Indicateurs et conjoncture

  2019 2020 2021 2022 2023 2024 (prév.)
PIB nominal (milliards USD) 62,2 53,7 60,8 70,2 77,2 82,5
Population (millions) 3,5 3,5 3,5 3,5 3,6 3,6
PIB par habitant (USD) 17.686 15.199 17.150 19.737 21.657 23.053
Croissance du PIB réel (%) 0,9 -7,4 5,6 4,7 0,4 3,2
Inflation (fin de période, %) 8,8 9,4 8 8,3 5,1 5,4
Chômage (moy. annuelle, %) 8,9 10,4 9,4 7,9 8,3 8,4
Solde budgétaire (% du PIB) -2,7 -4,7 -2,6 -2,5 -3,1 -3
Dette publique (% du PIB) 59,6 68,1 64,1 60,3 64,5 64,7
Solde courant (% du PIB) 1,2 -0,7 -2,5 -3,9 -3,8 -2,7
Dette extérieure (% du PIB) 74,1 87,7 79,7 76 67,2 69,4
Perception de la corruption (rang du classement Transparency International) 21 21 18 14 16 /
Sources : FMI, INE, Banque centrale, Transparency International.

La croissance repart à la hausse en 2024 et l'inflation reste contrôlée

L’activité économique de l’Uruguay s’était affaiblie en 2023, enregistrant une croissance du PIB de 0,4 %, en raison d’une sécheresse historique, du ralentissement de la croissance mondiale (notamment des principaux partenaires commerciaux : Brésil, Argentine), de l’orientation à la baisse du cours des matières premières agricoles et d’un cycle de resserrement monétaire agressif. Les secteurs clés de l’économie uruguayenne (élevage, agriculture, sylviculture) ont fortement pâti de la sécheresse et du stress hydrique qui en découlait.

En 2024, l’activité économique se redresse et devrait croître de 3,2 %, d’après le FMI, soutenue par la normalisation des conditions climatiques qui permet de meilleures récoltes, l'augmentation de la production de cellulose, l'assouplissement des conditions financières et le redressement de la consommation privée, à mesure que les salaires réels s’améliorent et que le différentiel de prix avec l'Argentine se normalise. Ainsi, l’indicateur mensuel d’activité économique affichait une croissance de 3,6 % en g.a en septembre. L’évolution positive de l’activité est imputable à un effet de base lié aux bonnes performances du secteur agricole en raison de la dissipation des effets de la sécheresse, et du secteur de l’électricité, du gaz et de l’eau grâce à la hausse de la production d’énergie renouvelable, en particulier l’hydroélectricité. Du côté de la demande, la consommation des ménages se redresse dans le sillage du ralentissement de l’inflation et de la réduction de l’écart des prix avec l’Argentine, qui détournait une partie de la consommation. Dans le sillage de cette reprise économique, le marché du travail s’est amélioré : le taux de chômage a atteint 7,3 % en octobre, son plus bas niveau depuis 2021, et après 8,1 % en septembre.

Sur l’évolution des prix, l’inflation, structurellement élevée dans ce pays (8,1 %/an en moyenne sur les 15 dernières années), baisse, atteignant 5,0 % en novembre, après un pic de 9,9 % en 2022. Ce processus de désinflation a été soutenue par un resserrement monétaire précoce, la normalisation des prix des matières premières qui avaient fortement augmenté dans le sillage du conflit russo-ukrainien, et l’appréciation du peso uruguayen sur la période 2022-2023. La Banque centrale (BCDU) a depuis lors assoupli sa politique monétaire. L’inflation rentre dans la fourchette cible de la BCDU de 3 % - 6 %. A la fin de l’année, l’inflation devrait rester autour des 5,0 % selon l’enquête de marché de la BCDU.

