La conférence « Inclusive Growth and Job Creation » s’est déroulée au Caire les 5 et 6 mai. Co-organisée par le FMI, la Banque Centrale et le Ministère des Finances, elle avait pour objectifs de discuter des perspectives de l’économie égyptienne; d’un retour d’expérience de précédents d’économies émergentes ayant choisi la voie de la réforme (Malaisie, Corée du Sud et Inde) et enfin, la feuille de route à suivre afin de concrétiser sur le terrain la volonté politique de création d’emploi.

Elle a vu la participation de nombreux représentants des secteurs privé et financier, du Gouverneur de la Banque Centrale, du Premier Ministre ainsi que des ministres égyptiens des Finances et de l’Investissement et de la Coopération Internationale. 

Dans son propos liminaire, le Gouverneur de la Banque Centrale, M. Tarek Amer, a tout d’abord mis en avant le retour à la stabilité macroéconomique et la confiance du marché.  Il a souligné la reprise de la croissance et la maîtrise de l'inflation permettant d’affirmer sa volonté de baisser le ratio de la dette publique (objectif de 80% du PIB d’ici 2020 contre 107% en 2017/18), ce qui constituerait une première depuis près d'une décennie.

Après avoir mis en avant les décisions importantes prises par son gouvernement (TVA, flottement de la livre égyptienne, réduction des subventions à l’énergie), le ministre des Finances, M. Amr El-Garhy, a réaffirmé la priorité donnée à la réduction du déficit budgétaire, se félicitant de la première situation d’excédent de la balance primaire depuis 2008 qui permettra un meilleur contrôle du service de la dette (38% des dépenses de l’Etat en 2017/18), prédisant une baisse dès 2019/20. Il a par ailleurs confirmé l’intention du gouvernement de procéder à une modification du profil de la dette en allongeant la durée des maturités, par l’intermédiaire des émissions d’eurobonds notamment (programme d’émission d’euro-obligations de 10 mds$ pour l’année fiscale 2018/19). Il a ajouté que le gouvernement travaillait à la préparation de politiques de réformes structurelles pour le secteur industriel et économique : un projet de loi de simplification de la comptabilité pour les PME est ainsi en cours d’élaboration pour stimuler ce secteur, notamment en les faisant entrer en plus grand nombre dans le secteur formel.

Quant à la Ministre de l’Investissement et de la Coopération Internationale, Mme Sahar Nasr, elle a insisté sur le rôle joué par les réformes récentes favorisant l’amélioration du climat des affaires et visant à soutenir les PME. Elle a ainsi rappelé que le gouvernement a fourni des avantages fiscaux et un environnement adéquat pour l'investissement et a éliminé plusieurs procédures qui entravent l'investissement, facilitant ainsi l'accès des entrepreneurs au marché. De plus, elle a engagé un vaste programme de consultations avec des entrepreneurs en vue de lancer un programme de réforme favorable à l’entreprenariat (initiative «Fekretak Sherketak» – « ton idée, ton entreprise »).  Elle reconnaît néanmoins la nécessité d’augmenter l’accès aux financements pour les PME soulignant que cela passe également par une meilleure éducation de ces dernières quant aux possibilités qu’offrent les différents acteurs financiers.

Enfin, si la plupart des intervenants se sont accordés sur les effets positifs du programme de réformes et sur les avancées en termes d’amélioration du climat des affaires, ils ont néanmoins soulignés plusieurs défis auxquels l’Egypte doit faire face, parmi lesquels, on retiendra :

  • une croissance encore insuffisante pour réduire réellement le taux de chômage,
  • une trop forte dette publique,
  • un accès réduit au financement pour le secteur privé,
  • une bureaucratie lourde.

Cette conférence intervient alors qu’une mission du FMI se trouve actuellement au Caire pour procéder à la 3ème revue en vue de débloquer la 4ème tranche de la facilité de crédit. A ce titre, David Lipton, premier directeur général adjoint du FMI a salué les premiers résultats du programme et encouragé le gouvernement à poursuivre ses efforts, estimant par ailleurs que l’Egypte pourrait bénéficier d’une croissance soutenue entre 6 et 8% dans les prochaines années. Après les réformes conjoncturelles nécessaires pour redresser la situation du pays, il a encouragé l’Egypte à faire à présent le choix de réformes structurelles permettant l’émergence d’un secteur privé fort et pourvoyeur d’emplois pour faire face au défi démographique auquel l’Egypte est et continuera d’être confrontée. Il a également appelé le gouvernement à continuer de se concentrer sur les politiques centrées sur les exportations.