Le 29 juin 2018, le Conseil d’Administration du FMI a finalisé sa troisième revue du programme de réforme économique de l’Egypte, qu’il soutient via une facilité élargie de crédit d’un montant de 12 Mds$ sur 3 ans. Il a engagé le décaissement de la 4ème tranche de prêt d’un montant de 2 Mds$ en juillet, portant le montant total des versements à 8 Mds$.

Signe de l’importance que le FMI accorde au programme en cours d’exécution en Egypte, le premier Vice-Président David Lipton s’est rendu en Egypte pour accompagner cette 3ème revue. Il a rencontré le Président Sissi ainsi que le Premier ministre Shérif Ismaïl, alors encore en fonction, pour à la fois les féliciter de la bonne tenue du programme et se faire confirmer l’engagement des autorités égyptiennes à maintenir le train des réformes.

Dans un communiqué, il affirme tout d’abord que la situation économique a continué de s’améliorer en 2018 et souligne :

  • la bonne exécution du programme qui a joué un rôle déterminant dans la stabilisation macroéconomique, portée par une réduction des déficits jumeaux, une baisse de l’inflation et du chômage et une accélération de la croissance ;
  • la reprise du tourisme et l’augmentation de la production de gaz naturel ;
  • la bonne conduite du plan d’assainissement budgétaire avec à la clé une situation d’excédent primaire, la première depuis dix ans. A ce titre, la mise en place d’un mécanisme d’indexation automatique des prix du carburant permettra de soulager la pression exercée sur l’exécution budgétaire et une meilleure allocation des ressources pour soutenir les plus vulnérables ;
  • un niveau sain des réserves de change permettant de faire face au risque de sorties de capitaux auxquels sont confrontés plusieurs pays émergents.

Il a encouragé la poursuite de la politique monétaire prudente pratiquée par la Banque Centrale depuis 2016 (trois augmentations des taux directeurs de 700 pb au total, puis deux baisses de 200 pb quand l’inflation a entamé sa décrue), afin de contenir d’éventuels effets de second tour de l’inflation, notamment dus aux augmentations récentes des prix régulés de l’eau, des carburants et de l’électricité.

Par ailleurs, le FMI insiste désormais sur les réformes structurelles nécessaires pour permettre au secteur privé de jouer son rôle : plus de transparence du secteur public, renforcement de l’indépendance et des pouvoirs de l’autorité de la concurrence et d’avantage de transparence dans l’allocation des terrains aux entreprises.

L’ensemble des huit critères quantitatifs intermédiaires fixés par le FMI ont été atteints à fin décembre, à l'exception du critère de performance sur le solde budgétaire primaire, qui a été manqué de 0,1 Md LE et de l'objectif indicatif sur les arriérés de la Egyptian General Petroleum Company qui a été manqué de 200 M LE. Deux des trois repères structurels ont été mis en œuvre avec du retard. De même, la facture des subventions au carburant devrait dépasser la cible en raison de prix du pétrole plus élevés que prévu en 2017/18. Le déficit de financement pour 2018/19 est estimé à environ 1 Md $, à financer par émission d'euro-obligations et/ou à partir de réserves brutes. D’après le ministre des Finances, la prochaine revue devrait intervenir en décembre 2018.