Confrontée à la dégradation de ses indicateurs externes, l’Indonésie tente de stabiliser la situation en mettant en place des mesures de réduction des importations. La dernière en date est une augmentation de l’acompte de l’impôt sur les sociétés perçu lors de l’importation pour 1147 produits. Cet acompte sera déductible du total de l’impôt dû en fin d’année par l’entreprise. Parmi les produits concernés se trouvent les voitures assemblées, les cosmétiques, les pneus, l'électro-ménager et les câbles électriques.

 

                                                       port

 

Avec des importations qui affichent une croissance supérieure à celles de ses exportations (respectivement + 24% et  + 12% pour janvier-juillet), l’Indonésie a enregistré un déficit commercial de 3,1 Mds d’USD sur les sept premiers mois de 2018. Ce déficit rompt avec une succession d’excédents depuis fin 2015. L’apparition d’un déficit commercial est attribuable en partie à la hausse de la facture énergétique du pays (les importations de pétrole et gaz ont diminué de 1,6% en volume mais cru de 24,5% en valeur) qui est importateur net d’hydrocarbures depuis 2011. En revanche, hors pétrole et gaz, la balance commerciale indonésienne est excédentaire à 3,6 Mds USD.  Un contrôle des importations a donc été mis en place.

Le gouvernement tente de réduire le déficit commercial en augmentant l’impôt perçu lors de de l’importation de près de 1150 produits. Il convient de préciser que cette hausse ne concerne  pas les droits de douanes, mais constitue un acompte de l’impôt sur les sociétés dont le montant payé lors du passage à la frontière pourra ensuite être déduit du montant dû par l’entreprise importatrice. Parmi les 1147 concernés, les augmentations sont variables. En cas de résultat fiscal négatif, les sociétés pourront demander une restitution de l’acompte. Ce remboursement sera sujet préalablement a un audit de l’administration fiscale. L’acompte ne peut pas être reporté d’une année sur l’autre. Par conséquent, si la société importatrice est bénéficiaire, seule sa trésorerie est impactée.

  • Augmentation de l’acompte de 7,5 à 10% pour 210 produits, notamment les voitures assemblées (CBU) et les motos.
  • De 2,5 à 10% pour 218 produits, dont les biens de consommation pour lesquels il existe des substituts produits sur le territoire indonésien comme l’électroménager et les cosmétiques (sauf parfums).
  • De 2 ,5 à 7,5% pour 719 produits, dont certains matériaux de construction (céramique), le matériel audiovisuel, l’habillement et les pneus.

Selon le Ministère des finances cette hausse devrait être temporaire, tant que la Roupie est sous pression. Les biens sélectionnés sont des biens de consommation, considérés comme non-indispensables ou pour lesquels existent des équivalents locaux. Les biens intermédiaires et la majorité des matières premières ne sont pas concernés pour ne pas affecter les activités productives locales ; 57 produits déjà taxés à 2,5% sont exemptés de la hausse d’acompte en raison de leur caractère nécessaire au soutien des industries domestiques.

Cette décision s’inscrit dans le cadre d’autres mesures prises afin de limiter les importations indonésiennes, comme la mise en œuvre d’une obligation d’utilisation de biodiesel B20 dans le secteur des transports à partir de septembre 2018. L’utilisation de B20 pourrait permettre de doubler la consommation d’huile de palme pour atteindre 6 Mds de litres et ainsi faire économiser 6 Mds USD par an à l’Indonésie Le gouvernement a également décidé de reporter les grands projets publics dont le financement n’a pas encore été conclu, en particulier dans le secteur de l’énergie, afin de réduire les importations de biens d’équipement (qui sont celles à  la plus forte croissance : (+30%, 15% du total importé entre janvier et juillet 2018).

 

  •             Commerce extérieur de l'Indonésie                                              

Source : BPS, Bank Indonesia, Service Economique de Jakarta