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La Direction générale du Trésor organisait ce jeudi 19 avril une réunion de présentation du rapport annuel de la Banque Asiatique de Développement (BAsD), intitulé « Asian Development Outlook 2018, How technology affects jobs ».

Après le propos introductif du Chef économiste du Trésor, Michel Houdebine, M. Juzhong Zhuang, chef économiste adjoint de la BAsD, s’est livré à une présentation rétrospective des performances des économies asiatiques au cours de l’année 2017 ainsi qu’à l’analyse des perspectives macroéconomiques pour la zone Asie pour 2018 et 2019.

M. Juzhong s’exprimant en anglais a consacré la seconde partie de son exposé à l’impact prospectif des nouvelles technologies sur le marché du travail des pays d’Asie.

Les échanges modérés par Philippe Baudry et Martin Landais de la DG Trésor se sont poursuivis en anglais avec une audience aussi intéressée qu’hétérogène (composée de représentants d’associations, d’organisations professionnelles ou institutionnelles, de think tank, d’économistes, d’administrateurs et collaborateurs parlementaires). Ils ont permis de revenir dans le détail sur les points saillants du discours de M. Juzhong.

Face à la remontée des taux directeurs américains et à l'escalade des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, le dynamisme de la zone asiatique peut compter sur la croissance de la demande intérieure et la mise en place de grands projets d'infrastructures dont le projet chinois de "nouvelle route de la soie" ("Belt and Road Intiative").

 

Evoquant les risques qui pèsent sur la croissance asiatique, M. Juzhong a été amené à préciser que les tensions commerciales avec les États-Unis, tout comme la remontée des taux américains courant 2018 (risque d’inversion des flux financiers), sont davantage des facteurs d’incertitudes que de vrais risques pour la première économie d’Asie. Considérant que la Chine bénéficie d’une hausse de sa demande domestique qui devrait continuer à croître ces deux prochaines années, il est raisonnable de penser que le danger pour la Chine, comme pour l’Asie, soit surtout le niveau élevé d’endettement privé et public. Pour autant, les risques liés à la hausse des taux américains étaient, selon lui, relativement limités pour l’Asie, et pour la Chine notamment.

Dans ces conditions, il a été question du financement de grands projets d’infrastructures dans la région. M. Juzhong a rappelé à ce sujet avoir participé tout récemment au sommet de Singapour ASEAN (Associations des nations d’Asie du Sud-Est) +3 (Japon, Chine, Corée), au cours duquel la question du financement d’infrastructures pour faire face, par exemple, à la congestion des villes et du trafic, a fait l’objet de toutes les attentions.

Parmi les grands projets de la région, le projet chinois de « nouvelle route de la soie »  (« Belt and Road Initiative ») a suscité l’intérêt des participants, en particulier quant à savoir si la BAsD particip(er)ait d’une manière ou d’une autre au financement de ce projet et si des résultats macroéconomiques étaient déjà perceptibles pour la Chine et pour la région. De façon révélatrice, M. Juzhong a mentionné l’AIIB en réponse à chaque question sur la BRI.

Interrogé par ailleurs sur l’internationalisation de la monnaie chinoise, M. Juzhong s’est montré catégorique. Si le renminbi est de plus en plus utilisé comme monnaie d’échange dans les transactions internationales, il n’est en revanche pas une monnaie de réserve, et ne pourra l’être avant un moment (« a long way to go ») sauf à considérer que la Chine accepte d’ouvrir ses marchés de capitaux.

Les études sur l'impact des nouvelles technologies sur le marché du travail des pays d'Asie révèlent un optimisme aux antipodes des perceptions occidentales.

 

De nombreuses questions ont finalement porté sur l’impact des nouvelles technologies sur le marché du travail asiatique. Rappelant la différence d’approche entre l’Occident et l’Asie sur la façon d’appréhender le travail et les nouvelles technologies, M. Juzhong a tenu à préciser que si le risque existait de voir de nombreux métiers disparaître en fonction du degré de répétitivité et de complexité des activités (matrice de combinaison de métiers « cognitive/manual », « routine/non routine »), le niveau de création de nouveaux emplois devrait être supérieur au niveau des destruction d’emplois, sans compter les gains de productivité induits par l’automatisation, la robotisation et le numérique. Il a également noté la concentration des robots industriels dans les secteurs intensifs en capital, dont la part dans l’emploi industriel est relativement faible (l’électronique faisant exception).

Pour s’adapter à ces mutations profondes, M. Juzhong a insisté sur le rôle de l’État et des gouvernements asiatiques pour mettre en place des politiques publiques visant en même temps à la constitution d’une protection sociale (assurance contre les risques), à la flexibilisation du marché du travail, à l’investissement dans l’éducation et la recherche et développement, et au renforcement progressifs des dispositifs fiscaux pour financer l’ensemble.

 

Photo Réunion présentation BAsD 2018-04-19

 

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