La dernière édition du classement Doing Business voit l’Egypte perdre 6 places, au 128ème rang sur 190 (122ème rang dans l’édition précédente). On relèvera que l’Egypte qui se trouvait il y a un an devant la Cisjordanie et Gaza (140ème rang) est désormais derrière cette entité qui affiche la plus importante progression de la région passant au 114ème rang. Si la plupart des pays de la région ANMO subissent des variations (progression + 5 des EAU, de +7 du Koweït, +15 de la Jordanie, régression -5 d’Oman, – 11 de la Tunisie), l’Egypte est distancée par les principaux Etats de la région (21 : EAU, 66 : Bahreïn, 69 : Maroc, 71 : Oman, 83 : Qatar, 88 : Tunisie, 92 : KSA, 96 : Koweït, 103 : Jordanie). Ce score est particulièrement décevant après deux années consécutives de progression de la 131ème place en 2016 à la 122ème en 2017. Cela alors que l’Egypte affichait une forte ambition, voulant d’ici à 2020 passer à la 90ème place.

L’Egypte régresse sur neuf des onze critères retenus pour l’élaboration du classement.  Les plus forts reculs concernent : création d’entreprise (recul du 39 au 103ème rang), transfert de propriété (109 au 119ème rang), obtention de prêts (82 au 90ème rang), règlement de l’insolvabilité (109 au 115ème rang), facilité de faire des affaires (122 au 128ème rang). Suivent paiement des taxes et impôts, commerce transfrontalier, raccordement à l’électricité, et obtention d’un permis de construire où le recul est de une à deux places. Elle ne progresse que sur deux critères, au premier chef le renforcement de la protection des actionnaires minoritaires où l’Egypte passe de la 114ème à la 81ème place. Le principal grief fait à l’Egypte est l’alourdissement du coût des procédures d’enregistrement des propriétés, qui impacte négativement plusieurs critères. Sur trois critères : commerce transfrontalier, paiement des taxes et impôts et exécution des contrats, l’Egypte se classe à la 160ème place ou au-delà.

L’Egypte est d’autant plus déçue qu’elle estime avoir fait ces deux dernières années de grands efforts pour améliorer le climat des affaires. Mais ces réformes tardent à produire leur effet, et la réalité vécue par les entreprises est souvent différente du discours ouvert des autorités au plus haut niveau de l’Etat.

Ainsi, l’autorité centrale prévue pour la délivrance des licences industrielles tarde à être mise en place, tandis que la loi sur l’obtention des licences industrielles, qui raccourcit les délais pour l’obtention des licences et distingue le cas des industries sûres des industries à risque ne précise pas le critère de distinction de ces deux types d’activité. La loi sur les investissements, qui apporte des avantages et garanties aux investisseurs étrangers, a attendu six mois la publication des décrets d’application qui apportent des précisions sur plusieurs dispositions importantes de la loi.

Dans le domaine des échanges commerciaux, le décret imposant l’enregistrement des usines de fabrication des biens manufacturés importés est toujours en vigueur. Plus récemment, si la récente loi sur le registre des importateurs a permis d’ouvrir le capital des sociétés d’importation jusqu’à 49% aux étrangers, elle a surtout durci les conditions d’obtention des licences d’importations. Quant au comportement sur le terrain des autorités douanières et au remboursement des taxes aux sociétés exportatrices, ils restent le problème majeur dont se plaignent les entreprises opérant en Egypte. La numérisation des procédures douanières régulièrement évoquée par les autorités est toujours attendue.

D’une manière générale, l’insécurité juridique avec des réglementations très instables et les lourdeurs administratives, contre lesquelles les autorités cherchent à lutter, sont les principaux problèmes rencontrés par les entreprises. Il va falloir suivre ces prochains mois les évolutions dans la vie des entreprises liées aux récentes réformes.