La série des Documents de Travail présente des travaux menés au sein de la DG Trésor, diffusés dans le but d’éclairer et stimuler le débat public. Ces travaux n’engagent que leurs auteurs.

Les données de commerce en valeur ajoutée offrent une perception des échanges extérieurs complémentaire de celle fournie par les statistiques traditionnelles. Elles permettent en effet d’identifier les contributions intrinsèques des pays au commerce international, sans y intégrer les apports d’autres économies intervenant dans le processus de production. Cette approche affecte les soldes commerciaux bilatéraux, sans modifier les soldes nationaux. Par exemple, les déséquilibres extérieurs bilatéraux de la Chine (notamment son excédent vis-à-vis des États-Unis) s’avèrent très inférieurs à ceux mesurés à partir des données brutes. Par ailleurs, certaines études suggèrent que la sensibilité du commerce au taux de change a diminué du fait de la plus grande intégration des pays dans les chaînes de valeur mondiales. En outre, la méthode en valeur ajoutée confère une légitimité supplémentaire aux politiques de libéralisation commerciale : une diminution des droits de douane pour les pays intégrés aux chaînes de valeur mondiales (CVM) aurait un impact direct plus important sur leurs échanges extérieurs que ne le suggèrent les données traditionnelles. De surcroit, les données de commerce en valeur ajoutée pourraient permettre de définir plus précisément les règles d’origine, en fonction du niveau réel de participation du pays dans les CVM. Ainsi, les sanctions commerciales appliquées seraient mieux adaptées. Les données de commerce en valeur ajoutée suggèrent également que les CVM structurent en partie le commerce international. Celles-ci reposent la plupart du temps sur une dynamique régionale. Les chaînes de valeur les plus développées sont situées en Asie, tandis que les pays du continent américain font partie des économies les moins intégrées dans les CVM. Les chaînes de valeur impliquant les pays d’Europe occidentale sont les plus hétérogènes. Enfin, la plupart des pays d’Europe centrale et de l’Est sont très intégrés dans des CVM souvent articulées autour de l’Allemagne. Au niveau national, les données de commerce en valeur ajoutée permettent de mieux appréhender le déficit extérieur de la France et l’architecture de son commerce extérieur. Selon ces données, le niveau d’insertion de la France dans les CVM est en progression et se situait en 2011 dans la moyenne des pays de l’OCDE.

DT n° 2018/4