Le projet de budget du Koweït présenté par le ministre des finances pour l’année fiscale du 1er avril 2019 au 31 mars 2020 s’inscrit dans la continuité du budget précédent, avec des recettes de 16,4 Md de dinars koweïtiens (KWD), soit environ 48 Md€ et  40% du PIB, et des dépenses estimées de 22,5 MdKWD, soit environ 65 Md€ et 55% du PIB, en hausse respectivement de +8,6% et +4,7% (contre une inflation estimée de +2% en 2019). Calculé après transfert au Fonds de Réserve des Générations Futures (environ 5 MdKd, soit 4,5% du PIB), le déficit budgétaire prévisionnel s’établirait à 7,75 MdKWD (contre 7,93 Md en 2018), soit environ 22,6 Md€ et 19% du PIB. Le projet de budget 2019/2020 a été conçu sur la base d’un prix moyen du pétrole brut koweïtien de 55 USD/baril, contre 50 USD pour l’année fiscale 2018/2019 et sur la base d’une production pétrolière de 2,80 millions de barils par jour. Ce projet de budget sera présenté au Parlement pour adoption début mars 2019.

Le 21 janvier 2019, le Ministre des Finances koweïtien a présenté le projet de budget national pour l’année fiscale 2019/2020.

Un budget prévisionnel sans surprise, avec des recettes et des dépenses en hausse

Les prévisions budgétaires pour l’année fiscale 2019/2020 se fondent sur l’hypothèse d’un baril de brut koweïtien[1] à 55$, contre 50$ dans le budget précédent (soit +11%), ce qui est en ligne avec le cours actuel (le prix du baril de Brent se situe aujourd’hui autour des 60$). Le budget se base sur une production pétrolière de 2,80 millions de baril par jour et sur un prix du baril permettant d’assurer l’équilibre budgétaire à 75$ avant transfert au Fonds de Réserve des Générations Futures[2] (80$ après transfert).

Les recettes budgétaires pour 2019/2020 sont estimées à 16,38 MdKWD, soit 40% du PIB, en hausse de 8,6% par rapport aux 15,09 MdKWD estimés pour l’année budgétaire 2018/2019 (mais très probablement en deçà par rapport à l’exécution 2018/2019). Les recettes liées aux hydrocarbures s’élèveraient à 14,52 MdKWD (35% du PIB), en hausse de 9% sur un an, et constitueraient encore 88,5% des recettes totales. Les revenus « hors hydrocarbures » (principalement issues de ventes de biens et services, de taxes sur les transactions internationales et d’impôt sur le profit des entreprises) s’établiraient à 1,87 MdKWD, en hausse de 5,4%. Les prévisions de recettes ont été affectées par la baisse du prix du baril de pétrole intervenue en novembre 2018 et la décision de l’OPEP en décembre dernier de réduire sa production pétrolière de plus de 1 million de barils par jour.

Les dépenses publiques s’élèveront à 22,50 MdKWD, soit 55% du PIB, en hausse de 4,7% par rapport à l’année budgétaire 2018/2019 (21,50 MdKWD). C’est la troisième année de suite que le gouvernement présente un budget avec des dépenses en hausse. Elles se répartissent de la façon suivante :

  • Salaires et émoluments (53,6%) : 12,07 MdKWD, en hausse de 5% sur un an.

Cela prend notamment en compte les salaires des agents des ministères et des autorités publiques (7,74 MdKWD, soit 64% du total), une contribution au fonds de pension koweïtien (2,21 MdKWD) et la compensation aux salariés koweïtiens du secteur privé (objectif de koweïtisation des emplois ; 520,1 MKWD).

  • Subventions (17,6%) : 3,97 MdKWD, en hausse de 6,2% sur un an.

Les principaux secteurs d’activités bénéficiant des subventions sont l‘énergie (48% du total), l’éducation (18%), la santé (12%) et le logement (9%).

Au total, salaires et subventions représentent 71% du budget prévisionnel 2019/2020, contre 73% pour le budget précédent.

  • Dépenses d’investissements : 3,77 MdKWD, en hausse de 0,7% sur un an, représentant 17% du budget.

Elles sont principalement dirigées vers les investissements dans les infrastructures (78% du total).

  • Autres dépenses (12%) : 2,69 MdKWD, en hausse de 6,4% sur un an. Il s’agit de dépenses relatives aux prestations sociales, missions officielles, indemnisations et dédommagements.

Un déficit en légère baisse mais toujours important

Pour la 5ème année de suite, le gouvernement koweïtien présente un budget en déficit. Calculé en excluant les revenus dégagés par les actifs que gère la Kuwait Investment Authority (KIA) et après transfert au FGF, le déficit prévisionnel s’établirait à 7,75 MdKWD, soit 19% du PIB, à l’issue de l’année fiscale 2019/2020, en légère baisse par rapport au budget prévisionnel précédent (7,92 MdKWD). Avant transfert, le déficit budgétaire s’établirait à 6,12 MdKWD, soit 15% du PIB, en baisse de 4,6% sur un an.

 

Tableau comparatif du budget koweïtien pour les années fiscales 2017/2018 à 2019/2020.

Montants en MdKD

2017/2018 (estimé)

2017/2018 (exécuté)

2018/2019 (estimation)

2019/2020 (estimation)

Evolution y/y (%)

Recettes

 

13,35

16,00

15,09

16,38

+ 8,6%

Hydrocarbures

11,71

14,28

13,32

14,52

+ 9%

Hors hydrocarbures

1,64

1,72

1,77

1,87

+ 5,4%

Dépenses publiques

19,89

19,25

21,50

22,50

+ 4,7%

Subventions et allocations diverses

3,06

2,97

3,74

3,97

+ 6,2 %

Salaires (fonction publique)

10,86

11,01

11,49

12,07

+ 5%

Dépenses d’investissement

3,40

3,22

3,74

3,77

+0,7%

Autres dépenses

2,45

2,04

2,53

2,69

+ 6,4%

Bilan avant transfert FGF

-6,54

-3,25

-6,41

-6,12

-4,6%

FGF

1,33

1,60

1,51

1,64

+8,6%

Bilan après transfert FGF

-7,58

-4,85

- 7,92

- 7,75

-2,1%

Source : Ministère des Finances

 


[1]  Le pétrole koweïtien, compte tenu de ses caractéristiques (degré de viscosité élevé), se négocie à un prix moins élevé que le baril de Brent, avec un rabais de l’ordre de 5$.

[2]  Le FGF est un des fonds géré par le fonds souverain (Kuwait Investment Authority) et a été mis en place pour capter une partie de la rente pétrolière sous forme d’un prélèvement annuel équivalent à 10% des recettes budgétaires. Le FGF sert à financer des actifs diversifiés pour assurer les besoins de la population future du Koweït.