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Macroéconomie

Croissance du PIB – Le ministère des Finances irlandais a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2018 et 2019, à respectivement 5,6% (+1,3pp) et 4,0% (+0,5pp). Les exportations nettes ainsi que la demande domestique devraient en être les deux principaux moteurs. Le Ministère souligne cependant que ces chiffres reflètent encore une fois les distortions statistiques causées par l’activité des multinationales en Irlande. Le marché du travail devrait profiter de la croissance de la demande domestique, avec une croissance de l’emploi de +2,7% et un taux de chômage moyen de 5,8% prévus cette année.

PIB

Activité économique – Après trois mois de repli consécutifs, le PMI manufacturier est reparti à la hausse en avril, s’établissant à 55,3 en avril (contre 54,1 le mois précédent). Cette hausse s’inscrit dans un rebond général observé dans la zone euro après un mois de mars affecté par de mauvaises conditions climatiques, bien que le PMI manufacturier irlandais demeure plus faible que la moyenne de l’UEM (56,0). Par ailleurs, le nombre de nouvelles commandes est tombé à son plus bas niveau depuis novembre 2016 ; même s’il reste robuste, sa diminution pourrait annoncer un ralentissement de la production dans les mois à venir. Les producteurs étaient cependant suffisamment optimistes pour augmenter leurs effectifs durant le mois d’avril.  Le PMI des services connait lui aussi un rebond en avril, passant de 56,5 à 58,4.

PMI

Chômage – Le taux de chômage en Irlande est passé – pour la première fois depuis mai 2008 – sous la barre symbolique des 6% en avril, s’établissant à 5,9% (-0,1pp par rapport à mars). Le nombre total de chômeurs a ainsi diminué de -2,2% (- 3 200) sur le mois, à 140 300 – là encore le niveau le plus bas observé depuis 10 ans. Cette baisse du chômage se vérifie à travers les différents groupes démographiques : le taux de chômage des femmes s’établit ainsi à 5,5% en avril 2018 (contre 5,6% en mars 2018 et 6,1% en avril 2017) et celui des hommes à 6,2% (contre 6,4% en mars 2018 et 7,3% en avril 2017). Le taux de chômage des jeunes s’établit quand à lui à 12,0% (contre 14,9% en avril 2017) et celui des plus de 25 ans à 5,1% (contre 5,6% un an aupravant). Malgré ces taux très encourageants, la reprise sur le marché du travail n’est pas encore arrivée à son terme : le taux de participation ne s’élève ainsi qu’à 62,3%, contre un pic de 66,6% avant la récéssion.

Unemployment

Immobilier – L’inflation sur le marché de l’immobilier a accéléré en février 2018, atteignant +1,0% sur le mois et +13,0% en g.a. A l’exception du Sud-Est (+8,6%), une inflation annuelle à deux chiffres est maintenant observable dans toutes des régions irlandaises : +14,8% dans les Midlands, +14,6% dans l’Ouest, +14,2% dans le Sud-Ouest, +14,0% dans le Mid-Est et Mid-Ouest et +12,7% à la Frontière. La croissance annuelle des prix des appartements a dépassé celle des maisons, avec respectivement +15,0% et +12,7%. Malgré le durcissement des conditions de prêts hypothécaires par la Banque centrale et les annonces du gouvernement pour augmenter l’offre de logements, aucun signe de ralentissement ne s’est pour l’instant manifesté. Par ailleurs, le nombre de transactions immobilières a augmenté au premier trimestre 2018, à 10 331 pour un montant de 2,8 Mds€ - une hausse de +11,0% en g.a.

Immob

Ventes au détail – Les ventes au détail ont connu une forte baisse de -2,2% en mars par rapport au mois précédent, et de -2,8% en g.a. cvs. Hors ventes automobiles, particulièrement volatiles, les ventes au détail étaient en baisse de -1,4% sur le mois et en hausse de +2,3% en g.a. cvs – un ralentissement significatif par rapport à la croissance de +5,5% enregistrée en février. Ces chiffres décevants ne sont cependant pas source d’inquiétude dans la mesure où ils reflètent les mauvaises conditions climatiques de mars qui ont temporairement ralenti l’activité économique. Selon les analystes de Davy Research, les ventes au détail devraient fortement rebondir dès le mois d’avril, stimulées par la croissance du marché du travail et  du revenu des ménages.

Retail

Finances publiques

Recettes du gouvernement central – Les recettes fiscales du gouvernement central (Exchequer) pour le mois d’avril étaient -2,1% (61m€) en deçà des prévisions budgétaires. Sur les quatre premiers mois de 2018, les recettes de l’Exchequer sont ainsi -1,4% (202m€) plus faibles qu’attendues. Les recettes provenant de l’impôt sur les sociétés étaient -3,1% plus faibles, celui de l’impôt sur le revenu de -1 ,1%, la TVA de -0,6% et les accises de -3,2%. Les recettes provenant des timbres fiscaux étaient quant à elles -9,8% plus faibles que les prévisions – alors même que l’augmentation des timbres fiscaux commerciaux de 2% à 6% dans le Budget 2018 était l’une des principales mesures destinées à augmenter les recettes publiques. Ces résultats suggèrent que les projections budgétaires du gouvernement pour 2018 ont pu être légèrement optimistes.  

