URUGUAY
Indicateurs et conjoncture
2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 (prév.) | |
PIB nominal (milliards USD) | 53,6 | 60,7 | 70,6 | 78,0 | 81,0 | 79,7 |
Population (millions) | 3,5 | 3,5 | 3,5 | 3,5 | 3,5 | 3,5 |
PIB par habitant (USD) | 15 400 | 17 430 | 20 216 | 22 288 | 23 089 | 22 693 |
Croissance du PIB réel (%) | -7,4 | 5,8 | 4,5 | 0,7 | 3,1 | 2,8 |
Inflation (fin de période, %) | 9,4 | 8,0 | 8,3 | 5,1 | 5,5 | 5,6 |
Chômage (moy. annuelle, %) | 10,4 | 9,4 | 7,9 | 8,3 | 8,2 | 8,0 |
Solde budgétaire (% du PIB) | -4,7 | -2,6 | -2,5 | -3,1 | -3,2 | -2,9 |
Dette publique (% du PIB) | 68,2 | 64,1 | 59,9 | 64,0 | 68,7 | 68,5 |
Solde courant (% du PIB) | -0,6 | -2,4 | -3,8 | -3,4 | -1,0 | -1,5 |
Dette extérieure (% du PIB) | 87,7 | 79,7 | 76,0 | 67,2 | 69,4 | 68,4 |
Perception de la corruption (rang du classement Transparency International) | 21 | 18 | 14 | 16 | 13 | / |
Sources : FMI, INE, Banque centrale, Transparency International. |
Avec 3,5 M d’habitants, l’Uruguay se positionne comme 2ème pays avec le revenu par habitant le plus élevé d’Amérique du Sud en 2024 (ajusté en parité de pouvoir d’achat, données FMI), derrière le Guyana et devant le Chili et l’Argentine. Au-delà de son revenu par habitant élevé, l’Uruguay fait partie des rares pays de la région à se classer dans la catégorie « très haut niveau de développement humain » de l’ONU, avec un IDH de 0,862 en 2023.
L’économie uruguayenne est tournée vers le secteur agricole (viande bovine, céréales, soja), et est en voie de diversification, avec notamment un fort potentiel de croissance pour les exportations de cellulose et les services financiers. De plus, l’Uruguay a un niveau d’ouverture commerciale relativement élevé par rapport aux autres pays de la zone, de 57 % du PIB en 2024, en raison de la taille réduite de son économie et des barrières tarifaires plus faibles que ses voisins (Argentine, Brésil). Le niveau de pauvreté est également plus faible que la moyenne régionale, tout comme le niveau d’inégalité (bien qu’il soit élevé au niveau international). L’Uruguay est toutefois exposé à l’instabilité économique chronique de son voisin argentin et aux sécheresses régulières.
La croissance est repartie à la hausse en 2024 et devrait se maintenir à un niveau élevé en 2025
Après avoir nettement ralenti en 2023, la croissance a affiché un solide rebond en 2024. La faible progression de l’activité en 2023 (+0,7%) est notamment attribuable à une sécheresse historique qui avait touché les secteurs clefs de l’économie. En 2024, l’activité a rebondi pour croître de 3,1%, largement portée par un effet de base suite à la normalisation des conditions climatiques et par l’assouplissement monétaire mené par la BCU (-300 pb entre avril 2023 et avril 2024). Côté demande, le principal contributeur à la croissance a été le commerce extérieur porté par le double effet hausse des exportations (+8,3%) et baisse des importations (-1,5%), suivi par la consommation des ménages (+1,7%). L’investissement a toutefois nettement reculé : -7,1%.
Le rebond de l’activité devrait se maintenir en 2025. Au T1, la croissance a atteint +3,4% en g.a, portée par l’ensemble des composantes de la demande. L’investissement a notamment augmenté de 11,9%, et les exportations de 4,2%, portées par une hausse spectaculaire des arrivées de touristes argentins, stimulée par un taux de change favorable. Côté offre, l’activité a notamment été soutenue par l’industrie manufacturière (+17,6%), qui a bénéficié de la réouverture de la raffinerie de pétrole Ancap (qui était fermée pour maintenance à la même période en 2024). Sur l’année 2025, l’activité progresserait de +2,8% selon les prévisions du FMI.
Les finances publiques apparaissent maitrisées, et l’inflation devrait rester contenue en 2025
Le déficit budgétaire et la dette publique sont restés relativement modestes en 2024. Le déficit budgétaire est resté globalement stable, atteignant 3,2% du PIB selon la mesure du FMI (après 3,1% en 2023). Les dépenses et recettes budgétaires sont restées stables en part du PIB, à environ 30% et 27% respectivement. Une réforme des retraites a été approuvée en 2023, qui couplée au cadre budgétaire instauré en 2020, devrait améliorer les perspectives budgétaires à moyen-terme. La dette publique reste également soutenable, bien qu’en légère hausse en 2024 pour atteindre 69% du PIB (après 64% en 2023), sous l’effet de la dépréciation du Peso en 2024 (environ -10%), la moitié de la dette publique étant libellée en devise étrangère. La crédibilité de la politique budgétaire uruguayenne se matérialise par des conditions d’emprunt favorables, avec les taux d’intérêt souverains les plus faibles d’Amérique latine (indice EMBI à 86 pb en juillet 2025) et une notation souveraine « investment grade » par les principales agences de notation.
La Banque centrale d’Uruguay (BCU) a abaissé son taux directeur en juillet 2025 compte tenu du tassement des pressions inflationnistes. L’inflation était repartie à la hausse à partir de mi 2024, atteignant 5,7 % en mars 2025 (mais contenue dans la fourchette cible de la BCU : 4,5% +/- 1,5pp), conduisant la Banque Centrale à reprendre un cycle de resserrement monétaire, avec 3 hausses de taux entre décembre 2024 et avril 2025. Toutefois, en juin 2025, l’inflation a reculé pour un 3ème mois consécutif en s’établissant à 4,6% en g.a, tirée notamment par une nette appréciation du Peso face à l’USD sur les premiers mois de 2025 (environ 8% entre janvier et juillet), conduisant la BCU a abaissé son taux directeur de 25 pb en juillet pour atteindre 9,0%. Sur l’année 2025, le FMI estime que l’inflation atteindrait 5,5% (contre 5,0% selon le consensus de marché).
Les comptes extérieurs se sont améliorés en 2024, mais demeurent vulnérables aux chocs externes
Le déficit du compte courant a largement diminué en 2024. En effet, alors qu’il s’était déjà contracté en 2023 pour atteindre 3,4% du PIB, il a de nouveau reculé en 2024 pour atteindre 1,0%. Cette baisse du déficit courant en 2024 est essentiellement attribuable à la hausse de l’excédent commercial : +1,5 Md USD par rapport à 2023. La hausse de l’excédent commercial a été tirée à la fois par une hausse des volumes exportés (+8,3%) grâce aux meilleures récoltes de soja via la normalisation des conditions climatiques et à la hausse de la production de cellulose, et d’une baisse des importations (-1,5%). Les comptes extérieurs de l’Uruguay restent toutefois largement dépendant de chocs exogènes, en particulier des cours des matières premières agricoles, des conditions climatiques et de la situation économique des principaux partenaires commerciaux (Chine, Brésil, Argentine).
Les réserves de changes continuent de s’établir à un niveau satisfaisant. En 2024, les réserves de changes (brutes) ont atteint 16,4 Md USD (+200 M USD par rapport à 2023). Cela représente 9,9 mois d’importations de biens et services, soit un niveau largement supérieur au seuil d’alerte du FMI (3 mois).