En 2024, la Suisse a figuré au 9ème rang des partenaires commerciaux de la France pour les échanges de biens, avec un excédent de 2,3 Mds EUR à l’avantage de la France, en net repli par rapport à 2023, qui avait cependant correspondu à une année record. Il s’agit du 5ème plus important excédent bilatéral de la France au plan mondial (le 3ème en 2023), en dépit d’une réduction des ventes vers la Suisse (-5,2 % en valeur), à 19,8 Mds EUR. Cette baisse fait toutefois suite à une forte expansion ces dernières années, en particulier dans le sillage du rebond post-covid. Après une baisse de -5,3 % en 2023, en lien avec la réduction de la facture énergétique, les achats français depuis la Suisse ont progressé l’an dernier de +3,2 %, tirés notamment par les acquisitions de métaux précieux. Les secteurs à haute valeur ajoutée, tels que la pharmacie, les équipements industriels et l’industrie chimique restent les principales composantes du commerce bilatéral franco-suisse, les deux pays s’échangeant globalement les mêmes types de biens, illustrant la complémentarité des chaînes de valeur.

I. Après une forte progression dans la période récente, la dynamique des ventes françaises vers la Suisse a de nouveau fléchi en 2024, tandis que les importations ont légèrement progressé

Evolution des exportations et des importations françaises vers et depuis la Suisse (Mds EUR)

Exports imports

Source : Douanes françaises, 2024

Hors pandémie, les ventes de produits français vers la Suisse suivent une trajectoire haussière depuis 2010. Cependant, après le rebond spectaculaire post-Covid de 2021 et 2022, les exportations françaises de biens ont légèrement reculé en 2023 avant de se replier de façon plus marquée l’an passé, à 19,8 Mds EUR (-5,2 % par rapport à 2023), un seuil toutefois bien supérieur à celui de 2019 pré-Covid. Cette contraction a principalement résulté de la très forte diminution des ventes de navires et bateaux (-97,1 %, a priori liée à la livraison du MSC Euribia par les Chantiers de l’Atlantique en 2023), ainsi que du recul des ventes d’hydrocarbures naturels (-33,7 %). Ce repli a été partiellement compensé par la hausse des ventes d’or (+42,2 % d’exports de métaux non ferreux) et par la reprise des exportations de produits pétroliers raffinés (+31,2 %). Globalement, la Suisse reste le 9ème client de la France s’agissant des ventes de biens.

De leur côté, les importations françaises depuis la Suisse ont augmenté de +3,2 %, à 17,5 Mds EUR, après avoir reculé de -5,3 % en 2023. L’accroissement de l’importation d’or (+41,2 % d’imports de métaux non ferreux) explique en large partie cette évolution, compensant la forte contraction de la facture énergétique (-48,4 % d’importations d’électricité en valeur), dont le ralentissement a toutefois diminué par rapport à 2023 (-75,1 %). Le montant total du commerce franco-suisse de biens s’est élevé à 37 Mds EUR en 2024, un seuil proche du record de 40 Mds EUR de 2022.

II. Des échanges complémentaires, axés sur des secteurs à haute valeur ajoutée, qui témoignent de la forte intégration des chaînes de valeur entre les deux économies  

Les échanges intra-branches entre la France et la Suisse sont denses et imbriqués, reflétant la complémentarité des chaînes de valeur entre les deux pays. Selon les Douanes françaises, parmi les 10 premiers postes d’exportations françaises vers la Suisse, 5 font aussi partie des premiers postes d’importations françaises depuis la Suisse :

  • Produits pharmaceutiques : 1,0 Md EUR d’exportations (5,1 %) et 2,7 Mds EUR d’importations (15,4 %) ;
  • Articles de joaillerie et bijouterie, instruments de musique : 2,9 Mds EUR d’exportations (14,7 %) et 1,0 Md EUR d’importations (5,7 %) ;
  • Métaux non ferreux : 1,3 Md EUR d’exportations (6,7 %) et 1,7 Md EUR d’importations (9,7 %) ;
  • Produits chimiques de base, produits azotés : 0,7 Md EUR d’exportations (3,4 %) et 0,8 Md EUR d’importations (4,4 %) ;
  • Machines et équipements d’usage général : 0,6 Md EUR d’exportations (3,0 %) et 0,6 Md EUR d’importations (3,5 %).

