XI Jinping a présenté lors du XIXème Congrès du Parti communiste chinois (PCC) un nouveau modèle de développement pour la Chine. Au plan économique, il clarifie un certain nombre d’évolutions déjà engagées sous son premier mandat. Le rôle de l’Etat dans l’économie apparait renforcé, notamment au travers d’entreprises publiques « plus fortes, plus efficaces et plus grandes ». Par rapport au Rapport de travail présenté il y a cinq ans par HU Jintao, il remet en avant l’industrie et les infrastructures. Le rôle du marché, même si son « rôle décisif » dans l’allocation des ressources est mentionné, n’est plus la première des réformes économiques évoquées.

Le « nouveau modèle de développement » semble articuler ainsi une politique volontariste de montée en gamme de l’industrie par l’innovation, des standards sociaux et environnementaux plus élevés, ainsi que des libéralisations partielles et ciblées sur les services, le commerce et les accès au marché pour les investisseurs étrangers.

Une « économie socialiste moderne » se structurerait concrètement autour de très grandes entreprises d’Etat dans les secteurs stratégiques, de grandes entreprises à capitaux mixtes et privés, bénéficiant notamment de politiques industrielles très volontaristes, et d’un tissu de petites et moyennes entreprises privées, portées par des incitations à l’entreprenariat.

L’économie serait en outre, ouverte - de manière ordonnée - afin d’accompagner la montée en gamme, démarche de « bringing in » visant la concurrence et le progrès technologique. L’ouverture du compte de capital et l’internationalisation du RMB, non mentionnées par XI, devraient faire l’objet d’une approche plus lente. Plutôt que sur des mesures fortes de libéralisation, elles semblent s’inscrire dans la politique des Nouvelles routes de la soie. La libéralisation plus avant du taux de change est toujours évoquée.

Enfin, XI Jinping fait de l’amélioration qualitative du contenu de la croissance un objectif central, se déclinant notamment en termes de productivité, de respect de l’environnement et de lutte contre la pauvreté. Contrairement à ces prédécesseurs, Xi Jinping n’évoque pas directement un objectif de croissance chiffré. Selon le FMI, le rôle central jusqu’ici de l’objectif de croissance dans la conduite de la politique économique chinoise explique de nombreuses distorsions et inefficacités de l’économie chinoise.

La mise en œuvre de ces orientations ambitieuses promet d’être complexe. L’ouverture, notamment en matière de non-discrimination dans l’accès aux politiques publiques et d’investissements étrangers, a déjà été annoncée ces dernières années mais peine à être suivie d’effet. Dans un contexte d’inégalités importantes et de faible progressivité de l’impôt, la hausse des standards sociaux apparait difficile sans une réforme fiscale que le président n’a presque pas abordée. L’amélioration de la productivité, l’ouverture et l’attractivité recherchées sont-elles compatibles avec le renforcement du rôle du politique et de l’Etat ? Enfin, après 40 ans de croissance très dynamique, l’acceptation d’un rythme de croissance durablement plus faible par la société et les autorités chinoises reste à démontrer.

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Le Président de la République populaire de Chine, M. XI Jinping, a annoncé l’entrée de la Chine dans « une nouvelle ère ». Au plan économique, il a engagé une réorientation d’un objectif quantitatif de croissance vers des objectifs plus qualitatifs de développement, portés sur les questions sociales, l’environnement et l’innovation. Cette réorientation générale de la finalité du modèle de développement, apparait s’accompagner d’une mise avant du rôle d’un Etat stratège réaffirmé afin d’impulser et de surveiller la modernisation de l’économie. Par ailleurs, comme l’indique M. WANG Qishan  dans le document officiel d’explication du Congrès, l’Etat chinois ne doit pas être dissocié du Parti communiste : la constitution du PCC rappelle dorénavant que « le Parti dirige tout ». Un renforcement du rôle de l’Etat et du Parti sur l’économie et la société pourrait paraître conflictuel avec les objectifs d’innovation et d’attractivité mis en avant par XI Jinping. A l’inverse, certains pourront voir dans la centralisation croissante du pouvoir une chance pour la mise en œuvre des réformes, jusqu’ici souvent freinée au niveau des dirigeants locaux. Pour ce qui est des ambitions d’ouverture, conformes aux annonces précédentes, notamment à Davos, les paroles sont positives. Il s’agit maintenant d’en observer la mise en œuvre concrète.