux 77 vols déjà introduits en avril, et propose plus de connectivité internationale vers Hong Kong, Jeddah, Dubai, Colombo, Dhaka, Riyadh et Kathmandu au départ de Mumbai.

  • IndiGo :

La compagnie veut mettre à profit ses A321Neo pour desservir le Vietnam, le Myanmar, l’Arabie Saoudite et les régions d’Asie Centrale. Elle a déjà entrepris des vols sur la Turquie et assurera 7 vols hebdomadaires entre l’Inde et la Chine (Delhi - Chengdu et Kolkata – Guangzhou).

IndiGo est en phase de négociation « avec tout le monde » pour la motorisation de la deuxième série des A320 en commande et à livrer dans les deux ans.

IndiGo dispose à ce jour de 225 appareils, 207 A320 et A320Neo, 2 A321 et 16 ATR.

Elle serait en passe d’annoncer une nouvelle commande « record », reconnait être en négociation avec Airbus mais dit ne pas exclure une offre éventuelle de Boeing et veut investir dans le long range voire l’extra long range.

 

Aéroports :

Dès le troisième trimestre 2019, le système Digi Yatra devait être opérationnel à l’aéroport de Bangalore ; c’est la société Vision Box qui avait remporté l’appel d’offres. Cette technologie de reconnaissance biométrique sera ultérieurement installée dans les aéroports de Delhi, Mumbai et Hyderabad.

Mactan Cebu International Airport (MCIA) pourrait faire une offre pour l’amélioration et la concession de l’aéroport international Ninoy Aquino de Manille ; le tandem philippino-indien Megawide – GMR, qui construit le nouveau terminal de l’aéroport international Clark, s’est fait disqualifier pour Pampanga. Bien que non sollicitée, l’offre spontanée de NAIA Consortium devrait être examinée par la National Economic and Development Authority.

Delhi International Airport Ltd (DIAL) envisage de lever 350 millions de Dollars US via des obligations à 10 ans pour financer le programme d’expansion de l’aéroport, de façon à accroitre la capacité à 100 millions de passagers par an. DIAL estime que ce projet lui coûtera 9 800 crore Roupies pour les 3 phases.

Le gouvernement indien entend faire du futur aéroport de Jewar le plus grand en surface de toute l’Inde. Avec un coût estimé à 3,1 milliards de dollars US, cet aéroport PPP aurait une capacité de 60 lakhs passagers à son ouverture (en 2023, selon le CEO de YEIDA – Yamuna Expressway Industrial Development Authority).

 

Sécurité / Incidents:

Le système SITA a connu un bug le 11 mai, affectant 155 vols et entrainant un retard de 2 heures en moyenne. Le problème technique, découvert à l’occasion d’une maintenance de routine, a principalement affecté Air India.

Le vol SG 8720 opérant entre Bangalore et Delhi a été détourné sur Nagpur en raison d’un problème technique le 10 mai et le vol SG 611 qui devait assurer un Mumbai Chennai est retourné à Mumbai 16 minutes après avoir décollé en raison d’un problème technique survenu pendant le vol.

Le vol AF 218 Paris – Mumbai a dû se poser à Isfahan, en Iran, du fait de fumées dans le cockpit le 8 mai.