Le solde des échanges de services a poursuivi sa dégradation au T1 2018. Il affichait, sur la période, un déficit de 190 M€ au bénéfice de l’Inde, pour un total, sur douze mois glissants, de 736 M€ (343 M€ un an plus tôt). Entraînées à la baisse par une chute des flux touristiques vers la France, les exportations de services français vers l’Inde se sont, au total, contractées de 4,7% à 409 M€ au T1, tandis que les importations depuis ce pays se repliaient plus modérément (- 2,3% à 599 M€). Une fois corrigé des doubles comptes liés aux coûts du fret et de l’assurance, le solde consolidé des échanges de biens et services reste toutefois à l’équilibre sur douze mois glissants et selon la perspective de la balance des paiements (76 M€, soit un ratio de couverture de 101%). Le volume des échanges atteignait, au total, 15,08 Mds € (+ 13,7% en glissement annuel) et a, de ce fait, pratiquement doublé en dix ans.

Echanges services-biens

1. Les échanges de services représentent aujourd’hui plus d’un quart du commerce bilatéral

Dans un contexte où tant la France que l’Inde se distinguent par l’importance de la part des services dans leurs exportations (elles en étaient respectivement les quatrième et huitième exportateurs, au niveau mondial, en 2017), les services ressortent logiquement comme une composante significative de nos échanges bilatéraux : ils ont respectivement représenté, en perspective de balance des paiements, 22,4% et 33% de nos exportations et de nos importations vers et depuis l’Inde en 2017 (25,3% et 29,7% au T1 2018), soit, au total, un volume de 4,21 Mds € pour des prestations de 1,74 Md € à l’export et de 2,47 Mds € à l’import[1]. La part relative des services dans les exportations françaises tend, à moyen terme, à reculer du fait de la hausse plus dynamique des expéditions de biens, alors que le contenu en services de nos exportations depuis l’Inde tend au contraire à s’accroître.

Quatrième prestataire de service européen de l’Inde en 2017 derrière l’Irlande (2,97 Mds €), l’Allemagne (2,82 Mds €) et le Royaume-Uni (2,80 Mds €), la France affichait alors à son crédit 1,74 Md € d’exportations de services vers ce pays. Elle occupait, derrière l’Irlande, l’Allemagne et le Royaume-Uni, la même position à l’issue du T1 2018, lors duquel les exportations françaises ont pour mémoire atteint 409 M€, contre 736 M€ pour l’Irlande. L’Inde est, en retour, le deuxième fournisseur de services des entreprises françaises parmi les pays émergents : 15ème au classement des prestataires de services en 2017 (pour un volume de 2,47 Mds €), elle n’est plus devancée, hors-UE, que par les Etats-Unis (25,36 Mds €), la Suisse (9,44 Mds €), la Chine (4,23 Mds €, hors-Hong Kong) et le Canada (2,49 Mds €). Les exportations de services indiennes vers la France sont désormais supérieures à celles du Japon (1,79 Mds €), du Brésil (890 M€) et de la Russie (840 M€). Le marché indien reste en revanche plus en retrait au regard des prestations de services français à l’export : 17ème client de la France, dont elle représentait l’an dernier 0,7% des exportations de services (inchangé au T1 2018), soit 1,74 Md €, l’Inde était l’an dernier, dans cette catégorie, le 8ème marché hors-UE des entreprises françaises derrière les Etats-Unis (30,43 Mds €), la Suisse (17,4 Mds €), la Chine (8,71 Mds € hors-Hong Kong), la Russie (4,20 Mds €), le Japon (3,92 Mds €), le Canada (2,43 Mds €) et le Brésil (2,34 Mds €)

2. Le solde des échanges bilatéraux de services est structurellement déficitaire au détriment de la France

Structurellement déficitaire, le solde des services se creuse de nouveau depuis deux ans alors qu’il s’était progressivement résorbé entre 2011 (déficit de 558 M€ sur l’année en défaveur de la France) et 2015, seule année pour laquelle la France affichait un excédent vis-à-vis de l’Inde pour les services (+ 111 M€). L’Inde a ainsi dégagé, en 2017, un excédent de 736 M€ pour les services vis-à-vis de la France (311 M€ en 2016). Le déficit français s’affichait, au T1 2018, à 190 M€, contre 184 M€ au cours de la même période de l’année antérieure ; il était, au total, de 742 M€ sur l’année glissante T2 2017‑T1 2018 (343 M€ un an plus tôt).

