Éire Éco - Janvier 2019
Macroéconomie
Croissance trimestrielle du PIB – Au troisième trimestre 2018, la croissance du PIB s’est établie à +0,9% en glissement trimestriel (g.t) corrigé des variations saisonniaires (cvs), stimulée notamment par la consommation des ménages (+1,0%) et par la consommation des administrations publiques (+1,8%). L’investissement (FBCF) a augmenté de +22% (+ 3Mds€), notamment en raison d’importants achats d’avions par les entreprises de leasing – ces opérations augmentant les importations dans les mêmes proportions, l’impact sur le PIB est cependant neutre. La demande totale domestique modifiée (demande totale corrigée des investissements en brevets de propriété intellectuelle et du leasing aéronautique) s’est contractée de -0,6% au T3 2018, alors que la croissance du secteur de la construction demeure robuste, à +5,5% en g.t. cvs. A l’issue du trimestre, l’acquis de croissance pour 2018 reste inchangé à +6,4%.
Activité économique – Le PMI manufacturier est reparti à la baisse en décembre, à 54,5 (contre 55,4 le mois précédent) –, son niveau le plus faible en 9 mois bien que toujours en territoire positif. Les entreprises sondées rapportent une hausse des commandes en provenance du Royaume-Uni et du Moyen-Orient, suggérant ainsi que la faible croissance des commandes provient du reste de l’Europe – ce qui serait cohérent avec le repli continu du PMI manufacturier de la zone euro (51,4). Le PMI irlandais des services était également en baisse, à 56,3 en novembre contre 57,1 le mois précédent, soit son plus bas niveau depuis 9 mois.
Chômage – Le taux de chômage en Irlande était stable en décembre par rapport au mois précédent, à 5,3%, portant ainsi le taux de chômage moyen sur l’année 2018 à 5,7% - soit 1pp de moins qu’en 2017. L’Irlande compte ainsi 20 000 chômeurs de moins fin 2018 qu’elle n’en comptait fin 2017. Le marché du travail atteste de la solidité de la reprise économique en Irlande et du dynamisme de l’économie : fin 2018, le taux de chômage était ainsi de 10,7pp plus faible que lors du pic de janvier 2012 et semble en bonne voie pour passer sous la barre des 5,0% dans les mois à venir. Le taux de chômage des jeunes s’établissait quant à lui à 12,2% en décembre 2018, -0,1pp par rapport au mois précédent et -1,1pp par rapport à décembre 2017. En moyenne annuelle, le chômage des jeunes s’est ainsi établi à 13,5% en 2018 contre 14,4% en 2017 – en diminution bien que toujours élevé.
Immobilier – Selon le rapport trimestriel de MyHome.ie, site spécialisé dans la vente et location de biens immobiliers en Irlande, le prix de vente des biens résidentiels était en baisse de -0,9% en Irlande au T4 2018 (g.t.) et stable à Dublin. Cette baisse reflète avant tout un effet saisonnier – et demeure plus faible que celle observée au T4 2017 (-1,0%). En glissement annuel, le prix de vente des biens résidentiels était ainsi en hausse de +6,1% (contre +5,8% au T3 2018) et +3,0% à Dublin au T4 2018. En décembre 2018, 21 700 propriétés étaient en vente sur MyHome.ie, en hausse de +15% par rapport à décembre 2017 (+44% à Dublin) mais toujours bien en deçà de la demande estimée (autour de 45 000 unités) – l’offre de logement augmente ainsi doucement mais demeure insuffisante pour répondre aux besoins.
Finances publiques
Exchequer – Pour la première fois depuis la crise économique de 2008 et un an avant la date prévue, l’Irlande a dégagé un excédent d’exécution budgétaire en 2018. L’Exchequer (ou budget du gouvernement central) affiche ainsi un excédent de 106 m€ en 2018 grâce à des recettes totales records de 55,58 Mds€ et des paiements d’intérêts de la dette plus faibles que prévus. Ces résultats ont poussé le Premier ministre, Leo Varadkar, à déclarer que l’Irlande pourrait ainsi faire face à n’importe quel choc économique, alors que les risques d’un Brexit sans accord s’intensifient. Le principal facteur de ce niveau record de recettes fiscales demeure toutefois des recettes d’impôts sur les sociétés très élevées, à 10,38 Mds€, soit 1,88Mds€ de plus que les prévisions et 2,18Mds€ (+27%) de plus que l’année précédente. Ces revenus sont très concentrés sur un nombre restreint d’entreprises multinationales : les 10 plus grandes d’entre elles ont ainsi contribué à hauteur de 3 Mds€ en 2017 (37%). Malgré cette forte hausse des recettes, la consolidation budgétaire semble ralentir : les dépenses publiques « primaires » devraient augmenter de +6,0% en 2019, ce qui représente un stimulus significatif pour la croissance du PIB irlandais, alors que l’économie présente déjà des signes de surchauffe.
