La dernière édition du rapport Doing Business classe l’Egypte au 120ème rang sur 190 en progression de 8 places par rapport à l’édition précédente où l’Egypte se classait au 128ème rang. On relèvera que l’Egypte qui se trouvait il y a un an devant Djibouti (154ème rang) est désormais derrière cette entité qui affiche la plus importante progression de la région passant au 99ème rang. Si la plupart des pays de la région ANMO subissent des variations (progression +10 des EAU, de +4 du Bahreïn, +9 du Maroc, régression -8 d’Oman, –9 du Liban), l’Egypte est distancée par la majorité de ses voisins (EAU 11ème, Maroc 60ème, Bahreïn 62ème, Oman 78ème, Tunisie 80ème, Qatar 83ème, KSA 92ème, Koweït 97ème, Jordanie 104ème) à l’exception du Liban, de l’Irak, de la Syrie et du Yémen.

Ce score est encourageant mais il ne permet à l’Egypte que de revenir à son classement de 2017 (122ème) alors qu’elle affiche toujours une forte ambition, voulant d’ici à 2020 passer à la 90ème place.

L’Egypte progresse sur cinq des dix critères retenus pour l’élaboration du classement. Les améliorations concernent : l’obtention de prêt (90 au 60ème rang), la protection des actionnaires minoritaires (114 au 81ème rang entre 2017 et 2018 puis 81 au 72ème rang entre 2018 et 2019), la résolution de l’insolvabilité (115 au 101ème rang) ainsi que le paiement des taxes et impôts (167 au 159ème rang). Le rapport souligne l’amélioration des procédures relatives à la création d’entreprises mettant en avant la suppression de l’obligation d’obtention d’un certificat bancaire ainsi que la mise en place d’un guichet unique. Pour autant, cette amélioration qualitative ne se traduit pas par une progression dans le classement (103 au 109ème rang) qui reste relatif à la performance d’autres pays. Elle reste également encore loin du classement affiché en 2016, lorsque l’Egypte occupait le 39ème rang.

Pour trois critères, le classement est stable (exécution des contrats : 160ème) ou en léger recul d’une à deux places (obtention des permis de construire : 68ème et commerce transfrontalier : 171ème). Le principal grief fait à l’Egypte est l’alourdissement du coût des procédures d’enregistrement des propriétés, qui impacte négativement plusieurs critères et provoque une perte de 6 places au classement au 125ème rang.

 

Une volonté politique de réformes dont les effets tardent encore à se ressentir, tandis que le climat des affaires reste tendu.

L’Egypte a entrepris ces deux dernières années de grands efforts pour améliorer le climat des affaires. La loi sur les modalités de création d’une « société à une personne » sur le modèle de l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée française a un objectif de simplification de fonctionnement et constitue une alternative intéressante à la succursale.

La réforme des procédures collectives s’inscrit également dans cette logique de favorisation des investissements et des affaires en mettant en place deux nouvelles procédures de conciliation et de restructuration des entreprises tout en allégeant les sanctions prévues en cas de faillite.

De même, le 18 mai 2018, un décret organisant le programme de privatisations concernant 23 entreprises publiques a été publié avec un lancement initialement prévu fin 2018 et qui a été reporté en 2019. Ce dernier exemple est symptomatique d’une situation où la volonté politique existe mais la mise en place concrète reste difficile.

Ces réformes entreprises tardent à produire leur effet et la réalité vécue par les entreprises est souvent différente du discours ouvert des autorités au plus haut niveau de l’Etat. Or, l’exercice Doing Business vise à mesurer la règlementation des affaires ainsi que leur application effective sur le terrain.

D’une manière générale, l’insécurité juridique avec des réglementations très instables et les lourdeurs bureaucratiques, contre lesquelles les autorités cherchent à lutter, sont les principaux problèmes rencontrés par les entreprises. Quant au comportement sur terrain des autorités douanières et au remboursement des taxes aux sociétés exportatrices, ils restent le problème majeur dont se plaignent les entreprises opérant en Egypte. La numérisation des procédures douanières régulièrement évoquée par les autorités est toujours attendue.

 

Le rapport sur la compétitivité mondiale voit l’Egypte progresser à la 94ème place, mais rester à un niveau encore bas

Publication annuelle du Forum Economique Mondial, le rapport sur la compétitivité classe les économies du monde sur la base de 114 indicateurs visant à mesurer leur niveau de productivité. Ce classement reflète essentiellement la perception du secteur privé. En 2018, l’Egypte se classe 94ème sur 140 pays, en progression de 6 places confirmant la dynamique entamée depuis deux ans (115ème en 2016 et 100ème en 2017). Il s’agit d’une des plus importantes progressions parmi les pays de la région ANMO, mais à relativiser néanmoins compte tenu du classement final. En effet, à l’exception du Yémen (139ème), les principaux pays de la région sont mieux classés que l’Egypte (UAE : 27ème, KSA : 39ème, Oman : 47ème, Maroc : 75ème, Liban : 80ème, Tunisie : 87ème, Algérie : 92ème).

Parmi les points positifs où l’Egypte affiche une progression, sont relevés : la profondeur du marché domestique, la capacité d’innovation qui se serait légèrement améliorée par rapport à l’année dernière, de même que l’efficacité du cadre juridique du pays pour le règlement des litiges, tandis que le coût de la création d’une entreprise aurait diminué. La note de l’Egypte concernant l’adoption des TIC s’est également améliorée, cependant à un rythme plus lent par rapport au reste de la région MENA.

En revanche, les points noirs récurrents subsistent : malgré une amélioration soulignée, la consolidation fiscale doit être poursuivie et l’inflation demeure élevée, le taux d’épargne reste faible, le marché du travail est considéré comme inefficient (rigidité, faible productivité, inadéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail, faible taux d’occupation des femmes…), l’innovation reste peu soutenue. Enfin, le rapport souligne la faiblesse du secteur de l’éducation. Dans le domaine du climat des affaires, le rapport met en exergue l’instabilité du cadre législatif et réglementaire, la corruption et les lourdeurs bureaucratiques.