L’Inde représente, au total, le plus gros déficit bilatéral de la France en-dehors de l’Union Européenne pour les échanges de services, devant Hong Kong (331 M€ en 2017) et le Canada (57 M€). Si l’aggravation du déficit en 2017, revêt un caractère essentiellement conjoncturel, sa persistance, partagée avec la grande majorité des grands pays européens[2], s’explique en grande partie par la position prépondérante de l’Inde, qui accueillait en 2016 cinq des six premiers centres d’externalisation référencés par le classement Tholons, dans le segment des services aux entreprises. La présence de nombreuses implantations françaises dans le secteur des services, qui concentre plus de la moitié des filiales et des effectifs des groupes français en Inde, peut, dans ce contexte, avoir joué un effet d’entraînement sur les importations de services de leurs maisons-mères (de même, toutefois, qu’elle peut avoir contribué à stimuler leurs exportations, notamment en matière de R&D et de propriété intellectuelle).

Le déficit français vis-à-vis de l’Inde se concentre ainsi, pour l’essentiel, sur deux postes : les services liés aux TIC et les « services divers aux entreprises » (R&D, conseil et gestion principalement), dont les soldes s’affichaient à respectivement – 343 et – 656 M€ l’année dernière (‑ 44 et – 165 M€ pour le seul T1 2018). Le solde des services liés aux transports et aux voyages demeure, inversement, à l’avantage de la France (237 M€ en 2017 – dont 204 M€ pour la seule composante « transports », - 30 M€ au T1 2018[3]), de même que les prestations liées à l’usage de la propriété intellectuelle (+ 110 M€). Les échanges sont plus équilibrés pour les autres postes : ils sont légèrement déficitaires, du point de vue français, pour les services financiers et d’assurance (- 60 M€ en 2017) et le BTP (- 5 M€), mais excédentaires pour les prestations liées au secteur industriel, telles que la fabrication de biens à l’usage de tiers et les opérations de maintenance (29 M€ en 2017).

Si la France apparaît, loin derrière le Royaume-Uni, comme le principal bénéficiaire de flux touristiques indiens au sein de l’UE, la faiblesse des flux touristiques indiens vers la France n’en contribue pas moins, à amoindrir, par comparaison avec d’autres marchés, les recettes des prestations de voyage : celles-ci étaient valorisées, vis-à-vis de l’Inde, à 350 M€ en 2017, contre respectivement 1,06 Md €, 1,20 Md € et 3,95 Mds € pour le Brésil, le Japon et la Chine. Les arrivées de touristes indiens avaient connu une forte progression en 2016, elles semblent avoir continué sur une dynamique haussière à plus de 600 000 visiteurs. Avec 3,6 millions de nuitées (dont 3,2 millions en établissement hôtelier), les touristes indiens ne représentent toutefois encore que 0,6% des nuitées de touristes étrangers en 2017, contre respectivement 1,6% et 2% pour les touristes brésiliens et chinois selon l'INSEE. Les faiblesses de l’offre touristique française, encore souvent perçue comme onéreuse et mal connue en-dehors de Paris, font depuis quelques années l’objet d’un travail spécifique : travail de promotion auprès des tour-opérateurs (qui jouent un rôle structurant sur le marché indien) et des sociétés de production (valorisation des sites de tournage français), simplification et accélération des procédures de visa (visa en 48 heures), renforcement de la connectivité aérienne, accroissement du nombre d’étudiants indiens en France…

3. Très volatils à court terme, les échanges de services affichent à moyen terme une tendance haussière

Alors que les échanges de services bilatéraux s’étaient légèrement contractés en 2016 (principalement du fait de la baisse des prestations françaises), l’année 2017 a marqué, pour la France, un rebond tant de ses importations (+ 18,6% à 1,74 Md €) que de ses exportations (+ 39,3% à 2,46 Mds €) de services depuis et vers l’Inde. La hausse des prestations de services liés aux TIC (+ 56,7% à 537 M€) et de services divers aux entreprises (+ 33,1% à 941 M€) permet, à elle seule, d’expliquer plus des trois cinquièmes de la progression des importations sur l’année 2017 ; le reliquat est imputable, à parts égales, au secteur des transports et voyages, d’une part, et aux services industriels, financiers, et assurantiels, d’autre part. En hausse de 21,1% à 877 M€, les transports et voyages expliquent, en retour, près des deux tiers du rebond des prestations françaises à l’export, tandis que ceux liés aux TIC et aux prestations de services de consultance et de R&D ont respectivement connu des hausses de 24,4 et 10,5% à 194 et 285 M€. Les échanges de services s’avèrent toutefois très volatiles : après des hausses respectives de 45,9% et 6,5% en glissement annuel au T4 2017, les prestations de services à l’import et à l’export ressortaient à nouveau en baisse au T1 2018 (respectivement - 4,7% et - 2,3% en glissement annuel). La baisse, essentiellement conjoncturelle, des prestations de voyage (- 25,6% à 116 M€ par rapport au T1 2018) facturées par les sociétés françaises s’est couplée à un repli des recettes de la propriété intellectuelles (- 33,3% à 26 M€), mais également des principales catégories de services aux entreprises (‑ 2,2% à 44 M€ pour les TIC, - 32,1% à 53 M€ pour les services divers).

