Environ 43% des plus des 200 millions d’habitants sont privés d’électricité au Nigéria où l’approvisionnement électrique est irrégulier et, à son pic, ne répond qu’à 15% des quelque 28 000 MW de besoins quotidiens. Le gouvernement s’est fixé d’ici 2030 trois objectifs : assurer l’accès à l’électricité pour l’ensemble de la population, faire passer la part des énergies renouvelables à 30% et augmenter la capacité de production à 30 000 MW.

Une décennie après la réforme du secteur, la capacité énergétique reste toujours insuffisante face à une demande croissante.

Bien que la puissance totale installée au Nigéria, de près de 13 000 MW, représente plus de la moitié de celle de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, la capacité électrique réellement disponible sur le réseau s’élève à environ 5 500 MW pour une demande cinq fois supérieure. Cet écart s’explique par les limitations en matière de capacité de transport et de distribution, l’obsolescence et le manque de maintenance des infrastructures de production, mais aussi le goulot d’étranglement que représente l’approvisionnement en gaz. Le réseau électrique national, long de 20 000 km, est approvisionné par des centrales au gaz (85 %) et des centrales hydroélectriques (15 %), l’énergie solaire comptant pour moins de 1 % du mix énergétique. Les pertes globales du système électrique sont très élevées, estimées à plus de 40% de la production électrique, parmi lesquelles 26% seraient dues à l’état des infrastructures de distribution. D’après la Banque mondiale, le manque de fiabilité du réseau électrique coûterait 29 Mds USD chaque année aux entreprises nigérianes ce qui équivaut à plus de 5% du PIB. L’accès à une source d’énergie stable reste toujours la principale contrainte citée par les entreprises nigérianes (World Bank Enterprise Survey). D’après le rapport Doing Business, le Nigéria se classe 171ème sur 190 pays au monde dans l’accès à l’électricité.

Environ 43% de la population n’a pas accès à l’électricité, soit 85 millions d’habitants. Le Nigéria compterait ainsi le plus grand nombre de personnes sans accès à l’électricité au monde. Une personne sur dix au monde sans accès à l’électricité résiderait au Nigéria. Parmi ceux ayant accès au réseau, la moitié subirait des coupures pour près de 40% du temps et 78% auraient accès à l’électricité pendant moins de 12 heures. Les coupures quotidiennes à Lagos et Abuja sont d’une durée moyenne de 6 à 8 heures. En conséquence, les délestages récurrents obligent une large partie de la population et la quasi-totalité des entreprises à se doter de moyens d’autoproduction, essentiellement des groupes électrogènes coûteux et polluants. Chaque année, entre 14 et 30 Mds USD sont dépensés dans des sources d’électricité indépendantes du réseau central. Selon certaines sources, la capacité installée dans le pays en générateurs diesels autonomes serait de 15 à 20 GW (fourchette basse) et de 2 GW d’origine renouvelable (hors hydraulique). 40 % des ménages utilisent un générateur.

Initiée en 2010 par le gouvernement fédéral, une importante réforme du secteur a conduit au démantèlement de l’opérateur historique (NEPA), à la privatisation des actifs de production et de distribution, à la réhabilitation de certaines centrales existantes et à la signature de contrats d’achats d’électricité auprès de nouveaux producteurs d’électricité indépendants (Independant Power Producers – IPPs), sans privatiser le transport. Aujourd’hui, le secteur comprend six sociétés de production (Generation Companies – GENCOs), des IPPs, onze sociétés de distributions (Distribution Companies – DISCOs) et une société publique de transport, Transmission Company of Nigeria (TCN). La société Nigeria Bulk Energy Trader (NBET) a pour sa part été créée en 2011 afin de faire le lien entre les sociétés de production et les sociétés de distribution, et de gérer les contrats de vente et d’achat d’électricité en attendant la mise en place d’un marché de gros. Une commission indépendante de régulation, la Nigerian Electricity Regulatory Commission (NERC), a également été créée et est notamment en charge de la régulation des tarifs.

Des objectifs ambitieux à l’horizon 2030, en partie portés par Siemens.

