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Serge Krebs

Quel est le rôle du SE de Bakou ? Quels sont les projets en cours pour le SE?

Le rôle principal du service économique de Bakou est double, assurer d’une part un suivi régulier de l’économie de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan et soutenir d’autre part les intérêts des entreprises françaises qui ont des projets dans ces deux pays. [A noter que le Service Economique de Bakou est rattaché au Service Economique Régional d’Ankara].

L’Azerbaïdjan et le Turkménistan ont des économies qui se ressemblent beaucoup sur le fond avec une forte dépendance aux exportations d’hydrocarbures qui constituent l’essentiel de leurs revenus. Elles sont donc très dépendantes du prix mondial du pétrole ou du gaz. Après une récession officielle en Azerbaïdjan entre 2015 et 2017 et une récession probable au Turkménistan, malgré des chiffres officiels qui  affirment le contraire, causées par la chute du cours du Brent, les gouvernements de ces deux pays ont décidé de mettre en œuvre une politique de diversification de leurs économies. Cela passe dans les deux cas par une relance de l’agriculture avec quelques grands projets nouveaux. Coton ou tabac par exemple en Azerbaïdjan. Ou bien par le développement de la pétrochimie. Ou encore par la volonté de favoriser le tourisme, mais cette fois-ci uniquement du côté de Bakou où cette politique rencontre un succès certain.

Le service économique suit également de près les intérêts des entreprises françaises implantées dans ces deux pays. Ces dernières répondent essentiellement à des grands projets d’infrastructure et doivent garder des liens étroits avec les entreprises publiques nationales ou les ministères compétents. Les difficultés de mises en œuvre de ces projets ou de paiement de ces contrats nécessitent de fréquentes interventions de l’Ambassade.

Le Service économique assure par ailleurs la préparation des aspects économiques des visites bilatérales qui sont denses entre la France et l’Azerbaïdjan. Ainsi, en 2018 nous avons eu la visite du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, du Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ainsi qu’une rencontre à Paris de nos présidents. Nous espérons la visite d’Emmanuel Macron pour le mois d’octobre.            

Comment décrire les relations économiques entre la France et l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ?

En ce qui concerne les échanges commerciaux entre la France et l’Azerbaïdjan, nous sommes dans une situation de déficit commercial depuis l’indépendance de ce pays en raison de nos importations de pétrole brut. Notre déficit a toutefois tendance à se réduire surtout grâce à la baisse de nos achats en volume et en valeur. Nos exportations qui ont baissé depuis quelques années sont très dépendantes de l’obtention de grands contrats. La France est présente dans la vente d’équipements agricoles et notamment viticoles répondant ainsi à la volonté azerbaïdjanaise de dynamiser sa production de vin et ses ventes vers la Russie ou la Chine. La France répond aussi aux besoins de modernisation des transports publics et a ainsi fourni du matériel roulant pour les chemins de fer ou des équipements de signalisation. La France joue également un rôle significatif en matière de sécurité aérienne ainsi que dans le domaine de l’espace avec par exemple le lancement ce mois-ci d’un second satellite de télécommunication par Ariane Espace.

Au Turkménistan, la présence économique française est depuis les années quatre-vingt-dix particulièrement notable dans le domaine de la construction et des travaux publics. En résumé, je dirais que pour ces deux pays nos relations sont en deçà de leur potentiel et j’espère que nos entreprises pourront tirer parti du retour de la croissance. 

Quels sont les rapports économiques entre l’Azerbaïdjan et le Turkménistan et la Turquie ?

Les relations économiques entre ces deux pays et la Turquie sont étroites et en progression constante depuis la chute de l’Union soviétique. La Turquie est avant tout un fournisseur de premier plan pour ces deux pays aussi bien en produits courants qu’en matière de biens d’équipement ou de génie civil aidé en cela par une proximité linguistique et culturelle. Cependant, elle n’est pour l’heure pas encore devenue un client majeur. Ce rôle reste dévolu à la Russie pour les produits non pétroliers et à l’Italie pour les hydrocarbures. Il convient cependant de souligner que dans le cas du Turkménistan, la Chine est devenue le principal acheteur en raison des exportations de gaz naturel opérées par les gazoducs financés et construits par Pékin.

N’oublions pas aussi que l’Azerbaïdjan est devenu l’un des tous premiers investisseurs étrangers en Turquie avec des montants très significatifs dans le secteur de l’énergie. Cela concerne tout particulièrement la pétrochimie avec un très grand complexe de raffinage en cours de finition près d’Izmir. Les investissements turcs à Bakou sont nettement plus modestes et semblent se concentrer à l’heure actuelle dans le secteur financier. A ma connaissance, le Turkménistan a pour l’instant surtout accueilli des investissements étrangers d’origine asiatique.