Déficit structurel – Alors que l’Irlande devait atteindre son Objectif de Moyen Terme (OMT – outil de prévention budgétaire contenu dans le Pacte de Stabilité et de Croissance européen, requérant un déficit structurel maximal de 0,5% du PIB) en 2018, le ministère des Finances a annoncé qu’il ne serait pas atteint avant 2019. Le déficit structurel de l’Irlande devrait ainsi s’établir à 0,9% du PIB cette année et 0,4% du PIB l’année suivante. Selon le Ministère, cette détérioration est principalement imputable à la distorsion du PIB irlandais par l’activité des multinationales en Irlande : la croissance économique plus solide que prévue n’a ainsi pas été suivie d’une augmentation proportionnelle des recettes fiscales.  

Investissement et compétitivité

Commerce extérieur – La balance commerciale irlandaise a affiché un accédant de près de +4,0 Mds€ en février, en baisse de -1,5 Md€ par rapport au record atteint le mois précédent (+5,5 Mds€). Les exportations étaient ainsi en baisse de -11,8% sur la période, à 10,9 Mds€, et les importations en hausse de +1,4%, à 6,9 Mds€. L’incertitude entourant les négociations sur le Brexit commence à peser – de façon encore limitée – sur la confiance des entreprises et des consommateurs ; le risque demeure, en particulier pour les exportateurs de produits agroalimentaires. Les fluctuations du taux de change euro/livre sterling s’avèrent particulièrement cruciales : la livre s’est redressée depuis le début de l’année, mais des annonces positives de Bruxelles et de Londres seront nécessaires pour que cette amélioration soit durable.

Secteur financier

Crédits hypothécaires – Selon la Fédération Irlandaise des Banques et des Paiements (BPFI), le marché hypothécaire irlandais a affiché des résultats très encourageants au premier trimestre 2018. Les tirages sont ainsi en hausse de +22% en g.a, à 1,7 Md€. L’activité a été limitée en mars, avec un taux d’approbation de prêts en baisse de -8%, mais largement imputable aux mauvaises conditions météorologiques. Les prêts octroyés au primo-accédants étaient en forte hausse (+29%) à 822 m€, ainsi que ceux octroyés aux acheteurs-loueurs (+27%) à 51 m€. Le montant moyen d’un prêt hypothécaire immobilier continue de croître à un rythme soutenu, à +8,3% en g.a. Ces données suggèrent que l’inflation sur le marché immobilier ne devrait pas ralentir dans les mois à venir.   

Crédits aux PME – Les prêts octroyés aux sociétés non-financières (SNF) ont crû de 51 m€ en février 2018 en g.a. – première croissance annuelle positive depuis 2009. Les crédits aux PME irlandaises ont connu le premier trimestre de croissance positive au quatrième trimestre 2017, marquant ainsi la fin d’un processus de désendettement commencé il y a près d’une décennie. Alors que la reprise économique se renforçait, la demande de crédit des PME irlandaises était restée timide notamment en raison des incertitudes liées au Brexit. Les crédits octroyés aux grandes entreprises ont quant à eux enregistré leur 13ème trimestre de croissance positive consécutif fin 2017. Depuis juin 2008, les SNF irlandaises ont réalisé des ajustements colossaux, l’encours de crédit étant passé de 171 Mds€ à moins de 41 Mds€ aujourd’hui.

Bonus – La banque irlandaise AIB a proposé de réintroduire un système de « bonus » pour ses employés les plus seniors, système banni depuis la crise financière de 2008. Selon le directeur général de la banque, Bernard Byrne, ce système de bonus serait indispensable pour conserver et attirer les profils les plus talentueux. Il a ainsi indiqué que plus de 20 employés seniors ont quitté AIB ces 5 dernières années – un chiffre qu’il estime élevé. Malgré un assainissement considérable de son bilan, l’image de la banque – qui a été nationalisée et sauvée de la faillite – reste très endommagée auprès du public, et ne s’est pas améliorée à la suite des récents scandales de « tracker mortgage » et son intention de vendre des prêts hypothécaires à des fonds vautours. Le ministre irlandais des Finances, Paschal Donohoe, a cependant opposé son veto à cette proposition de bonus lors de l’assemblé générale de la banque – l’Etat irlandais demeure l’actionnaire majoritaire avec 71% des parts. Le Ministre a toutefois accepté de revoir les politiques de rémunération des banques. 

Affaires européennes

Affaire Apple – Le gouvernement irlandais a annoncé fin avril avoir trouvé un accord avec la société Apple pour recouvrer les 13 Mds€ de taxes non acquittées par cette dernière. En 2016, la commissaire européenne à la compétition, Margrethe Vestager, avait condamné Apple à rembourser à l’Etats irlandais 13 Mds€ de taxe non-payées dans le cadre de montages fiscaux que la commissaire considère comme de aides d’Etat illégales. Selon l’accord, Apple déposera cette somme en plusieurs fois sur un compte séquestre entre mai et septembre. Cette somme représente une portion non-négligeable de la dette irlandaise, qui atteignait 201 Mds€ en décembre 2017, et représente 160% des recettes fiscales irlandaises provenant de l’impôt sur les sociétés en 2017 (8,2 Mds€). L’Irlande et Apple ont cependant fait appel de cette décision, dont le jugement final pourrait prendre jusqu’à 5 ans. Apple demeure le principal contribuable du pays, représentant environ 7% des revenus de l’IS irlandais. Par ailleurs, les ventes d’IPhones représenteraient un quart de la croissance économique de 7,8% enregistrée en Irlande en 2017, selon les estimations du FMI. La propriété intellectuelle d’Apple étant basée en Irlande, les ventes de smartphones sont en effet considérées comme des exportations irlandaises (même si les produits ne sont jamais physiquement présents sur le territoire).

 

 Evolution des indicateurs macroéconomiques

Tableau mensuel

mensuel

Tableau annuel

annuel