La Croatie s’était engagée au côté de l’Europe à augmenter sa part d'énergie provenant de sources renouvelables dans la consommation finale brute d’ici 2020. Cet objectif est déjà atteint tout comme celui fixé pour 2030 (27%) puisque selon le dernier rapport d’Eurostat (qui comprend l’hydraulique) la consommation croate s’établit à 27,9% en renouvelables. Hors hydraulique, l’essor des autres énergies renouvelables depuis 2010 dans le paysage énergétique croate a été marqué par la mise en œuvre de mesures stimulatrices de rachat subventionné de l’électricité produite : avec une part passée de 0,5 à 4,9% entre 2009 et 2015, la Croatie se consacre enfin aux autres sources d’énergies, plus particulièrement l’éolienne.

 

1 / Le cadre réglementaire

 Le 1er septembre 2015, le gouvernement croate a entamé une procédure législative urgente devant le Parlement croate pour l'adoption de la Loi sur les énergies renouvelables et la cogénération à haut rendement. La loi a été adoptée lors de la session parlementaire du 10 septembre 2015 et publiée le 19 septembre 2015 (JO : 100/2015).

Cette nouvelle loi vise à :

  • encourager la production et la consommation d’électricité issue des énergies renouvelables (EnR);
  • déterminer des mesures pour l'amélioration de la production d'électricité;
  • définir les possibilités de construction d'installations de production sur des terrains publics;
  • réglementer la gestion d'un registre de projets, de promoteurs de projets et de producteurs privilégiés;
  • stimuler la coopération internationale dans le domaine des énergies renouvelables.

 Concernant les tarifs de rachat, le prix subventionné et pratiqué jusqu’alors a été jugé relativement élevé et voir même supérieur aux pratiques d’autres pays européens pour certaines technologies. La loi a donc introduit un nouveau concept de primes (market premium model) tout comme des quotas sur le subventionnement de la production d’EnR (pour la période 2016-2020).

 En Croatie, l'électricité issue des renouvelables est donc aujourd’hui encouragée au moyen de :

  • un tarif de rachat garanti pour les installations de moins de 30 kW et,
  • un système de primes (Premium tariff) pour les installations de plus de 30 kW, attribuées par appels d'offres : au prix de rachat défini en vertu de la Loi sur le marché de l’électricité (art. 30 § 4) s’ajoute une prime définie dans le cadre d’un appel d’offre (soumissionnaire le moins disant sélectionné par l’opérateur du marché HROTE). L'opérateur de marché lance un appel d'offres au moins une fois par an, à condition que des quotas pour le soutien de certaines technologies d’EnR soient disponibles.

Des prêts préférentiels et des subventions pour des projets EnR sont également disponibles auprès de la banque de développement croate (HBOR – www.hbor.hr).

L'accès au réseau est pour sa part réglementé par la Loi sur l'énergie et les installations EnR ont un droit d’accès prioritaire. L'électricité provenant des EnR est soumise à des dispositions spéciales uniquement dans le cas des installations éoliennes.

  

2/ La production : les principaux secteurs en développement actuellement

Début 2018, la Croatie compte 1313 installations de production avec 231 MWh de capacités installées et une puissance de 766 MW disposant d’un statut de « Producteur privilégié » auprès de l’Opérateur du marché HROTE (www.hrote.hr).  

En matière de puissance installée, la première place revient à l’éolien avec 21 parcs totalisant 519 MW, suivi de la cogénération avec 113,3 MW. Les installations photovoltaïques sont en troisième position avec 1223 installations représentant une puissance totale de 51,49 MW. La plus grande unité de production est le parc éolien Velika Glava, Bubrig i Crni Vrh, d'une puissance installée de 43 MW.

Ces deux dernières années, l'Association croate de l'énergie a souligné à plusieurs reprises les limites du Plan d'action national pour les énergies renouvelables 2020 en vigueur actuellement : les possibilités de subventions aux EnR sont selon l’Association pratiquement épuisées (quotas pour l'énergie éolienne et l'énergie solaire complètement remplis), et seul un petit nombre d'usines de biogaz, de centrales géothermiques et de centrales à biomasse pouvaient encore bénéficier du soutien de l’Etat. Dans l’optique de palier cette problématique, le gouvernement croate a lancé une révision de sa Stratégie énergétique croate,  en cours d’élaboration : à ce stade, la politique énergétique nationale reste encore pleine d’incertitudes et rend difficile l’analyse des objectifs du gouvernement - réduction de la dépendance, économie à basses émissions de carbone, diversification des sources, développement supplémentaires de EnR? Autant de questions auxquelles devront répondre les responsables croates dans l’élaboration des nouvelles lignes conductrices de leur stratégie énergétique devant débuter en 2018.

  Eolien : Le potentiel naturel éolien sur les 56 542 km² de territoire croate est estimé à 120 TWh d'électricité par an, soit l'équivalent de 54,5 GW d'énergie installée dans les centrales éoliennes.

