Malgré l’intégration de l’acquis communautaire et une faible production de déchets par habitants en regard de la moyenne européenne, la Croatie a accumulé un certain retard dans la gestion des déchets. Ainsi, 80% de ces derniers sont mis en décharge contre 30% en moyenne dans l’UE et le recyclage ne concerne que 16% des déchets contre 44% en moyenne dans l’UE. Pour compenser son retard dans le secteur, le pays dispose de 475 M EUR de fonds européens sur la période 2014-2020 et de nombreux projets de centres de gestion des déchets sont à prévoir.

La Croatie est en retard sur la moyenne européenne dans la gestion de ses déchets et doit finaliser son rattrapage avant 2020

La quantité totale de déchets produite en Croatie en 2015 (dernières données disponibles) était de 3,7 M T, en augmentation de 10,5% par rapport à 2012. 3% de ces déchets sont considérés comme dangereux et 31% sont générés par les ménages, créant une moyenne de 386 kg/an par habitant de déchets produits, très inférieur à la moyenne européenne qui s’élève à 5 000 kg/an par habitant.

 Malgré cette situation, le processus de traitement des déchets en Croatie est peu développé. 80% des déchets municipaux sont mis en décharge, 18% sont triés, et 16% sont recyclés contre 44% en moyenne dans l’UE. Actuellement, il n’existe pas d’incinérateur en Croatie. Les exigences européennes, en particulier la directive-cadre sur les déchets, prévoient un taux de tri de 50% et une baisse de la production globale de déchets d’ici à 2020, ainsi qu’un taux de recyclage de 50% en 2030. La Croatie doit donc implémenter des mesures structurelles avant 2020 pour être harmonisée avec la réglementation européenne.

 Il est à noter que, en lien avec les 17 millions de touristes qui visitent la Croatie chaque année, les zones les plus touristiques (Dalmatie, Istrie) voient leur population multipliée en haute saison, ce qui renforce les problèmes liés à la gestion des déchets. On estime que le tourisme génére environ 6% des déchets municipaux croates, un chiffre amené à grandir avec la hausse prévue des entrées touristiques qui pourraient passer à 20 millions en 2018.

Afin de se conformer aux exigences européennes, la Croatie s’est dotée d’une vision stratégique pour débloquer les fonds structurels nécessaires à son rattrapage dans la gestion des déchets

Pour combler son retard dans le secteur des déchets, la Croatie a bénéficié d’aides européennes depuis sa candidature à l’adhésion. Sur la période 2007-2013, les fonds IPA ont ainsi attribué 74 M EUR à la Croatie pour améliorer la gestion de ses déchets dans le cadre du programme opérationnel « Environnement » (axe prioritaire n°1). Les deux principaux projets financés par ce biais ont été des centres de traitement des déchets pour les villes de Rijeka et Pula.

Depuis son entrée dans l’UE en 2013, la Croatie dispose désormais des fonds structurels européens, en particulier de ceux du Fonds de cohésion pour le secteur du traitement des déchets. Sur l’enveloppe de 6,8 Mds EUR attribuée au programme « Compétitivité et cohésion » pour la période 2014-2020, 475 M EUR sont à disposition  pour financer le traitement des déchets municipaux croate au sein de l’axe prioritaire 6 « Protection environnementale et durabilité des ressources ». La stratégie nationale dans ce secteur s’incarne aujourd’hui dans le Plan de gestion des déchets 2017-2022, adopté par le gouvernement croate en janvier 2017. Ce plan vise à développer l’industrie du recyclage et à faciliter la création d’emplois verts, et est la condition préalable à l’obtention des financements des fonds structurels européens. Parmi ses objectifs à l’horizon 2020 figurent une réduction de 5% de la production totale de déchets, le tri de 60% des déchets et la mise en décharge de moins de 25% des déchets. Une des premières mesures prises en novembre 2017 pour atteindre ces objectifs est l’obligation pour les autorités locales d’effectuer le tri sélectif pour l’ensemble des déchets. Dans le détail, la construction de 10 centres de gestion des déchets est prévue, 19,4 M EUR d’appels d’offres pour la construction de centres de recyclage ont été lancés en avril 2017 et deux projets de centres de gestion des déchets ont été sécurisés dans les régions touristiques de Šibenik et Zadar.

Cependant, la mise en œuvre effective et intégrale du programme opérationnel en matière de gestion des déchets reste un véritable défi pour les capacités administratives du pays.