La tendance à moyen terme reste toutefois à une progression des échanges : les exportations au crédit de la France ont crû de 91% entre 2008 et 2017 (contre une moyenne de 23% au niveau mondial) tandis que les importations à son débit ont été multipliées par trois (+ 276%, soit un rythme sensiblement supérieur à celui de la hausse globale des exportations de services indiennes, qui ont doublé au cours de la période). Les postes les plus dynamiques sont, du côté des exportations, les services liés aux TIC (+ 619% à 194 M€ entre 2008 et 2017), les services industriels (+ 319% en dix ans à 197 M€ en 2017), la rémunération de la propriété intellectuelle (+ 129% à 128 M€ entre 2008 et 2017) et les services aux entreprises divers (+ 119% à 285 M€), tandis que les services de transport et voyage sont moins dynamiques (+ 54% à 877 M€ sur dix ans). Les segments des TIC et des services divers aux entreprises ont également connu, du côté des importations, des hausses particulièrement prononcées (respectivement + 384 et + 332% en dix ans à 537 et 941 M€), au même titre que les services industriels (+ 950% à 168 M€), tandis que les services de transport (+ 42% à 327 M€) et voyages (+ 5% à 324 M€) sont beaucoup plus stables.

4. Le solde des échanges de biens et services reste globalement équilibré en optique de balance des paiements

La France se positionnait, biens et services confondus, au quatrième rang des fournisseurs européens de l’Inde en 2017  avec des exportations totales de 7,78 Mds €, contre respectivement 12,59 Mds €, 7,89 Mds € et 7,88 Mds € pour l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique ; elle devançait en revanche nettement l’Italie (4,13 Mds €) et l’Irlande (4,06 Mds €). On retrouve un classement identique pour le T1 2018, au cours duquel les exportations de biens et services allemandes restaient à un niveau près de deux fois supérieur à celui des envois français (respectivement 3,14 et 1,62 Mds €).

Les importations françaises de biens et services atteignaient, inversement, 7,48 Mds € en 2017, ce qui positionne la France au troisième rang des clients européens de l’Inde derrière le Royaume-Uni (12,43 Mds €) et l’Allemagne (11,49 Mds €) mais devant l’Italie (5,34 Mds €). Ce classement demeurait inchangé à l’issue du T1 2018, lors duquel les importations françaises s’affichaient à 2,02 Mds €, contre respectivement 3,24 et 2,91 Mds € pour le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les échanges français de biens et services auraient donc, selon cette optique, été légèrement excédentaires en 2017 selon la perspective française (284 M€, après être revenus à l’équilibre en 2016 grâce à l’amélioration du solde des biens). Ils accusaient un léger déficit, au détriment de la France, à l’issue du T1 2018 (- 401 M€), mais demeuraient, sur douze mois glissants (T2 2017-T1 2018), excédentaires de 76 M€ en faveur de la France. Le solde des biens indiqués en comptabilité de balance des paiements diffère, pour mémoire, de celui qui ressort des chiffres des douanes du fait, notamment, d'une comptabilisation différente des opérations de fret.


[1] Données issues des chiffres de balance des paiements d’Eurostat (source Banque de France). Les derniers chiffres disponibles portent, à la date d’écriture, sur le T1 2018.

[2] L’Italie (80 M€) et la Pologne (17 M€) étaient les seuls grands pays européens à dégager, en 2017, un excédent vis-à-vis de l’Inde pour les services. Le Royaume-Uni et l’Allemagne accusaient ainsi des déficits comparables à celui de la France.

[3] Le déficit observé au T1 résulte essentiellement des effets de la saisonnalité sur le secteur touristique : le T1 et le T4 sont plus favorables à l’Inde (du fait notamment de la baisse des températures) tandis que le T2 et le T3 concentrent l’essentiel des excédents français.

Echange de services

Prestations de services indiennes en France

Prestations françaises en Inde