Le séminaire Fourgeaud du 3 octobre 2018 a porté sur le thème de l’Enseignement supérieur.

Tout d’abord, Pierre Courtioux (EDHEC Business School et Centre d’Économie de la Sorbonne) et Arnaud Chéron (EDHEC Business School et Université du Mans) ont exposé les principaux enseignements d’une étude intitulée "Les bénéfices socio-économiques des diplômes du supérieur".

Ensuite, Ghazala Azmat (Sciences Po et CEP (LSE))  a présenté les résultats d’une étude réalisée avec Stefania Simion (Université d’Édimbourg et CEP (LSE)) intitulée "Réforme du financement de l'enseignement supérieur : une analyse détaillée des conséquences sur l’éducation et l’insertion professionnelle en Angleterre".

La discussion a été introduite par Axel Demenet (DG Trésor).

1er exposé : présentation orale de Pierre Courtioux et Arnaud Chéron
"Les bénéfices socio-économiques des diplômes du supérieur: papier d’Arnaud Chéron et Pierre Courtioux.  

"Vers une mesure du rendement des investissements dans l’enseignement du supérieur tout au long de la vie : Quelle place pour une diplomation de la « deuxième chance » ? " : papier d’Arnaud Chéron et Pierre Courtioux.

2nd exposé : présentation orale de Ghazala Azmat
"Réforme du financement de l'enseignement supérieur : une analyse détaillée des conséquences sur l’éducation et l’insertion professionnelle en Angleterre" : papier de Ghazala Azmat et Stefania Simion.   

Discussion d’Axel Demenet 

Intervenants au séminaire Fourgeaud du 3 octobre 2018

 Sur la photo : Ghazala Azmat, Axel Demenet, Pierre Courtioux et Arnaud Chéron   

Voici un bref résumé des études présentées :

"Les bénéfices socio-économiques des diplômes du supérieur", par Pierre Courtioux et Arnaud Chéron 

Ce document propose une évaluation des bénéfices socio-économiques des diplômes de l’enseignement supérieur. Il s’agit de mesurer le rendement pour la collectivité des investissements dans la formation du supérieur, selon son niveau (Bac +2, 3 ou 5) et sa spécialité. Les bénéfices identifiés rendent compte de l’impact de la diplomation sur les rémunérations tout au long de la carrière et les taux d’emploi, des retombées fiscales, mais aussi des externalités sociales du capital humain.
Cette analyse s’inscrit dans le cadre d’une réflexion plus globale sur l’allocation optimale des moyens dans l’éducation, dans un environnement où les ressources financières sont contraintes. La valeur moyenne, présente et actualisée, du bénéfice socio-économique d’un diplôme oscille ainsi entre, de l’ordre de 90 000 € pour un Master universitaire et plus de 200 000 € pour une école d’ingénieurs (environ 100 000 € pour les diplômes de Bac +2 et Bac +3), bénéfices que notre programme de travail visera à mettre en perspective au regard d’une mesure conjointe des coûts propres à chaque formation.
Dès à présent, la question du coût de l’échec et de l’abandon en formation initiale est abordée, conduisant déjà à atténuer les rendements mesurés. Nous montrons notamment que le coût socio-économique d’un abandon après 2 années d’une formation de niveau Bac +2 ou Bac +3 est ainsi supérieur à 40 000 €.
Ceci nous amène finalement à nous interroger sur la pertinence du soutien et du développement de la formation diplômante en cours de carrière, dans une perspective où l’expérience engrangée constituerait un facteur d’accroissement des chances de réussite. Nous soulignons ainsi que les bénéficies socio-économiques de formation de niveau Bac +2 et Bac +3 restent substantiels à 40 ans, et pourraient de ce fait représenter une alternative crédible pour certains individus confrontés à des taux d’échec élevés en formation initiale. 

"Réforme du financement de l'enseignement supérieur : une analyse détaillée des conséquences sur l’éducation et l’insertion professionnelle en Angleterre", par Ghazala Azmat et Stefania Simion

Cet article étudie l'impact des réformes du financement de l'enseignement supérieur en Angleterre sur les choix d’étude et les résultats des étudiants. Au cours des deux dernières décennies – à travers trois réformes majeures en 1998, 2006 et 2012 – les études universitaires de premier cycle dans les universités publiques sont passées de la gratuité (financées par l’État) à la mise en place de frais de scolarité substantiels pour tous les étudiants. Ceci s’est fait conjointement avec la mise en place par le gouvernement de prêts et de bourses généreuses, sous conditions de ressources. En utilisant des données micro longitudinales détaillées qui suivent tous les élèves fréquentant les écoles publiques en Angleterre (plus de 90% des enfants en âge d’être scolarisés) de l'enseignement primaire à l'enseignement supérieur, nous documentons les effets redistributifs socio-économiques des réformes de 2006 et 2012 sur l'inscription, les décisions de relocalisation, la sélection de l'établissement, le programme d'études et la performance au sein de l'université. Nous suivons un sous-ensemble d'étudiants après la fin de leurs études supérieures, ce qui nous permet d'étudier les effets des réformes sur l’insertion professionnelle des étudiants. Malgré les importantes réformes du financement de l'enseignement supérieur, nous ne trouvons pas d'effet important sur les décisions de poursuite d’étude ou sur d'autres éléments. De plus, les faibles impacts négatifs sur la scolarisation sont en grande partie supportés par ceux qui se situent dans la partie haute de la distribution de la richesse – réduisant l’écart des taux d’inscription entre les groupes socio-économiques.  

Ce séminaire généraliste de la direction générale du Trésor est un lieu d'échanges de tous ceux qui participent au progrès de l'économie quantitative : membres de l'administration économique, universitaires, économistes de banques ou d'entreprises, représentants d’institutions économiques et financières internationales, etc. À tonalité scientifique, ce séminaire cherche à favoriser la réflexion sur les grandes questions économiques, notamment de politique économique, ainsi qu'à faire progresser les méthodes permettant d’analyser ces questions. Les thèmes abordés couvrent l'ensemble des domaines d'intervention de la direction générale du Trésor et font l'objet d'exposés présentés tant par ses membres que par des spécialistes extérieurs.

Crédit photo : © Patrick Bagein, Secrétariat général des ministères économiques et financiers, droits réservés