 

Les finances publiques restent sous contrôle

Le gouvernement uruguayen a introduit en 2020 une règle budgétaire qui fixe un objectif de solde primaire, plafonne les dépenses et l’endettement de l’Etat. Cette règle a été respectée depuis son introduction et même en 2023 malgré la sécheresse par le biais de l’activation d’une clause sur l’endettement et le déficit. Cette règle assure une crédibilité dans la politique budgétaire et permet de stabiliser la dette publique. Le déficit budgétaire s’est nettement réduit depuis la sortie de la crise sanitaire et atteint 3,1 % du PIB en 2023. Il devrait continuer à se résorber en 2024 (-2,9 % du PIB selon le FMI) et 2025 (-2,6 %) soutenu par une hausse des recettes fiscales et devrait continuer à se conformer à la règle budgétaire.

La dette publique est soutenable selon le FMI. Elle est en baisse depuis la crise sanitaire de 2020, passant de 68,1 % du PIB à 64,5 % en 2023. Elle devrait se maintenir à ce niveau en 2024 et 2025. Le risque de défaut souverain est très limité. Bien que la moitié de la dette publique soit libellée en devises, l’Uruguay bénéficie de réserves de change relativement confortables (9 mois d’importations) qui permettent d’amortir d’éventuels chocs externes, d'une maturité de la dette majoritairement de long terme. Le pays parvient à se financer sur les marchés internationaux à des conditions favorables : l’Uruguay est noté dans la catégorie « investment grade » et a connu des améliorations de sa notation en 2023 et 2024 par les trois principales agences de notations Moody’s, Fitch et S&P. De plus, le pays aspire à réduire son exposition aux chocs externes en réduisant son endettement en devise par le biais d’émission d’obligations en monnaie locale.

 

Malgré une amélioration des comptes extérieurs, ceux-ci sont exposés aux chocs externes

Le déficit du compte courant s’est légèrement résorbé en 2023 pour atteindre 3,6 % du PIB. Le déficit courant devrait continuer à se réduire en 2024 (-2,7 %) et en 2025 (-2,8 %) en raison de conditions climatiques plus favorables qui devraient stimuler la production et les exportations agricoles. Les comptes extérieurs de l’Uruguay sont largement dépendant de chocs exogènes, notamment des cours des matières premières agricoles, des conditions climatiques et de la situation économique des principaux partenaires commerciaux (Chine, Brésil, Argentine).

La position extérieure nette de l’Uruguay est débitrice mais le passif est constitué d’investissements stables. La liquidité extérieure est satisfaisante avec un niveau de réserves de change confortables (19 Mds USD fin septembre 2024, 9 mois d’importations, au-dessus du seuil de 5 mois préconisé par le FMI). Le déficit courant est largement financé par les IDE, compensant la baisse des investissements de portefeuille. La dette externe est en baisse, elle atteint 67,2 % du PIB en 2023, après 88 % en 2020, et près de la moitié est détenu par le secteur public.

 

Le candidat de l'opposition de gauche, Y.Orsi remporte l’élection présidentielle

Le candidat de l'opposition de gauche du parti Frente Amplio en Uruguay, Yamandú Orsi, a été élu président à l'issue du second tour dimanche, évinçant la coalition conservatrice au pouvoir, avec 49,8 % des voix, contre 45,9 % pour A. Delgado. Avec un taux de participation de 90% dans ce pays où le vote est obligatoire, ce résultat est sans appel après des semaines où les deux adversaires semblaient à égalité dans les sondages. Plutôt modéré sur le plan économique le futur président n’a pas manifesté d’intention de procéder à des changements radicaux. Bien qu’il ait promis de diriger une « nouvelle gauche », son programme rassemble des politiques pro-business et le renforcement d'aides sociales mises en place par le président J. Mujica et d'autres dirigeants du Frente Amplio. Il propose des incitations fiscales pour attirer les investisseurs et revitaliser le secteur agricole, ainsi que des réformes afin d’abaisser l'âge de la retraite qui avait été poussé à 65 ans en 2023.

 

 
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