Cet article est extrait du numéro 21 d'Horizon ASEAN, disponible en téléchargement à cette adresse.

Depuis début 2017, plusieurs actualités sont venues étayer l’idée que Singapour pourrait chercher à se positionner comme hub régional en matière de finance verte (marché obligataire en particulier). Une conférence sur la finance verte mi-novembre, organisée en collaboration avec la banque centrale et sous l’égide de la présidence allemande du G20, pourrait être l’occasion pour les autorités singapouriennes d’annoncer de nouvelles mesures en ce sens.

Depuis début 2017, différentes initiatives laissent imaginer que Singapour souhaite davantage se positionner comme un acteur significatif en matière de finance verte, en particulier en ASEAN

Jusqu’à cette année, le marché obligataire vert singapourien est resté très limité. Le développement de ce marché au niveau international en 2016 et la montée en puissance de la Chine en la matière ont probablement entrainé un changement de paradigme.

Le principal signal tient dans l’annonce par l’Autorité Monétaire de Singapour (MAS) d’un « Green Bond Grant Scheme », consistant au remboursement d’une partie des surcoûts liés à l’émission d’une obligation verte (certification externe). Ce dispositif, annoncé en mars et effectif depuis juin, est présenté par les autorités singapouriennes comme visant à amorcer le marché singapourien. Comme souvent, la puissance publique est dans une démarche prescriptrice et de promotion du centre financier. Le dispositif, original, a été bien accueilli mais a toutefois été critiqué par certains observateurs, comme n’étant pas assez incitatif pour les émetteurs n’envisageant pas déjà d’émettre une obligation verte.

Trois émissions d’obligation verte cotée à Singapour ont été largement commentées. En avril, le promoteur immobilier City Developments Limited a émis la première obligation verte d’une entreprise singapourienne (100 M SGD) avant qu’en juillet, la banque DBS ne devienne la première institution financière à émettre une obligation verte dans la cité-Etat (500 M USD), avec trois établissements français associés en qualité de teneurs de livre. En juillet, le premier producteur indépendant indien d'énergies renouvelables Greenko, dont le principal actionnaire est le fonds souverain singapourien GIC, a lancé la plus importante obligation verte asiatique à ce jour (1 Md USD). A titre de comparaison, le total des obligations vertes émises au niveau mondial s’élève à environ 94 Mds USD depuis début 2017, d’après la Climate Bonds Initiative.

Le séminaire « Singapore, Green Finance and the Collaborative Challenge » organisé en janvier, en présence de Simon Zadek, co-directeur de l’UNEP Inquiry pour un système financier mondial durable, a également rencontré un vif succès.

Ces actualités traduisent la volonté de Singapour de se positionner comme hub régional en matière de finance verte. Cette démarche serait également une opportunité pour les autorités de développer les marchés de capitaux domestiques, notamment un marché obligataire de taille limitée comparativement à d’autres pays de l’ASEAN.

Une vaste consultation de place est en cours laissant présager de nouvelles annonces des autorités

Le think tank singapourien Singapore Institute of International Affairs travaille actuellement à la rédaction d’un rapport visant à établir des recommandations pour favoriser l’essor de Singapour comme hub régional en matière de finance verte. L’originalité de la démarche – intitulée « Collaborative initiative for green finance in Singapore » – tient à son caractère collaboratif : après un évènement de lancement courant juillet, trois ateliers thématiques ont été organisés durant le mois d’août, réunissant l’ensemble des parties prenantes volontaires de la place singapourienne (banques, gestionnaires d’actifs, fonds souverains, assureurs, consultants, agences de notation, émetteurs…).

Ce travail pourrait aboutir à des annonces prochaines de la part des autorités singapouriennes. En effet, cette démarche est soutenue par la MAS, comme en atteste la présence de Leong Sing Chiong (Assistant directeur général en charge du Développement et de l’international) lors de l’évènement de lancement. Si elles ne sont pas liées aux propositions qui seront faites dans le rapport du think tank, la MAS et, plus largement, les autorités singapouriennes pourraient s’en inspirer. Un élément de calendrier tend à confirmer cette hypothèse : la sortie du rapport du think tank est prévue le 13 novembre, soit deux jours avant une conférence intitulée « Making markets work for Green Finance » organisée par deux associations de marché en collaboration avec la MAS et l’UNEP Inquiry. Cet évènement se tiendra d’ailleurs sous l’égide de la Présidence allemande du G20. L’intervention du Ministre pour le développement national et second Ministre des finances est d’ailleurs prévue en ouverture de cet évènement ; or le « Green Bond Grant Scheme » mentionné ci-dessus avait été annoncé par ce même ministre lors d’une conférence organisée pour les 20 ans l’Association des gérants d’actifs de Singapour.

 

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