D'ici à 2020, la Croatie prévoit de disposer d’environ 1 200 MW d'énergie installée (348 kW / 1 000 habitant).

Les parcs éoliens sont les plus importantes sources d'énergies renouvelables en Croatie (sans compter le potentiel des grandes centrales hydroélectriques existantes). Leur développement a pendant longtemps été grandement facilité par une législation favorable et des tarifs de rachat favorables.

La Croatie compte aujourd’hui 27 parcs ayant le statut de Producteur privilégié avec 519 MW de puissance installée et produisant chaque année environ 520 kWh. 6 nouveaux projets sont en développement et correspondant à 210 MW additionnels pour le réseau croate.

 Biomasse : La Croatie fait partie des pays à fort potentiel de biomasse toutefois les producteurs croates de pellets de bois, dont la production potentielle est actuellement de 260 000 tonnes, ont jusqu’à depuis peu été contraints d'exporter. En 2014, 92% de la production totale de granulés de bois croates étaient destinés à l'exportation vers les marchés étrangers. Toutefois, grâce à un cycle de sensibilisation des industriels locaux par le Fonds de protection de l’environnement, l’intérêt pour ces technologies reprend force : aujourd’hui, 17 centrales sont opérationnelles avec 36 MW de puissance installée (et 20 MWh de production) mais 42 projets sont en cours de développement qui devraient apporter rapidement environ 79 MW supplémentaires : la biomasse deviendrait alors la seconde EnR en Croatie (hormis grandes centrales hydroélectriques).

 Énergie solaire : Des estimations du potentiel de l'énergie solaire sur les plus grandes parties du littoral croate ont été réalisées par le Programme énergétique national - SUNEN21 en 1998 pour la Croatie dans son ensemble ainsi qu’un Solar Handbook publié en 2007.

Le potentiel naturel de l'énergie solaire dans les régions continentales de Croatie, avec une isolation moyenne de 3,6 kWh / m², s'élève à environ 74 300 TWh / an (267 500 PJ / an), soit plus de 800 fois la consommation d'énergie primaire en Croatie en 2000.

La capacité photovoltaïque installée en Croatie a atteint 51,5 MW en 2018, la majeure partie de ce chiffre étant composée de petits projets (sur toitures) de l'ordre de 10 à 30 kW. En effet, 1223 installations produisent aujourd’hui 2400 MWh.

Ce chiffre représente une forte augmentation par rapport aux années précédentes, puisqu’en 2012 la Croatie ne comptait que 89,72 kW, mais reste toujours largement inférieur au taux de croissance observé dans le secteur de l’éolien ces dernières années. Cette disparité est largement due aux différences de coûts initiaux.

 

La Croatie a toutefois pratiquement atteint ses objectifs en matière d'énergie solaire, d’au moins 52 MW de capacité installée d'ici 2020 – contrastant ainsi avec l'objectif du pays d'installer au moins 1,2 GW (1 200 MW) de capacité éolienne : une différence significative dans les objectifs, particulièrement intéressante si l'on considère que le pays est en réalité assez bien adapté à l'exploitation de l'énergie solaire. Selon les politiques actuelles du gouvernement, ces tendances ne semblent pas devoir changer : d’après les experts du secteur, les tarifs de rachat sont indubitablement orientés vers le développement de systèmes à l'échelle des ménages, et moins vers des installations plus significatives.

A ce jour, seulement 8 projets supplémentaires sont en développement correspondant à 1,97MkW de puissance installée.

 

 3/ Les acteurs économiques du secteur :

 Les monopoles énergétiques traditionnels existent toujours en Croatie et, en raison de leur organisation et de leur statut public, une approche très centralisée est toujours appliquée : en effet, le marché est libéralisé mais le fournisseur d'électricité HEP (100% public) reste encore l'acteur largement dominant et avec un pouvoir de lobbying significatif sur la politique énergétique.

 En matière d’EnR, le lobby le plus fort est celui de l’éolien, ces installations étant les plus nombreuses en Croatie. Les investisseurs étrangers, venant principalement d'Allemagne et d’Autriche, jouent un rôle important et sont l'un des principaux moteurs du développement des EnR en Croatie.

 L'Association des énergies renouvelables de la Chambre de l'économie croate (HGK) est une organisation nationale indépendante d'entreprises créée en 2003 et comptant actuellement 132 entreprises. Son objectif principal est de promouvoir les EnR, qu’il s’agisse de promoteurs, de producteurs de matériel ou d’opérateurs.

Parmi les entreprises croates actives dans le domaine des technologies Končar, l'une des principales sociétés électrotechniques croates, a développé une éolienne d'une capacité de 1 MW et a investi dans son propre parc éolien afin d'obtenir des références pour sa commercialisation. Končar développe également un système photovoltaïque qui devrait bientôt être présenté.

Malgré plusieurs tentatives sur le marché, il n’existe aujourd’hui qu’un seul producteur de modules photovoltaïques en Croatie, Solvis basé près de Varaždin et dont 98% de la production est destinée à l’export.