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Macroéconomie

Croissance du PIB – Le PIB irlandais a accéléré au T3 2017, à +4,2% en g.t. et +10,5% en g.a. Les exportations (+63%) et la consommation des ménages (+1,9%) sont restées robustes malgré la contraction de l’investissement (-36%) du fait de l’activité des multinationales : hors brevets de propriété intellectuelle et leasing aéronautique, la FBCF demeure soutenue (+4,9%), notamment grâce à la construction (+2,3%).  Par ailleurs, la croissance de T2 a été révisée à la hausse à +2,7% contre une estimation initiale de +1,4%. L’acquis de croissance pour 2017 s’établit ainsi à près de 6,5% : la croissance annuelle pour 2017 devrait donc être bien supérieure aux 4,3 % qui ont servi d’hypothèses au budget 2018. L’Irlande est en bonne voie pour être l’économie européenne la plus dynamique pour la quatrième année consécutive.

Contributions PIB

 

Activité économique – Le PMI manufacturier s’établit à 59,1 en décembre, atteignant ainsi son niveau le plus élevé depuis 19 mois, notamment grâce à une augmentation des nouvelles commandes et une amélioration des marchés à l’export – ce qui est cohérent avec l’excellente tenue du PMI manufacturier de la zone euro qui affiche son niveau le plus élevé jamais atteint (60,6). Le PMI des services connait lui aussi une forte accélération en décembre, à 60,4 (contre 56,0 le mois dernier). Le PMI composite atteint ainsi son niveau le plus élevé depuis mars 2016, à 60,2PMI

Ventes de détail – Les ventes de détail (en volume) ont connu une croissance robuste en novembre, en hausse de 2,6% sur le mois et de 6,8% en g.a, largement stimulées par le Black Friday. Ces résultats suggèrent que les performances traditionnelles des ventes de décembre ont été avancées en novembre. Cette analyse est soutenue par Davy Research, selon qui les ventes de décembre auraient été décevantes. Par ailleurs, malgré une bonne résilience à la dépréciation de la livre sterling, les détaillants irlandais ont fait état d’une concurrence accrue de la part des détaillants britanniques durant la période de Noël, notamment dans le domaine de la vente en ligne.

Retail slaes

Niveau de vie (2016) – Les conditions de vie en Irlande se sont améliorées de façon constante entre 2013 et 2016. Le salaire réel annuel médian s’établissait à 20 379€ en 2016, en hausse de près de 13% par rapport à 2013 (18 078€). Le salaire réel moyen s’établissait quant à lui à 23 599€ en 2016, contre 21 773€ en 2013 (+8,4%).

Après avoir augmenté en 2014 (+0,8ppc), le taux de risque de pauvreté, est revenu en 2016, à son niveau de 2013 (16,5%). Le taux de pauvreté constante était en diminution, à 8,3% en 2016 contre 9,1% trois ans plus tôt. Enfin, le coefficient de Gini pour les revenus est passé de 0,32 à moins de 0,31 sur la période, traduisant une légère diminution des inégalité de revenus.

Life standards

Immobilier – L’inflation sur le marché de l’immobilier irlandais a ralenti en octobre, enregistrant une hausse de +0,5% par rapport à septembre 2017 (contre +1,6% en août et +1,5% en septembre). L’augmentation des prix est de +12,1% sur un an. A Dublin, l’inflation mensuelle en octobre a atteint +0,3%, et l’inflation annuelle +11,6%. Hors Dublin, elle est respectivement de +0,7% et +12,8%. Si l’offre de logement connait une amélioration – plus de 15 000 logements auraient été construits sur les 10 premiers mois de 2017 contre moins de 15 000 sur l’ensemble de l’année 2016 – le déficit par rapport à la demande (estimée à 30-35 000 logements par an) reste important, nourrissant la hausse des prix. Le renforcement des règles de prêts par la Banque centrale (CBI) à partir de janvier 2018 - limitant la part des crédits dont le ratio valeur/revenus de l’emprunteur est supérieur à 3,5 à 20% du total des nouveaux crédits pour les primo-accédants et à 10% pour les autres clients - devrait contenir l’inflation autour de 8% en 2018 selon Davy Research.

Logement

Finances publiques

Recettes fiscales – Les recettes fiscales du gouvernement central (Exchequer) du mois de décembre ont dépassé les prévisions et confirment les résultats meilleurs qu’attendus pour l’ensemble de l’année 2017. L’Exchequer affiche ainsi un excédent (« non-maastrichtien ») de 1,9Md€ – grâce au produit de la vente de 28% des parts de la banque AIB détenues par l’Etat – en nette hausse par rapport à 2016 (déficit d’1 Md€). Selon Davy Research, le gouvernement devrait avoir atteint son objectif (« maastrichtien ») de 0,3% de déficit en 2017 ; l’institut prévoit un déficit de 0,2% en 2018.

La collecte de l’impôt sur les sociétés apparait comme l’un des principaux facteurs de ces bons résultats, en hausse de 0,9Md€ (+11,6%) par rapport à 2016. Les recettes provenant de l’IS ont doublé en 4 ans, s’établissant à 8,2 Mds€ en 2017, soit 16% des recettes totales. Bien que ces résultats demeurent positifs pour le gouvernement, la dépendance croissante à l’IS et la volatilité de cet impôt augmentent l’incertitude entourant la stabilité de la base fiscale de l’Irlande, d’autant plus que les dépenses sont susceptibles d’augmenter dans un futur proche pour répondre aux demandes d’infrastructures et à la pression démographique. 

