Indicateurs et conjoncture

  2018 2019 2020 2021 2022 2023
(prév.)
PIB nominal (milliards USD) 64,5 61,2 53,6 59,3 71,9 77,3
Population (millions) 3,5 3,5 3,5 3,5 3,6 3,6
PIB par habitant (USD) 18.408 17.404 15.168 16.742 20.221 21.677
Croissance du PIB réel (%) 0,5 0,4 -6,1 4,4 4,9 2,0
Inflation (fin de période, %) 8,0 8,8 9,4 8,0 8,3 7,0
Chômage (moy. annuelle, %) 8,4 8,9 10,4 9,4 7,9 8,2
Solde budgétaire (% du PIB) -1,9 -2,8 -4,7 -3,0 -2,7 -3,0
Dette publique (% du PIB) 58,6 60,6 68,2 63,4 59,3 61,6
Solde courant (% du PIB) -0,5 1,5 -0,9 -2,5 -3,2 -3,2
Dette extérieure (% du PIB) 67,1 74,1 88,0 79,4 78,0 79,1
Perception de la corruption (rang du classement Transparency International) 23 21 21 18 14 /
Sources : FMI, INE, Banque centrale, Transparency International.
La croissance devrait baisser en 2023, mais repartir à la hausse en 2024

La reprise post-crise sanitaire a été vigoureuse, avec une croissance de 5,3 % en 2021 et de 4,9 % en 2022. Toutes les composantes de la demande y ont contribué : importante consommation publique et privée, investissement (usine de cellulose de l’entreprise finlandaise UPM, chemin de fer Ferrocarril Central), reprise du tourisme et exportations (soja, viande bovine). En parallèle, malgré le rebond du marché du travail (+40 000 emplois en 2022), le taux de chômage reste relativement élevé (environ 8,0 %). Néanmoins, la reprise s’essoufflerait en 2023 sur fond d’un ralentissement de la croissance mondiale (notamment des principaux partenaires commerciaux : Brésil, Argentine), une réorientation à la baisse du cours des matières premières agricoles, un cycle de resserrement monétaire plus agressif et des conditions de financement international plus difficiles. Le FMI table sur une croissance de 2,0 % pour 2023. Pour 2024, l’activité économique devrait se redresser et croître de 3,0 %, d’après le FMI, soutenue par la fin de la sécheresse qui devrait permettre de meilleures récoltes.

En outre, les secteurs clés de l’économie uruguayenne (élevage, agriculture, sylviculture) ont fortement pâti de la sécheresse et du stress hydrique causée par le phénomène climatique La Niña. Le ministère de l’agriculture estime à 1,8 Mds USD les pertes liées à la sécheresse et pourraient atteindre 2,0 Mds USD, soit 1,9 % du PIB, dont -490 MUSD pour l’agriculture (-1,1 million de tonnes de produits agricoles), -440 MUSD pour l’élevage et -100 MUSD pour le secteur laitier. En réponse, le gouvernement a déclaré un état d’urgence agricole en octobre 2022 qui s’est prolongé jusqu’à septembre 2023. En parallèle, plusieurs mesures, dont le coût estimé est d’environ 37 MUSD, ont été mises en place pour soutenir les producteurs : fonds d’urgence pour l’agriculture (27 MUSD), système de garanties publiques ou encore la réduction de la facture d’électricité. 

Assouplissement monétaire et discipline budgétaire  

L’inflation ralentirait en 2023, grâce à la baisse des prix des produits de base, l’appréciation du peso uruguayen face au dollar américain et une politique monétaire restrictive. Face aux pressions inflationnistes post-Covid (pic de 9,9% en septembre 2022), le resserrement monétaire initié en décembre 2021 par la BCDU avait fait passer le taux directeur de 5,75 % à 11,5 % en décembre 2022 et a permis de contenir l’inflation en maintenant un taux d’intérêt réel positif. L’inflation a depuis ralenti sous l’effet de facteurs baissiers, notamment de l’appréciation du peso uruguayen et de la baisse des cours des matières premières. En août 2023, l’inflation est ainsi descendue à 4,1 % en glissement annuel, permettant à la BCDU de lancer son cycle de réduction du taux en avril 2023 en l’abaissant à 10,0 %. Sur l’année, l’inflation devrait atteindre un niveau inférieur à 2022 (5,4 % selon le consensus de marché d’août 2023 contre 8,3 % en 2022, 7,0 % en 2023 selon le FMI,) mais resterait néanmoins supérieure au cœur de cible de la Banque centrale (BCDU, qui vise une fourchette comprise entre 3 % et 6 %). L’inflation devrait se situer au-dessus de la fourchette cible en 2024, avec une prévision de 6,5 % selon consensus de marché (5,7 % selon le FMI), proche du niveau pré crise sanitaire. La situation demeure cependant relativement incertaine, compte tenu de la forte volatilité du cours des matières premières depuis le début de la guerre en Ukraine.

Concernant la politique budgétaire, l’administration Lacalle Pou s’est engagée à respecter, pour la troisième année consécutive, la règle d’or budgétaire (plafond sur le solde primaire structurel, les dépenses publiques et l’endettement net) afin de restaurer les finances publiques. Après s’être creusé à -5,8 % du PIB en 2020, le déficit budgétaire, hors « cincuentones »[i], de l’Uruguay s’est nettement amélioré en 2021 et 2022 (respectivement à -2,9 % et -2,7 % du PIB). Ce résultat est notamment favorisé par la reprise de l’activité économique, la suppression progressive des mesures de soutien à l’économie durant la crise sanitaire, et la mise en place de mesures d’assainissement budgétaire par le gouvernement. En 2023, le déficit budgétaire devrait légèrement augmenter et atteindre 3,2 % selon le gouvernement, compte tenu de la hausse des dépenses (salaires, retraites, sécheresse) et de l’adoption de mesures de soutien aux ménages et aux entreprises[ii] (0,2% du PIB découlant de la baisse d’impôts) avant de se contracter et atteindre -2,8 % en 2024

La dette publique présente un risque limité, et, rapportée au PIB, est en contraction depuis la fin de la crise sanitaire. Après avoir atteint un pic de 68,1 % du PIB en 2020, la dette publique s’est contractée à 59,3 % du PIB en 2022, en dessous de son niveau pré pandémique. Elle devrait remonter en 2023 (61,6 % selon le FMI) en raison de l’impact de la sécheresse sur les finances publiques et la croissance. Le risque souverain est limité par une structure de la dette publique présentant un risque faible. En effet, malgré une part de la dette en devises relativement élevée (environ la moitié de la dette publique), l’Uruguay bénéficie de réserves de change confortables (9 mois d’importations) qui permettent d’amortir d’éventuels chocs externes, notamment sur le taux de change, ainsi qu’une maturité longue. Le pays parvient à se financer sur les marchés internationaux à des conditions favorables, étant noté en catégorie « investissement » par les agences de notation. 

 

[i] A l’issue de la réforme sur les retraites de 2017, les cincuentones correspondent aux travailleurs de plus de 50 ans qui pouvaient choisir entre rejoindre un système de retraite mixte (redistribution et répartition) ou dépendre uniquement du système public.

 

[ii] Réductions de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, de l’impôt des assistants de sécurité sociale (IASS) et de l’impôt pour les micros et petites entreprises.

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