Intéressante étude de la Banque de France, qui s’efforce de modéliser les implications structurelles d’une guerre commerciale pour le revenu mondial. Elle présente l’un des rares effort de modélisation des effets économiques indirects qu’engendrerait une hausse généralisée de 10% des droits de douanes au plan mondial. Outre les effets directs classiquement mesurés (renchérissement des coûts des entreprises et des prix à la consommation) elle prend en compte la réaction de la politique monétaire (relèvement des taux d’intérêts réels pour lutter contre les tensions inflationnistes) à court-terme et, évalue les effets indirects à plus long terme :  une baisse de la productivité globale des facteurs du fait d’une protection accrue des entreprises à plus faible productivité ; un durcissement des conditions d’emprunt des entreprise du fait d’une « prime de risque accrue » ; une hausse globale de l’incertitude pénalisant l’investissement. Au total, cette analyse structurelle met en évidence la possibilité d’un impact négatif sur le PIB mondial, bien plus important qu’estimé par les modèles quantitatifs de commerce en équilibre général :  dans le scenario retenu par la Banque de France (+10% de hausse généralisée des droits de douanes), le revenu mondial serait réduit de 2% au moment du choc et près de 3% à deux ans. Or les modèles commerciaux d’équilibre générale parviennent à une estimation de perte de PIB en volume globalement équivalente, mais avec des scenarii de guerre commerciale bien plus grave, puisque tablant sur une hausse généralisée des droits de douane comprise entre 30 et 60% (voir à ce sujet, notre édito des « Brèves de l’OMC » en juin 2018 – « Course de l’Escalade »).  

 https://publications.banque-france.fr/couts-et-consequences-dune-guerre-commerciale-une-analyse-structurelle