Le Chiffre Du Mois
190 000
C’est le nombre de demandes de passeports irlandais en provenance du Royaume-Uni en 2018, soit 12% des 855 283 demandes totales reçues cette année. 98 544 demandes proviennent d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Ecosse (+22% par rapport à 2017) et 84 855 d’Irlande du Nord (+2%). Ce record historique s’explique très largement par le Brexit, de nombreux citoyens Britanniques souhaitant conserver leur citoyenneté européenne une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’UE. Selon Simon Coveney, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères, les demandes de passeports irlandais en provenance du Royaume-Uni devraient connaitre une nouvelle hausse en 2019, notamment en cas de Brexit sans accord.
Secteur financier
Allied Irish Bank – La banque irlandaise Allied Irish Bank (AIB) a annoncé la cession d’une partie de son portefeuille de prêts non performants pour 1,4 Md€ à travers le « Project Beech », afin de poursuivre l’assainissement de son bilan bancaire. Selon l’Irish Times, la valeur sous-jacente de ces PNP s’élève à 3,4 Mds€. Cette vente – qui porte sur des actifs sous-jacents tels que des propriétés locatives, des locaux commerciaux et des terrains – représenterait la plus importante d’AIB, surpassant celle du « Project Redwood » (1,1 Md€), et permettrait à la banque de se rapprocher de son objectif d’atteindre un taux de PNP de 5,0% de ses encours totaux de crédits en 2019. En 2018, AIB a réduit son exposition non performante de -29%, à 7,2 Mds€ fin décembre, soit 11% de ses encours.
Standards & Poor’s – L’agence de notation Standards & Poor’s (S&P) a amélioré la note de risque du secteur bancaire irlandais en décembre, qui passe de 5 à 4 sur une échelle de 10 (une note de 1 signifiant le risque le plus faible). Cette révision reflète notamment l’amélioration du profil des crédits dans le bilan des banques irlandaises du fait des récentes ventes de prêts non performants à des tierces parties. S&P souligne également la solidité des marges nettes d’intérêts et anticipe une potentielle reprise de la croissance des prêts dans les mois à venir – facteurs pouvant contribuer à une hausse des profits bancaires. S&P nuance toutefois son optimisme face à un certain nombre de risques, notamment l’inflation sur le marché immobilier et le Brexit.
Politique
Confidence and Supply Agreement – Le 12 décembre dernier, le principal parti d’opposition, le Fianna Fáil, a accepté de prolonger l’accord de confiance « Confidence and Supply Agreement » avec le gouvernement minoritaire du Fine Gael pour un an, jusqu’au printemps 2020, date à laquelle la tenue d’une élection générale est probable. Bien que les détails de cet accord ne soient pas connus, les analystes estiment que le Fianna Fáil soutiendra de ce fait le budget d’octobre 2019 – offrant ainsi une stabilité politique et budgétaire au pays. Les dirigeants des deux partis, Micheál Martin (FF) et le Premier ministre Leo Varadkar (FG), ont tous deux déclaré que cette prolongation de l’accord était « la bonne décision » dans le contexte actuel d’incertitude liée au Brexit.
Brexit
Investissement – Selon un rapport de l’agence publique de promotion de l’investissement, IDA Ireland, l’Irlande a bénéficié de plus de 55 nouveaux projets d’investissement directement liés au Brexit en 2018, qui devraient créer plus de 4 500 nouveaux emplois dans le pays. Selon Martin Shanahan, directeur général de l’IDA, les avantages de l’Irlande dans un environnement post-Brexit sont son anglophonie, son accès au marché unique européen, son système juridique de common law, sa compétitivité et surtout son climat des affaires stable et prévisible pour les investissements étrangers. Parmi les entreprises ayant annoncé en 2018 leur intention d’étendre leurs activités ou d’établir une présence en Irlande, on en compte notamment dans le secteur financier (Bank of America Merrill Lynch, Morgan Stanley, Barclays, Citi Group, Thomson Reuters...), le secteur pharmaceutique (Central Pharma, Wasdell…) et juridique (Legal & General, Simmon & Simmons, Pinsent Masons…).
Diplomatie – Le Brexit pousse l’Irlande à entreprendre sa plus importante expansion diplomatique depuis son indépendance du Royaume-Uni dans les années 20, avec l’ouverture en 2018 de missions diplomatiques à Wellington (Nouvelle-Zélande), Vancouver (Canada) et Monrovia (Libéria). Sept autres missions devraient voir le jour en 2019 : Bombay (Inde), Bogota (Colombie), Santiago (Chili), Aman (Jordanie), Cardiff (Pays de Galles), Los Angeles (Etats-Unis) et Francfort (Allemagne). Trois missions supplémentaires devraient également ouvrir en 2020 (Ukraine, Philippines et Maroc) et 13 autres à l’horizon 2025. Le nombre de représentations diplomatiques de l’Irlande devrait ainsi passé de 80 aujourd’hui à plus de 100 dans les six prochaines années. Selon Simon Coveney, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères, la principale raison motivant cette expansion réside dans la recherche de nouveaux partenaires commerciaux pour les secteurs de l’économie irlandaises qui continuent d’être très dépendants du marché britannique. Le Royaume-Uni est en effet la première source d’importation pour l’Irlande et son deuxième marché d’exportations, derrière les Etats-Unis.
Evolution des indicateurs macroéconomiques
Tableau mensuel
Tableau annuel