Exportations françaises de biens vers la Suisse en 2024 (% de la valeur)

Exportations

Source : Douanes françaises, 2024

 

Importations françaises de biens depuis la Suisse en 2024 (% de la valeur)

Importations

Source : Douanes françaises, 2024

III. Ces dernières années, les parts de marchés de la France en Suisse se stabilisent autour de 6 %

Les parts de marché de la France en Suisse (importations de marchandises) sont stables depuis 2013, oscillant entre 6 et 7 % environ. Elles se sont élevées à 5,8 % en 2024, maintenant la France au 4ème rang des fournisseurs de la Suisse. Il s’agit malgré tout du plus faible résultat de la France depuis 2013, et l’écart tend à se creuser avec l’Italie (3ème), alors qu’il se réduit avec la Chine (5ème, avec 5,5 % de parts de marché), comparativement à 2023. L’Allemagne (18,3 %), l’Italie (8,2 %) et les Etats-Unis (8,0 %)  ont conforté leur position historique de premiers fournisseurs.

IV. La France continue de dégager un excédent structurel dans le commerce de biens avec la Suisse

En 2024, l’excédent de la France avec la Suisse dans les échanges de biens s’est élevé à 2,3 Mds EUR, en net recul par rapport à 2023 (-41 %) où il avait atteint son plus haut niveau de la décennie. Cette contraction s’explique par les mouvements simultanés de hausse des importations depuis la Suisse, tandis que les exportations françaises vers la Suisse se sont repliées. L’excédent observé en 2024 reste toutefois supérieur aux valeurs pré-Covid de la décennie poussé par (i) la densification des échanges énergétiques ; (ii) les bonnes performances de l’appareil exportateur français d’articles de bijouterie et joaillerie, de produits chimiques, de biens agro-alimentaires, d’appareils de mesures, de produits sidérurgiques ou encore de matériel électrique. Il s’agit du 5ème plus large excédent commercial bilatéral de la France dans le monde (3ème en 2023) en ce qui concerne les échanges de biens (et du 2ème en Europe), après le Royaume-Uni (10,7 Mds EUR), Singapour (4,9 Mds EUR), les Emirats Arabes Unis (4,6 Mds EUR) et l’Australie (2,7 Mds EUR).

V. En matière de services, la Suisse constitue le 3ème excédent bilatéral mondial de la France et sa 4ème source de recettes touristiques

La situation apparaît encore plus favorable à la France en intégrant les services. Avec 21,1 Mds EUR d’exports de services vers la Suisse en 2023 (dernière année disponible), pour 14 Mds EUR d’imports, la Suisse constitue notre 3ème excédent bilatéral mondial des échanges de services à 7,1 Mds EUR (+11 % en 1 an). En outre, la Suisse est notre 4ème pourvoyeur de recettes touristiques au monde en 2024, après la Belgique, le Royaume-Uni et l’Allemagne : les dépenses de voyages en France par des personnes résidantes en Suisse ont atteint 6,8 Mds EUR (+28 % par rapport à 2019). Grâce au surplus de la balance des services, l’excédent global de la balance bilatéral des échanges de biens et services a atteint plus de 11 Mds EUR en 2023, soit le 3ème plus élevé avec nos partenaires dans le monde, derrière le Royaume-Uni (19,6 Mds EUR) et les Etats-Unis (15,8 Mds EUR).

 

En dépit de la relative petitesse de son économie, la Suisse est un partenaire majeur pour la France, tant du point de vue des échanges de biens que de services. Bien que les ventes se soient contractées cette année, la France dégage un excédent structurel toujours significatif vis-à-vis de la Suisse, reflet de la résilience des deux économies et de l’imbrication étroite des chaînes d’approvisionnement. Malgré cette bonne performance générale, le positionnement de la France dans le commerce extérieur helvétique suggère toujours des pistes d’amélioration pour combler l’écart nous séparant de la performance enregistrée par un pays comme l’Italie.