Si le secteur bancaire bangladais était encore très récemment confronté à un excès de liquidité dont il ne savait que faire, force est de constater qu’il est aujourd’hui exposé à une sévère crise de liquidités qui trouvent son origine dans la très vive croissance des importations ainsi que celle des prêts accordés au secteur privé (près de 20% en décembre dernier). Aucun observateur ne l’avait anticipé

Il est vrai que les mesures annoncées le 29 janvier dernier par la Banque du Bangladesh, notamment l’obligation faite aux banques d’afficher un ratio crédit/dépôt de 85%, ont très sensiblement contribué à amplifier le phénomène. Les répercussions ne se sont pas fait attendre : 

  • La Bourse a été confrontée à un mini crash, un pic ayant été enregistré le dimanche 4 février avec la plus forte baisse depuis 4 ans (2,21%)
  • le marché est le témoin d’une concurrence accrue pour mobiliser l’épargne ainsi que d’une envolée des rendements des dépôts, jusqu’à 9% contre 5% précédemment, augmentation bien évidemment répercutée sur les taux d’intérêt qui se négocient désormais entre 12 et 14%.

Sans que cela ait pu être vérifié, un chèque de 150 M  BDT (1,44 M €) n’aurait pas été honoré par une banque privée.  Plusieurs banques ne seraient par ailleurs plus en mesure de satisfaire les besoins en financement de leurs clients. Témoin du caractère préoccupant de la situation, le ministère des Finances s’abstiendra de lever des fonds sur le marché obligataire en février.

De nature a priori conjoncturelle, cette crise de liquidité n’annonce-t-elle cependant pas une crise systémique dont les pouvoirs publics seraient en grande partie responsables.

Les mesures annoncées le 29 janvier par la Banque du Bangladesh laissent perplexe quant à sa détermination à traiter, en profondeur, des maux dont souffre le secteur bancaire. Ces mesures ne contribueront guère à renforcer la gouvernance et à améliorer la gestion des risques dans un secteur bancaire qui demeure fragilisé par le niveau important de créances douteuses (11% environ) et le besoin récurrent de recapitalisation des banques publiques (30 % du secteur bancaire). Les contrôles/audit de plus en plus rigoureux des autorités laissent d’autre part apparaître des failles béantes qu’exploitent avec bonheur des emprunteurs peu scrupuleux.

De son côté, le ministre des Finances se croit contraint d’exhorter les « politiques » à cesser d’interférer dans les activités des banques à un moment où…..il donne son accord à l’entrée de 3 nouvelles banques privées sur un marché qui en compte déjà 40, la majorité d’entre elles ne répondant pas aux critères de bonne gouvernance !!!