Des échanges en hausse, tirés par la remontée du cours des hydrocarbures

Les échanges extérieurs de biens indiens (importations et exportations) se sont élevés à 837 Mds $ sur l’année calendaire 2018 selon les données publiées par le ministère du Commerce et de l’Industrie. En hausse de 14 %, les importations de marchandises enregistrent une plus forte progression que les exportations, qui ont connu un essor de 8,5% ; les deux composantes s’établissent respectivement à 512 et 325 Mds $ en 2018.

La hausse des importations de marchandises s’explique principalement par la remontée du cours des hydrocarbures alors que les produits pétroliers demeurent le premier poste d’importation du pays (32.3 % des marchandises importées sur les neuf premiers mois de 2018). En effet, les importations de produits pétroliers ont enregistré une croissance de 37 % en rythme annuel à 169 Mds $.

Bien qu’en baisse de 14 % en glissement annuel, les pierres et métaux précieux s’affichent comme le deuxième poste d’importation (17 % du total), à 65 Mds $. Les importations de biens apparaissent en outre tirées à la hausse par le rebond marqué des importations de machines électriques et électroniques : cette catégorie a crû de 12 % pour atteindre 52 Mds $ (10,6% du total) sur l’an 2018. Les importations de machines de chaudières nucléaires ont été particulièrement dynamiques sur l’année : les importations auraient ainsi progressé de 20 % en valeur, pour atteindre 43 Mds $. On notera par ailleurs l’essor soutenu des importations de produits chimiques (+25,8 %) et de plastique (+16,7 %) qui se sont établies à respectivement 22,6 Mds $ et 15,2 Mds $.

Les exportations de marchandises se sont élevées à 324,7 Mds $ en 2018 et ont enregistré une croissance de 8,5 % en rythme annuel. Après un rebond en 2017, les ventes à l’export maintiennent une dynamique soutenue : premier poste d’exportation, les produits pétroliers ont enregistré une hausse de 31,9 % en rythme annuel pour atteindre 48,7 Mds $, soit 15 % des ventes totales ; cette progression traduit notamment la recrudescence du prix des hydrocarbures. Les exportations de pierres et métaux précieux se sont dans le même temps repliées de 6 % pour s’établir à 40 Mds $ mais demeurent comme le deuxième poste d’exportation (13 % du total). Les ventes de machines et chaudières nucléaires (3ème poste à l’exportation) ont connu hausse de 22 % en rythme annuel, et atteint 20,4 Mds $, soit 6,3 % des marchandises exportées. De plus, les exportations de véhicules, 5ème poste (18,3 Mds $), ont également progressé à un rythme soutenu (+12 %) selon les données du ministère du Commerce et de l’Industrie.

Bien que nettement déficitaires…

Le solde des échanges de biens s’est très nettement creusé sur l’année 2018 : il atteint ainsi 187,5 Mds $ pour les biens, contre 150,6 Mds $ un an plus tôt, avec un taux de couverture des importations[1] à 63,4%, en baisse de 3,1 points par rapport à 2017.

Le creusement du déficit du solde des produits pétroliers, à 120 Mds $, correspond à plus de 60% du déficit de la balance des biens. Si le solde des échanges de biens indiens reste sensible à l’évolution du prix des hydrocarbures (on estime qu’une hausse de 10 $/baril du cours de l’Indian Crude Basket se traduit par la détérioration d’environ 12 Mds $ de la balance des biens), la remontée des cours a exercé une pression certaine sur le solde total : on peut toutefois estimer que le déficit des produits pétroliers devrait s’infléchir à l’aune de la modération du prix des hydrocarbures lors du dernier trimestre de l’année 2018.

L’essentiel de la détérioration du solde hors-hydrocarbures est dès lors imputable à l’évolution du solde des biens d’équipements électroniques qui s’établit à 40,6 Mds $, soit moins d’un quart du déficit total. En outre, on notera le rôle, d’une part, des pierres et métaux précieux, et, d’autre part, des machines et chaudières nucléaires dans le creusement du déficit commercial: un solde négatif total qui s’établit respectivement à 25 et 23 Mds $ pour ces deux dernières catégories.

A l’inverse, on notera les contributions positives à la fois du solde des échanges de véhicules, qui ressortait à 12 Mds $, ainsi que du solde des produits pharmaceutiques, qui affiche un excédent de 12 Mds $.

On notera que les fluctuations du taux de change ont vraisemblablement exercé une incidence notable sur l’évolution des agrégats du commerce extérieur. Sur l’an 2018, le taux de change effectif nominal (TCEN) et le taux de change effectif réel[2] (TCER, dont l’évolution reflète la modération des prix à la consommation en Inde sur la période) se sont, en moyenne, dépréciés de respectivement 8,9 % et 8 %.