Du côté des dépenses, la contribution au budget de l’UE plus faible que ce qui était anticipé ainsi que la diminution du coût de la dette publique apparaissent ont également contribué à ces résultats meilleurs que prévus.

Investissement et compétitivité

Commerce extérieur – L’excédent commercial de l’Irlande était en hausse de près de 12% en octobre 2017 par rapport au mois précédent, s’établissant à 3,9Mds€. Les exportations de biens et services étaient ainsi en baisse (‑2,1% cvs, à 9,6Mds€), de même que les importations (-9,9% cvs, à 5,7Mds€).

Si les exportations de services sont restées stables au T3, les importations de services ont diminué de 9,7%, résultant en partie de la réduction des paiements de royalties à l’étranger alors que les recettes de royalties en Irlande ont augmenté – effet lié au nombre croissant de brevets de propriété intellectuelle (PI) localisés en Irlande.

Secteur financier

Arriérés hypothécaires – Selon un rapport publié par la CBI, le nombre de prêts en arriérés a continué de diminuer au T3 2017 : les prêts affichant un arriéré de 90 jours contractés par des propriétaires-occupants représentaient ainsi 6,9% de l’encours de prêts hypothécaires contractés par ces derniers (contre 7,1% au T2), tandis que ceux contractés par des investisseurs locatifs représentaient 15,1% de leur encours (contre 15,5% au T2). Par ailleurs, la majorité (87,3% des propriétaires-occupants et 87% des investisseurs locatifs) des emprunteurs ayant bénéficiés d’une restructuration continuent de remplir les conditions convenues avec leur banque.

En revanche, la résorption des arriérés hypothécaires de longue durée en Irlande n’enregistre pas de progrès significatif. Ces derniers représentent 62% des arriérés hypothécaires restants. Si le nombre de propriétaires-occupants en arriéré de plus de 720 jours a diminué de 8% en septembre en g.a, leur encours moyen est passé de 63 k€ à près de 79 k€. De plus, 20% des emprunteurs en situation d’arriérés hypothécaires connaissent un retard de paiement d’au moins 5 ans. Les saisies de biens pour défaut de paiement restent toutefois marginales : 420 propriétaires-occupants ont vu leurs biens saisis au T3 (contre 340 au T2), ainsi que 198 investisseurs locatifs. Depuis 2010, 12 295 propriétés ont été saisies – ces cas représentent 1,4% du nombre total de prêts hypothécaires.  

Scandale des « tracker mortgage » - La CBI a identifié 33 700 clients concernés, contre 20 100 en octobre dernier, soit un nombre plus important que les premières estimations. La plupart des nouveaux cas identifiés concernent des clients d’AIB et, dans une moindre mesure, de KBC. En revanche, la majorité de ces nouveaux dossiers devraient donner lieu à des compensations limitées. Selon la CBI, la grande majorité des clients victimes des tracker mortgage est maintenant identifiée, et la plupart de ceux identifiés avant septembre 2017 (inclus) ont été indemnisés.

Les « tracker mortgages » sont des prêts hypothécaires à taux variables indexés sur les taux de la BCE et très populaires avant la crise. Cinq banques – les irlandaises AIB (détenue à 71% par l’Etat), PTSB (75%) et BoI (14%), la britannique Ulster Bank (qui fait partie de RSB) et la branche irlandaise KBC Bank Ireland du groupe belge KBC – auraient empêché leurs clients de bénéficier de la diminution des taux lorsque la BCE a réduit les siens pour faire face à la crise de la zone euro. La CBI a ouvert une enquête en 2015.

Brexit

PME – Selon la CBI, les PME ont contracté pour 1 Md€ de nouveaux prêts au T3 2017 soit le trimestre le plus faible depuis le T1 2016. L’octroi de nouveaux prêts a ainsi diminué dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, de l’hôtellerie et de la restauration ainsi que ceux des ventes de gros et de détail. Ces chiffres sont les premiers signes que l’incertitude entourant le Brexit ralentit les dépenses des PME. L’encours de prêts totaux contractés par les PME a diminué de 6,3% sur les 9 premiers mois de 2017, les remboursements continuant d’excéder les nouveaux prêts.    

Conseil européen – Dans un communiqué, le Premier Ministre irlandais (Taoiseach), Leo Varadkar, s’est félicité de la décision du Conseil européen des 14 et 15 décembre dernier de juger que des « progrès suffisants » ont été réalisés lors de la « phase 1 » (conditions de séparation du R-U de l’UE) des négociations, permettant ainsi l’ouverture de la « phase 2 » (conditions de la transition et relation future). Le Taoiseach a notamment souligné que « [l’Irlande] a rempli tous les objectifs qu’elle s’était fixée lors de la phase 1 des négociations », en référence aux garanties concédées par le R-U sur la question nord irlandaise. Bien que la première phase des négociations se soit soldée par une victoire diplomatique majeure pour l’Irlande, la seconde demeure plus incertaine. Comme le Taoiseach l’a lui-même reconnu, préserver des liens commerciaux étroits avec le R-U reste la priorité de l’Irlande, dont l’économie dépend fortement de celle de son voisin britannique.

 

Evolution des indicateurs macroéconomiques

 

Tableau annuel

Tableau annuel

 

Tableau mensuel

Monthly table