Le gouvernement s’est fixé d’ici 2030 trois objectifs : assurer l’accès à l’électricité pour l’ensemble de la population, faire passer la part des énergies renouvelables à 30% et accroître la capacité de production à 30 000 MW, au travers d’un partenariat structurant avec Siemens. Le gouvernement nigérian a en effet signé en août 2018 avec Siemens un protocole d’accord pour la modernisation du réseau électrique visant à porter la production électrique disponible du pays de 5 000 à 25 000 MW d’ici 2025, en trois étapes. La première vise à atteindre une capacité électrique opérationnelle de 7 000 MW à la fin 2021.

Par ailleurs, le gouvernement fédéral en partenariat avec la Banque mondiale a mis en place en mars 2017 un Power Sector Recovery Programme (PSRP), présentant des mesures à prendre dans les cinq prochaines années notamment dans les domaines financiers, opérationnels et techniques, et de gouvernance. A ce stade, les autorités progressent en matière d'épurements des arriérés des sociétés de distribution et la Banque mondiale a accepté l’octroi d’un financement de 3 Mds USD en octobre 2019, divisé en quatre tranches de prêts de 750 M USD chacun, dont la dernière a été débloquée en juin 2020. En février 2021 un nouveau prêt de 500 MUSD a été accordé avec pour but de soutenir les DISCOs et améliorer la distribution d’électricité. En août 2019, le Sénat s’est prononcé en faveur de la recapitalisation des DISCOs en conseillant à l’Etat de céder 40% des parts qu’il détient dans ces entités à des investisseurs privés afin d’améliorer l’expertise dans ce segment et le montant des investissements. Le gouvernement a également mené en 2020 une réforme des tarifs afin d’assurer la viabilité financière du secteur tout en offrant plus de transparence. Comme demandé par les bailleurs internationaux, il a été ainsi décidé de mettre fin aux subventions du prix de l’électricité dont le coût atteignait 120 MUSD par an pour l’Etat. Le budget pour 2021 ne comprend en effet, pour la première fois, aucune dépense destinée à subventionner les prix de l’électricité. Dans le nouveau système de tarification, les clients payent en fonction de la qualité du service rendu et de la durée d’accès à l’électricité par jour. Les tarifs, compris entre 30 et 64 NGN par kWh (soit 0,07 et 0,16 USD), ont été revus à la hausse cinq fois depuis 2015, la dernière augmentation en date ayant eu lieu en janvier 2021. L’Assemblée nationale a toutefois demandé à la NERC de suspendre une nouvelle révision à la hausse qui était prévue pour juin 2021.

La présence française dans le secteur se densifie notamment dans la filière des énergies renouvelables. L’AFD dispose d’une forte visibilité parmi les bailleurs dans ce secteur.

Avec la National Renewable Energy and Energy Efficiency Policy, le Nigéria souhaite augmenter sa génération d’électricité en s’appuyant sur les énergies renouvelables, en particulier par la génération hors-réseau (off-grid) à hauteur de 12 500 MW d’ici 2030. Des entreprises françaises sont présentes dans les énergies solaire, éolienne et hydraulique.

Par ailleurs, l’Agence française de développement a développé une réelle expertise dans le secteur de l’électricité au Nigéria, aujourd’hui reconnue par les autorités locales et ses partenaires. En conformité avec les Accords de Paris, la dimension changement climatique est abordée dans tous les projets financés par l’AFD au Nigéria. Cinq projets sont en cours, répartis sur deux thématiques principales et parfois en cofinancement avec la Banque Mondiale : le soutien aux réseaux de transport-distribution (financement total de plus de 170 M USD) et à la modernisation de l’offre de formations aux métiers de l’électricité (financement total de plus de 40 M USD). Le projet de boucle nord-ouest en cours de mise en œuvre vise par exemple à construire 6 lignes de transport d’électricité afin d’accroître la capacité du réseau vers la capitale fédérale Abuja. Autre exemple, l’AFD soutient la modernisation de l’offre de formations offert par l’Institut national de formation aux métiers de l’électricité (NAPTIN), l’opérateur public créé en 2009 au niveau fédéral.