Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman (MBS) s’est rendu trois jours en Egypte du 4 au 6 mars 2018 pour ce qui constitue sa première visite officielle à l’étranger depuis sa désignation en tant qu’héritier du trône en juin 2017.

A cette occasion, il a rencontré le patriarche de l’Eglise copte orthodoxe ainsi que le Grand Imam d’Al-Azhar. Il s’est également rendu avec le Président Sissi dans la zone économique du Canal de Suez et y a notamment visité le chantier d’un tunnel routier en construction sous le canal. A Ismaïlia, ils ont inauguré un hôtel et assisté à une conférence sur l'évolution des grands projets nationaux en cours dans la zone.

Les deux pays ont annoncé leur intention de mettre en place un fonds commun d’investissement de près de 10 Mds$ dans le cadre du mégaprojet saoudien de zone de développement spéciale NEOM. Alors que l’Arabie Saoudite injecterait des fonds (dont le montant n’a pas encore été communiqué à ce jour), la part égyptienne consisterait dans la mise à disposition de terrains dans le sud du Sinaï (près de 1000 km²).

Ce projet de fonds d’investissement financerait également d'autres projets en Égypte sélectionnés à partir de la carte des investissements du ministère de l’Investissement et de la Coopération internationale, en particulier des projets liés au tourisme à New El Alamein, Hurghada et dans le sud du Sinaï (rénovation de Charm el Cheikh).

Le Caire et Riyad ont également signé deux protocoles d’accord sur la coopération entre le GAFI et son homologue saoudien et sur la préservation des récifs coralliens de la mer Rouge.

Les relations économiques entre l’Egypte et l’Arabie Saoudite sont importantes. En 2016/17, l’Arabie Saoudite est le 5ème partenaire commercial de l’Egypte (3,8 mds$ d’échanges commerciaux), son 4ème fournisseur (2,8 Mds$ d’importations) et son 5ème client (959 M$ d’exportations). En 2016/17, l’Arabie Saoudite se classe au 5ème rang des investisseurs en Egypte avec un total de 344 M$ d’IDE (+9,6% en g.a.).

L’Arabie Saoudite est le principal créditeur étatique de l’Egypte avec 7 Mds$ (37% de l’endettement total). La quasi-totalité de ces créances correspond à des dépôts auprès de la BCE. L’Egypte est actuellement en cours de négociations avec le royaume afin de prolonger la maturité de ces dépôts, alors qu’elle doit lui rembourser près de 3 Mds$ en 2018.

En 2016, les deux pays ont signé un accord tripartite entre Saudi Aramco, l’Egyptian General Petroleum Corporation (EGPC) et le Saudi Development Fund pour la fourniture à l’Egypte de 700 000 tonnes de produits pétroliers par mois pendant 5 ans (400 000 tonnes de diesel, 200 000 tonnes d’essence, 100 000 tonnes de fioul). Cette aide pétrolière, d’une valeur totale d’environ 23 Mds$, sera réglée directement par le Saudi Development Fund à Saudi Aramco puis remboursée par l’Egypte. L’accord a été rompu unilatéralement par l’Arabie Saoudite en octobre 2016, avant de reprendre en mars de l’année suivante.

Enfin, plus d’1,5 M d’Egyptiens travailleraient en Arabie Saoudite, contribuant une part important des 13,3 Mds$ transférés par les migrants vers l’Egypte en 2016/17.