La Bosnie-Herzégovine présente un retard dans sa gestion des déchets, avec des taux de mise en décharge deux fois plus élevés que le moyenne européenne et un recyclage des déchets municipaux quasi inexistant (0,5%) quand il s’élève à 44% en moyenne dans l’UE. Ce constat s’explique par les conséquences de la guerre, un sous-investissement dans les infrastructures de gestion des déchets et une complexité institutionnelle qui allonge la prise de décision.

Ce secteur bénéficie de nombreuses aides de la part des IFIs, des agences de développement et des fonds européens IPA I (2007-2013) et IPA II (2014-2017), qui ont permis des progrès dans la lutte contre les décharges sauvages en particulier.

1. La Bosnie-Herzégovine est en retard dans la gestion de ses déchets solides

La quantité de déchets ménagers produite en Bosnie-Herzégovine (BiH) en 2016 était de 1,24 M T, créant une moyenne de 354 kg/an par habitant de déchets municipaux. Ce chiffre de production de déchets est très inférieur à la moyenne européenne qui s’élève à 5 000 kg/an par habitant. Sur ces déchets produits, 77% sont déposés en décharge contre 30% en moyenne dans l’Union Européenne (UE), 2,6% sont triés et 0,5% sont recyclés contre 44% en moyenne dans l’UE. De plus, seulement 74% des déchets municipaux produits en 2016 ont été collectés par une agence publique quand ce taux dépasse les 90% en moyenne dans l’UE. Le traitement des déchets en BiH accuse donc un retard par rapport aux objectifs européens qui visent, en particulier la directive-cadre sur les déchets, un taux de collecte séparée des déchets de 50% d’ici à 2020, ainsi qu’un taux de recyclage de 50% en 2030. Des investissements relativement élevés sont donc nécessaires pour répondre aux exigences d’adaptation des directives européenne. Le montant nécessaire à cette adaptation est estimé à 1,8 Md EUR.

 

2. Un secteur où les investissements et les aides d’aide des IFIs et des fonds européens jouent un rôle déterminant

 

Les acteurs locaux qui participent à la gestion des déchets sont les ministères de tutelle du secteur des entités : le Ministère de l’environnement et du tourisme en FBiH, le Ministère de l’aménagement du territoire, des travaux publics et de l’écologie en RS et le Ministère de l’aménagement du territoire et du droit foncier dans le DB.  Les entreprises qui s’occupent de ce secteur sont des régies et des entreprises locales, impliquant la nécessité pour les entreprises étrangères d’opérer par rachat d’entreprises ou JV dans ce secteur en BiH. Parmi les entreprises du secteur, on peut citer Ekopak, leader local du recyclage d’emballages.

Le secteur du traitement des déchets en BiH a bénéficié de programmes de soutien de la part des IFIs, des agences de développement nationales et des fonds de l’instrument de pré-adhésion (IPA), et devrait continuer à en bénéficier dans le futur. Ainsi, la Banque Mondiale a participé au financement de deux plans de gestion des déchets à hauteur de 22 M EUR, en 2001 et en 2008, pour réhabiliter d’anciennes décharges sauvages et créer de nouvelles décharges. Elle a ainsi pour objectif de faire passer le taux de déchets mis dans des décharges légales de 50% à 65%. Les principales régions concernées par ces deux plans sont celles de Sarajevo, Zenica, Bihac, Tuzla et Banja Luka pour une population d’environ 1,7 million. Les agences de développement européennes sont aussi très présentes dans le pays, comme celle suédoise (SIDA) qui a financé des projets d’amélioration de la gestion des déchets à hauteur d’1 M EUR depuis 2012. De même, lors du programme IPA I (2007-2013), ce secteur a bénéficié d’aides dans le cadre de projets infrastructurels environnementaux plus larges en 2010 et 2011 (230 M EUR, dont 11 M EUR d’aides directes européennes) qui ont entre autres permis de rénover la décharge de Ramići dans la région de Banja Luka. Dans le cadre des fonds IPA II (2014-2017), ce secteur peut bénéficier d’une partie de l’enveloppe de 51 M EUR allouées à la Protection de l’environnement, mais pour l’instant aucun projet n’a été annoncé. Pour les fonds IPA II en 2018, la Commission prévoit une enveloppe de 9,5 M EUR consacrée à l’environnement pour financer, entre autres, des projets dans la gestion des déchets.