Un déficit largement tributaire des échanges avec la Chine et les pays exportateurs de matières premières

La Chine est resté, sur les neuf premiers mois de 2018, le premier fournisseur de marchandises de l’Inde avec 14,8 % des importations totales, pour un montant de 73,8 Mds $. Malgré une hausse de 2,5 % en glissement annuel, les importations depuis la Chine ont perdu 1,5 point de part relative (14,4 % des biens importés en 2018) ; un repli qui reflète principalement le cycle des matières premières, dont les exportations chinoises bénéficient moins que les autres. En outre, les Etats-Unis ressortent comme le deuxième fournisseur de l’Inde : en hausse de 35 %, les ventes américaines destinées à l’Inde se sont élevées à 33,5 Mds $, soit 6,5 % des importations indiennes totales (un gain de 1 point de part relative par rapport à 2017), sous l’effet de la hausse des importations d’appareils/pièces mécaniques ainsi que de produits pétroliers américains.

A l’aune du cycle haussier du prix des hydrocarbures sur la période, l’Arabie saoudite passe devant les Emirats Arabes Unis (EAU) et s’affiche comme le troisième pays de provenance des importations indiennes (+ 34,6 % à 28,4 Mds $, soit 5,5 % du total) ; les exportations émiraties vers l’Inde, quant à elles, affichent une hausse moindre (+ 16,4 % à 27 Mds $). Les importations indiennes depuis l’Irak (5ème fournisseur de l’Inde sur la période considérée), imputables principalement aux produits pétroliers, ont quant à elle crû de 51% à 23,1 Mds $.

Avec 15,8 % des exportations totales, les Etats-Unis demeurent de loin le premier client de l’Inde en 2018. Les ventes indiennes aux Etats-Unis se sont élevées à 51,4 Mds $, en hausse de 12 %. Les exportations à destination des Emirats Arabes Unis, qui restent le deuxième client indien, ont quant à elles reculé de 4 % pour s’établir à 28,7 Mds $. On notera, par ailleurs, la forte progression des exportations destinées à la Chine (+ 30,5% à 16,5 Mds $). La Chine devient ainsi, devant Hong Kong (- 11,7% à 13,3 Mds $), le troisième client de l’Inde à l’export.

La Chine reste, de très loin, le pays avec qui l’Inde a entretenu le déficit commercial le plus important : le solde bilatéral s’est, au total, maintenu à 57,4 Mds $ sur l’année 2018 (59,3 Mds $ en 2017). Le taux de couverture bilatéral s’établit ainsi à 20 %, dans le sillage du dynamisme des exportations indiennes vers la Chine.

L’Inde enregistre aussi d’importants déficits commerciaux avec la Suisse (16,8 Mds $), l’Arabie Saoudite (22,8 Mds $), l’Irak (21,2 Mds $), l’Iran (11,9 Mds $), la Corée du Sud (11,4 Mds $), l’Indonésie (11,2 Mds $) et l’Australie (10,4 Mds $). L’inde a, à l’inverse, continué d’afficher un excédent commercial marqué vis-à-vis des Etats-Unis (17,9 Mds $, en chute de 4 Mds $), du Bangladesh (8,2 Mds $) et du Népal (7 Mds $).

Alors que le solde des échanges de l’Inde avec la France apparait désormais excédentaire

La France est ressortie sur l’année 2018 comme le 26ème fournisseur mondiale de l’Inde et le 5ème au niveau européen (derrière la Suisse, l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni). Les exportations françaises à destination de l’Inde ont atteint 5,5 Mds $ selon les données du ministère du Commerce et de l’Industrie indien, soit une baisse de 22% en glissement annuel. Elles représentent désormais 1 % des importations indiennes de marchandises, soit une baisse de la part relative (1,5 % en 2017). Cette tendance récente est presque entièrement imputable aux exportations françaises d’appareils et pièces aéronautiques qui ont en effet chuté en rythme annuel.

En parallèle, la France est le 17ème client de l’Inde et le 6ème au niveau européen[3], derrière le Royaume Uni (9,8 Mds $), l’Allemagne (8,9 Mds $), les Pays-Bas (8,7 Mds $), la Belgique (6,8 Mds $) et l’Italie (5,6 Mds $). Ainsi, les importations françaises ont enregistré un léger recul de 0,15 % en 2018 pour s’établir à 5,2 Mds $.

Notamment, les échanges extérieurs avec la France ont, au total, reculé pour atteindre 10,7 Mds $ sur l’an 2018, soit une contraction de 12,5 % en glissement annuel. Ainsi, alors que l’Inde affichait un déficit commercial de 1,8 Md $ vis-à-vis de la France en 2017, ce dernier s’est contracté pour atteindre 251 M $ en faveur de l’Inde en 2018, dans le sillage de la baisse des importations indiennes (-21,8 %) selon les données du ministère du Commerce et de l’Industrie.


[1] Valeur des exportations ramenée à celle des importations. Si le taux est supérieur à 100, le solde commercial est positif. Cet indicateur permet de mieux rendre compte qu’un solde de l’intensité relative des déséquilibres de la balance commerciale.

[2] Sur la base d’un panier de 6 devises, pondéré par le volume des échanges (source RBI).

[3] Sur la période janvier - septembre 2018.